Vous est-il déjà arrivé de regarder votre compte en banque début janvier et de vous demander où était passé tout l’argent de décembre ? Moi oui. Et cette année, je crois que je ne serai pas le seul.
Les chiffres qui tombent en cette mi-décembre 2025 sont assez vertigineux : près d’un Français sur deux envisage sérieusement de finir les fêtes avec un solde négatif. Pas parce qu’il a acheté une voiture ou rénové sa cuisine, non. Juste pour pouvoir mettre des cadeaux sous le sapin et remplir les assiettes du réveillon.
Noël, cette fête qui nous met à nu financièrement
Il y a quelque chose de profondément paradoxal dans cette période. On nous vend du rêve, des lumières, des rires d’enfants, des tables qui débordent… et en coulisses, des millions de foyers serrent les dents en espérant que la carte bleue accepte encore un dernier paiement en 4 fois.
Ce n’est pas nouveau, me direz-vous. Sauf que cette année, le phénomène prend une ampleur qu’on n’avait plus vue depuis longtemps. Les études récentes sont formelles : le budget moyen prévu pour Noël est au plus bas depuis presque dix ans. Et pourtant, la part de ceux qui prévoient de s’endetter grimpe en flèche.
Les chiffres qui font mal
Alors concrètement, ça donne quoi ?
- Près de 41 % des Français estiment que l’argent sur leur compte courant ne suffira pas à couvrir les dépenses de fin d’année.
- Parmi eux, 44 % vont piocher dans leur épargne (quand il y en a une…).
- 44 % également vont opter pour le paiement en plusieurs fois « sans frais » (attention aux petites lignes).
- Et 14 % accepteront tout simplement le découvert bancaire, parfois avec des agios à deux chiffres.
Quand on additionne tout ça, on arrive facilement à cette statistique choc : près de 40 % des Français vont finir 2025 avec des dettes liées à Noël. Pas à un mariage, pas à des vacances, pas à un imprévu médical. À Noël.
« Plus de quatre Français sur dix n’ont tout simplement pas les liquidités pour offrir les cadeaux qu’ils souhaitent. Ce n’est pas une surprise quand on sait que plus d’un Français sur cinq finit le mois à découvert en temps normal. »
— Analyste spécialisé en comportement financier
L’argent des cadeaux… qui sert à payer les factures
Il y a un autre détail qui m’a particulièrement choqué. Près d’un Français sur trois qui reçoit de l’argent à Noël (les fameuses étrennes des grands-parents, des oncles, etc.) l’utilise… pour rembourser ce qu’il a dépensé pour les autres cadeaux. Ou pire : pour payer le loyer, l’électricité, le plein d’essence.
Autrement dit, on s’endette pour faire plaisir, on reçoit de l’argent pour se faire plaisir, et on finit par l’utiliser pour boucher les trous créés par… les cadeaux qu’on a offerts. C’est un cercle sans fin.
La pression sociale, cette grande coupable qu’on n’ose pas nommer
On peut parler pouvoir d’achat, inflation, salaires qui ne suivent pas. Tout ça est vrai. Mais il y a un autre moteur, plus sournois, qui pousse à dépenser plus que de raison : la peur du regard des autres.
59 % des personnes interrogées avouent s’endetter en partie parce qu’elles ne veulent pas passer pour radines. Six sur dix ont déjà eu peur qu’un cadeau « ne fasse pas assez cher ». Et ce n’est pas une histoire de genre : les femmes sont 64 % à avoir ressenti cette pression contre 53 % des hommes, mais tout le monde est touché.
J’ai une amie qui m’a confié l’an dernier : « Je gagne bien ma vie, mais je me suis retrouvée à acheter un sac à 400 € pour ma belle-sœur parce qu’elle m’avait offert un bijou à 350 € l’année d’avant. J’avais envie de pleurer en caisse. » Cette histoire, je l’entends partout.
Et si on fixait un budget commun ?
Ce qui est intéressant, c’est que près d’un Français sur deux pense que Noël serait plus simple si tout le monde s’accordait sur un plafond raisonnable. Genre : « Cette année, on fait 50 € max par personne, et on se concentre sur le fait-main ou les expériences. »
Sur le papier, c’est génial. Dans la pratique ? C’est celui qui propose l’idée qui passe pour le premier radin. Résultat : personne n’ose. Et on continue à s’endetter en silence.
Les solutions qui existent (et qu’on n’utilise pas assez)
Pourtant, des alternatives, il y en a. Et certaines marchent vraiment bien quand on les met en place.
- Le tirage au sort Secret Santa dans les grandes familles ou entre amis : chacun offre un seul cadeau, mais choisi avec soin.
- Les cadeaux immatériels : un bon pour un resto, un week-end, un cours de cuisine à deux.
- Les cadeaux faits main : oui, ça fait parfois sourire, mais un album photo ou un pull tricoté a une valeur que aucun objet acheté en magasin n’aura jamais.
- La liste collaborative : chacun indique trois choses dont il a vraiment besoin ou envie, dans une fourchette de prix définie à l’avance.
Cette année, dans mon entourage, on a testé le « Noël utile » : on n’offre que des choses dont la personne a réellement besoin. Résultat ? Moins de paquets, mais beaucoup plus d’émotion à l’ouverture. Et surtout, personne n’a fini janvier avec l’angoisse du découvert.
Le mot de la fin : et vous, vous en êtes où ?
Noël devrait être une fête de partage, pas une source d’angoisse financière qui dure jusqu’en mars. Cette année, peut-être que le plus beau cadeau qu’on puisse se faire, c’est de dire stop à cette spirale.
Et vous ? Vous avez déjà votre budget cadeaux bouclé, ou vous faites partie des 40 % qui vont serrer les dents en janvier ? Dites-moi en commentaire, je suis curieux de savoir comment vous gérez cette période tellement particulière.
Parce qu’au fond, le plus important, ce n’est pas la taille du cadeau. C’est le temps qu’on passe ensemble. Et ça, aucun crédit à la consommation ne pourra jamais l’acheter.
PS : Si cet article vous a parlé, partagez-le autour de vous. Peut-être que ça donnera à quelqu’un le courage de proposer enfin le « plafond à 50 € » cette année. On ne sait jamais, ça pourrait changer pas mal de choses.
