Vous vous souvenez de l’époque où l’Allianz Riviera faisait trembler les plus grands clubs européens ? Moi oui. Et pourtant, ce dimanche après-midi de décembre, le stade ressemblait davantage à un théâtre désert qu’à une forteresse imprenable. Une défaite 0-1 contre Angers, lanterne rouge, et voilà l’OGC Nice qui égale sa pire série de l’histoire : sept revers consécutifs toutes compétitions confondues. Franchement, on a du mal à y croire.
Quand le Gym se transforme en cirque
Le plus marquant, ce n’est même pas le score. C’est l’ambiance. Ou plutôt l’absence d’ambiance. Les groupes ultras ont appelé au boycott après les incidents de la semaine dernière. Résultat ? Des tribunes clairsemées, des sifflets à chaque touche de balle niçoise et, cerise sur le gâteau, un site internet éphémère baptisé « Cirque OGC Nice ». Un clown maquillé annonce les prochains spectacles : Angers aujourd’hui, Braga jeudi. L’affiche a même été collée dans les rues de la ville. Difficile de faire plus parlant.
Dans ce contexte, les joueurs sont entrés sur la pelouse avec les noms de Terem Moffi et Jérémie Boga floqués dans le dos – les deux attaquants blessés après les regrettables échauffourées avec certains supporters. Geste de solidarité ou provocation maladroite ? Chacun y verra ce qu’il veut. Toujours est-il que le public présent n’a pas apprécié.
Un match qui résume tous les maux actuels
Sur le terrain, c’était à l’image de la saison : fébrilité, erreurs individuelles et manque cruel d’efficacité. Le but angevin ? Une perte de balle stupide aux abords de la surface, suivie d’un mouvement collectif parfait conclu par Yassine Belkhdim. Applaudi… par le public niçois. Oui, vous avez bien lu.
Puis l’expulsion évitable de Tom Louchet en début de seconde période a achevé de plomber l’après-midi. À dix, les Aiglons n’ont jamais semblé capables de revenir. Morgan Sanson a bien eu LA balle d’égalisation, mais sa frappe est passée à côté. Symbole d’une équipe qui doute de tout, même de ses forces.
« On s’est dit que c’était un match difficile, mais qu’on n’avait pas lâché. On a affiché un bel état d’esprit, même si ça n’a pas suffi. »
Yéhvann Diouf, gardien de but, au micro après le match
Bel état d’esprit… On veut bien le croire. Mais quand tu perds sept fois de suite, l’état d’esprit ne suffit plus. Il faut des résultats. Et vite.
Une série noire historique
Sept défaites consécutives. Il faut remonter à 1960, 1964 ou 2013 pour retrouver trace d’une telle disette. À l’époque, le club évoluait parfois en deuxième division. Aujourd’hui, on parle d’un prétendant déclaré au podium il y a encore quelques mois. La chute est brutale.
- Perte de confiance collective évidente
- Erreurs techniques à répétition
- Manque de réaction après l’ouverture du score adverse
- Incapacité à convertir les rares occasions
- Fragilité mentale dès qu’un scénario contrarié se présente
Autant de symptômes qui ne datent pas d’hier, mais qui s’amplifient dangereusement depuis octobre.
La fracture avec les supporters, le point de non-retour ?
Ce qui rend la situation explosive, c’est surtout la rupture avec une partie du public. Les incidents d’il y a une semaine ont laissé des traces. Deux joueurs en arrêt de travail, des plaintes déposées, des ultras qui ne veulent plus entendre parler du groupe pro tant que « certaines attitudes ne changent pas ». Le dialogue est rompu.
Et quand tes propres supporters préfèrent rester chez eux ou venir pour siffler, tu joues avec un handicap supplémentaire. Le football, c’est aussi une histoire d’émotions partagées. À Nice, en ce moment, il n’y a plus grand monde pour partager quoi que ce soit de positif.
J’ai personnellement trouvé la scène du rassemblement des joueurs au centre du terrain, à la fin du match, assez touchante. Ils se sont parlé, serrés les uns contre les autres. Un début de réponse collective ? Peut-être. Mais ça risque de ne pas suffire si les tribunes restent désespérément vides jeudi contre Braga.
Et maintenant, comment sortir du trou ?
Franck Haise répète qu’il ne lâchera pas. Le coach est expérimenté, il a déjà redressé des situations compliquées par le passé. Mais là, il joue aussi sa crédibilité. Rester calme et pédagogue quand tout le monde demande des têtes, c’est un exercice délicat.
Quelques pistes concrètes me semblent évidentes :
- Réunir tout le monde (dirigeants, staff, joueurs, représentants des supporters pour vider l’abcès une bonne fois pour toutes
- Faire des choix forts dans le onze (certains cadres ne sont plus intouchables)
- Simplifier le jeu : moins de possession stérile, plus de verticalité et de duels gagnés
- Gagner un match. N’importe lequel. Pour couper cette spirale négative
Parce que oui, en football, tout peut basculer très vite. Dans un sens comme dans l’autre. Un succès contre Braga jeudi en Ligue Europa pourrait déjà changer beaucoup de choses dans les têtes.
Le risque d’une saison cauchemardesque
Sans réaction rapide, le spectre d’une saison galère plane sérieusement. On parle d’un club qui visait le top 5 et qui se retrouve aujourd’hui 15e de Ligue 1, à portée de relégable selon les journées. En Europa League, la qualification pour les huitièmes devient compliquée si on continue à zéro point après cinq journées.
Et puis il y a l’aspect économique. Un club comme Nice, avec ses ambitions et son centre de formation parmi les meilleurs de France, ne peut pas se permettre de vivoter en deuxième partie de tableau plusieurs saisons de suite. Les investisseurs détestent l’incertitude.
Le plus triste dans tout ça ? Les jeunes du centre qui regardent leurs aînés galérer. Quelle image leur renvoie-t-on ? Celle d’un club uni capable de surmonter l’adversité, ou celle d’un bateau qui prend l’eau de toutes parts ?
Un sursaut est encore possible… mais il doit être immédiat
Je reste persuadé qu’il y a du talent dans cet effectif. Des joueurs comme Sofiane Diop, Khephren Thuram ou Evann Guessand ont prouvé par le passé qu’ils pouvaient faire mal. Mais aujourd’hui, ils marchent sur des œufs. Trop de pression, trop de peur de mal faire.
Le match contre Braga sera un vrai test. Une victoire, même moche, et on pourra commencer à parler de déclic. Une nouvelle défaite, surtout à domicile, et là… je ne donne pas cher de l’ambiance dans les semaines à venir.
Le football niçois a connu des heures bien plus sombres par le passé. Il s’en est toujours relevé. Alors oui, le Gym traverse une tempête terrible en ce moment. Mais les tempêtes finissent toujours par passer. Reste à savoir dans quel état sera le bateau quand le ciel se dégagera.
En attendant, une chose est sûre : ce dimanche 7 décembre 2025 restera comme l’un des jours les plus noirs de l’histoire récente de l’OGC Nice. Espérons simplement qu’il serve de déclencheur plutôt que de point de non-retour.
