Vous vous souvenez de l’été dernier ? Ce moment où une partie des supporters d’Arsenal semblait prête à brûler l’Emirates Stadium rien qu’à l’idée de voir Noni Madueke fouler la pelouse en rouge et blanc. Franchement, on aurait dit une crise diplomatique.
Un gamin talentueux, oui, mais qui venait de Chelsea. Et pire encore, il avait porté les couleurs de Tottenham en jeunesse. Autant dire que pour certains, c’était le diable en personne qui frappait à la porte. Une pétition avait même circulé – oui, une vraie pétition – avec le hashtag #NoToMadueke qui tournait en boucle. J’ai rarement vu une arrivée aussi mal accueillie avant même que le joueur n’ait touché un ballon.
Le pari fou de Mikel Arteta
Et pourtant, au milieu de ce chaos numérique, un homme restait calme : Mikel Arteta. L’Espagnol voyait déjà ce que beaucoup refusaient d’admettre. Un ailier explosif, capable de répéter les courses, de frapper des deux pieds et surtout, doté d’un mental en acier trempé.
Quand les rumeurs sont devenues concrètes, Arteta a simplement pris son téléphone. L’appel a duré quelques minutes à peine, mais il a tout changé.
« Il m’a dit qu’il était prêt, qu’il avait hâte de porter ce maillot et de prouver à tout le monde qu’ils avaient tort. À ce moment-là, j’ai su qu’on tenait quelque chose de spécial. »
Mikel Arteta, quelques semaines après la signature
56 millions d’euros plus tard, Noni Madueke devenait Gunner. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le début a été… compliqué.
Une adaptation sous pression maximale
Arriver dans un club où une partie du public te rejette d’emblée, ce n’est déjà pas simple. Mais quand tu te blesses au genou dès les premières semaines et que tu manques la préparation complète, ça devient un vrai parcours du combattant.
Les réseaux sociaux, toujours tendres, n’ont pas manqué de rappeler pourquoi ils ne voulaient pas de lui. Chaque match sans lui était l’occasion de dire « vous voyez, on avait raison ». Sauf que le football, heureusement, se joue sur un terrain, pas sur X.
Ses premières apparitions ont été solides, sans être transcendantes. Des éclairs, oui. Des dribbles qui font lever les sourcils. Mais rien de suffisamment marquant pour faire taire définitivement les sceptiques. Jusqu’à cette soirée contre le Bayern, déjà, où il avait commencé à montrer l’étendue de son talent.
Le soir où tout a basculé : Bruges, ce missile et cette célébration
Et puis il y a eu ce mercredi soir à Bruges. Ce genre de soirée où un joueur entre dans une autre dimension.
Titulaire sur l’aile droite, Madueke reçoit le ballon aux trente mètres. Ce qui suit tient du génie pur. Un crochet extérieur, un deuxième pour effacer son vis-à-vis, puis cette frappe. Pas une frappe quelconque. Une frappe supersonique du gauche qui va se loger en pleine lucarne, laissant le gardien belge figé comme une statue.
Le stade est sonné. Les commentateurs hurlent. Et lui ? Il court droit vers Arteta, saute dans ses bras comme un gamin. Ce n’était pas juste un but. C’était une déclaration. Un immense « je vous l’avais bien dit » adressé à tous ceux qui doutaient.
« Quand tu joues près de la ligne de touche, tu entends tout. Les encouragements, mais aussi les critiques quand ça ne va pas. Ce soir, ils chantaient mon nom. C’est le plus beau cadeau. »
Noni Madueke, après le match
Et comme si ça ne suffisait pas, il plante un deuxième but dans la foulée. Un doublé en Ligue des champions, sur la scène européenne, contre une équipe qui ne lâche rien à domicile. Le message est passé.
Ce que Madueke apporte vraiment à cet Arsenal
Parce qu’au-delà du spectacle, il y a une réalité technique indéniable. Arsenal cherchait depuis longtemps une alternative crédible à Bukayo Saka sur le côté droit. Quelqu’un capable de prendre le relais quand l’Anglais est marqué à la culotte ou simplement fatigué.
- Une capacité à répéter les efforts impressionnante
- Un pied gauche aussi dangereux que le droit
- Une explosivité dans les trente derniers mètres
- Et surtout, cette faculté à jouer sans peur, même sous pression
Madueke n’est pas venu pour être le remplaçant de quiconque. Il est venu pour former avec Saka l’une des paires d’ailiers les plus effrayantes de Premier League. Et quand on voit Gabriel Martinelli de l’autre côté, on se dit qu’Arteta est en train de construire quelque chose de terrifiant pour les défenses adverses.
Le mental d’acier d’un gamin de 23 ans
Ce qui impressionne le plus, finalement, ce n’est pas seulement le talent – qu’on connaissait déjà depuis son explosion au PSV. Non, c’est la maturité. À 23 ans, lire qu’une partie des supporters de ton nouveau club ne veut pas de toi, c’est le genre de truc qui peut briser une carrière.
Lui a choisi de transformer la haine en carburant. Chaque match est devenu une réponse. Chaque but, une revanche. Et cette célébration face à Bruges, ce sprint vers Arteta, c’était la preuve qu’il n’a jamais douté. Pas une seconde.
J’ai repensé à ses mots d’il y a quelques mois : « Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Moi, je joue au football. » Simple. Efficace. Implacable.
Et maintenant ? Vers le très haut niveau
Aujourd’hui, plus personne ne parle de pétition chez les supporters d’Arsenal. Le #NoToMadueke a laissé place à des montages vidéo, des chants improvisés et des maillots floqués à son nom qui s’arrachent.
Le gamin indésirable est devenu essentiel. Et quelque part, c’est peut-être la plus belle victoire de Mikel Arteta : avoir vu avant tout le monde ce que ce joueur pouvait apporter, non seulement sur le terrain, mais dans le vestiaire et dans le cœur des fans.
Parce qu’au fond, le football, c’est ça aussi. Des histoires de rédemption. Des joueurs qui transforment les sifflets en ovations. Des paris fous qui se transforment en coups de génie.
Noni Madueke n’a pas seulement marqué deux buts à Bruges. Il a marqué les esprits. Et quelque chose me dit que ce n’est qu’un début.
La prochaine fois qu’un supporter lancera une pétition contre un joueur, peut-être qu’il pensera deux fois à l’histoire de ce gamin qui est venu de l’ennemi juré… et qui a fini par faire chanter tout un stade.
Le football, parfois, écrit les plus belles histoires quand on s’y attend le moins.
