Imaginez : vous démarrez la saison avec l’un des effectifs les plus chers de Ligue 1, des stars internationales, un coach respecté partout en France et un propriétaire milliardaire qui rêve de Ligue des Champions. Trois mois plus tard, vous êtes à six points du barragiste et votre entraîneur annonce publiquement que l’objectif n’est plus l’Europe… mais tout simplement de ne pas descendre. Bienvenue à l’OGC Nice version 2025-2026.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce qui se passe du côté de la Côte d’Azur est l’une des plus grosses désillusions du football français récent. Et quand Franck Haise, d’habitude si mesuré, sort du micro d’après-match pour dire que son équipe « joue le maintien », on comprend que la situation est bien plus grave qu’une simple mauvaise passe.
Quand le rêve INEOS vire au cauchemar
Revenons un peu en arrière. Quand le groupe pétrochimique britannique a racheté le club en 2019, puis renforcé sa position avec Jim Ratcliffe, tout le monde voyait Nice devenir le nouveau projet fou à la française. Budget explosé, recrues clinquantes, centre de formation flambant neuf… Sur le papier, c’était Monaco 2017 en mieux.
Et puis patatras. Huit entraîneurs en six ans (oui, vous avez bien lu), des choix sportifs parfois incompréhensibles, des joueurs qui ne s’adaptent pas et, surtout, une instabilité chronique au sommet. Le dernier épisode ? Francesco Farioli parti à Ajax après une saison correcte, remplacé par Franck Haise qui devait être l’homme de la stabilité. Raté.
« C’est important que les choses soient claires : ça va déjà être un match pour le maintien. Ce soir, c’était un match pour le maintien aussi. »
Franck Haise, après la défaite 3-1 à Lorient
Quand un coach dit ça après un déplacement chez une équipe qui lutte aussi pour ne pas descendre, c’est que le vestiaire est au fond du trou.
Un collectif qui n’existe plus
Le plus inquiétant ? Ce n’est même pas le nombre de défaites. C’est la manière. Contre Lorient, Nice a pris l’eau défensivement, n’a jamais semblé avoir aucune idée en attaque et a terminé le match sans la moindre révolte. Haise l’a répété plusieurs fois : il manque « l’envie de jouer avec l’autre ».
Dans le football moderne, on peut compenser beaucoup de choses avec du talent individuel. Mais quand l’état d’esprit collectif disparaît, même les meilleurs joueurs deviennent ordinaires. Et là, on touche le cœur du problème niçois : trop d’individualités, pas assez d’équipe.
- Des attaquants qui ne pressent presque pas
- Des milieux qui ne se projettent plus
- Une défense qui recule dès qu’elle est mise sous pression
- Des remplaçants qui n’apportent rien en entrant
Le tableau est cruel, mais il correspond exactement à ce qu’on voit depuis un mois.
Les chiffres qui font mal
Parce qu’il ne faut pas se mentir : certains recrutements posent question. Très gros question.
Des joueurs arrivés avec une étiquette de sauveurs qui, pour l’instant, ressemblent plus à des poids morts. Des profils redondants, des salaires énormes, et surtout une adaptation quasi nulle au projet de jeu de Haise qui aime pourtant les équipes intenses et verticales.
Et puis il y a le cas des jeunes. On nous avait vendu une génération dorée avec des pépites du centre. Aujourd’hui, la plupart sont prêtés ou cantonnés au banc pendant que des recrues étrangères peinent à justifier leur place. Cherchez l’erreur.
La double peine européenne
Comme si la situation en championnat ne suffisait pas, Nice vit aussi un calvaire en Ligue Europa. Zéro point après cinq journées. C’est historique, et pas dans le bon sens du terme.
Des défaites contre des équipes largement à portée, des prestations indignes d’un club de ce standing. Résultat ? Plus de coefficient UEFA, plus de prime significative, et surtout une image terriblement abîmée à l’international.
L’effet est pervers : les joueurs perdent confiance en championnat à cause de l’Europe, et inversement. Un cercle vicieux dont on ne voit pas la sortie.
Les supporters entre colère et résignation
Dans les travées de l’Allianz Riviera, l’ambiance est lourde. Les ultras, d’habitude si bruyants, alternent entre contestation et silence de plomb. Les déplacements se vident. Même les plus fidèles commencent à douter.
« On est pourris à l’heure actuelle, on le sait. »
Sofiane Diop, s’adressant aux supporters après une nouvelle défaite
Quand un joueur vient s’excuser comme ça, avec cette franchise brutale, c’est que le vestiaire a conscience de l’ampleur du désastre. Mais conscience ne veut pas dire solution.
Et maintenant ?
La réception d’Angers la semaine prochaine est déjà estampillée « match de la peur ». Un promu qui joue sa survie contre un grand club qui… joue aussi sa survie. On n’avait plus vu ça à Nice depuis très longtemps.
Franck Haise a beau répéter qu’il est « dans le combat » et qu’il a même proposé sa tête à la direction (qui a refusé), la question de son avenir va rapidement se poser si les résultats ne suivent pas. Dans le football, la patience des actionnaires milliardaires a des limites.
Le mercato d’hiver ? Compliqué quand on a déjà un effectif pléthorique et un budget serré par le fair-play financier. Un prêt salvateur ? Peu probable à ce stade. Non, la seule solution viable semble être un électrochoc interne.
Un sursaut encore possible ?
Paradoxalement, Nice a encore six points d’avance sur le barragiste. En football, tout peut basculer très vite. Un ou deux résultats positifs et la spirale peut s’inverser. Mais il faudra pour cela retrouver des valeurs collectives, de l’agressivité, de l’envie. Tout ce qui a fait le succès de Haise à Lens.
Personnellement, j’y crois encore un peu. Parce que le talent est là. Parce que l’histoire du Gym est faite de rebonds spectaculaires. Mais il reste très peu de temps. Et surtout très peu de marge d’erreur.
Alors oui, aujourd’hui, l’OGC Nice joue le maintien. Le dire à voix haute, c’est déjà un premier pas. Reste à transformer les mots en actes sur le terrain. Sinon, la saison risque de devenir l’une des plus sombres de l’histoire récente du club.
Et vous, vous y croyez encore au sursaut ? Ou pensez-vous que la chute est inéluctable ? Les semaines qui viennent vont être passionnantes… et angoissantes à la fois.
