Imaginez la scène : vous êtes dans un stade quasiment désert, l’air est lourd, les projecteurs crachent leur lumière blanche sur une pelouse qui a vu des jours meilleurs. Et au milieu, une quinzaine de mecs en rouge et noir qui se regardent dans les yeux plus longtemps que d’habitude. Pas un mot fort, juste des gestes, des tapes dans le dos, des regards qui en disent long. C’est exactement ce qui s’est passé cette semaine à l’OGC Nice. Et franchement, ça fait bizarre de se dire que c’est peut-être la pire crise du club depuis des années qui a enfin réussi à faire groupe.
On va être honnête : quand on suit Nice de près (et même de loin), on avait presque oublié ce que ça faisait d’espérer quelque chose de positif en décembre. Six défaites toutes compétitions confondues, une ambiance exécrable, des absents à la pelle et, cerise sur le gâteau, un envahissement de terrain qui a fait le tour d’Europe. Pourtant, à 48 heures du match contre Angers, l’impression qui domine n’est plus vraiment la panique. C’est autre chose. Une forme de ras-le-bol collectif constructif, si tant est que ça existe.
Quand la tempête devient ciment
Il y a des moments dans la vie d’un vestiaire où tout bascule. Parfois c’est une victoire improbable, parfois c’est une défaite qui fait mal au cœur. Et parfois, c’est quand tout le monde dehors vous tombe dessus en même temps. Nice vient de vivre ça.
Mercredi dernier, le club a connu une journée qu’on pourrait qualifier de hors normes, même pour un milieu aussi agité que le foot pro. Réunions à tous les étages, échanges tendus, un communiqué signé par l’ensemble des joueurs publié en soirée… On a senti que quelque chose avait bougé. Pas juste du bla-bla pour calmer les réseaux. Non, une vraie prise de conscience.
« Si tout cela a soudé les joueurs ? De ce que j’ai vu cette semaine, oui, vraiment. »
Franck Haise, en conférence de presse
Quand votre entraîneur, d’ordinaire plutôt mesuré, lâche une phrase pareille, on tend l’oreille. Surtout quand, quelques semaines plus tôt, il expliquait sans filtre qu’il n’arrivait pas à faire groupe avec cet effectif. Le contraste est violent. Et terriblement intéressant.
Le communiqué qui a tout changé
Revenons un peu en arrière. Mercredi soir, alors que la plupart des supporters rageaient encore, un texte signé par l’ensemble du vestiaire est tombé. Pas le genre de communiqué lisse rédigé par le service com’. Non, un vrai message, court, direct, assumé par tous.
Derrière ce texte, il y a eu une réunion des joueurs. Pas cinq minutes entre deux entraînements. Une vraie, longue, sans filtre. Ceux qui étaient là parlent d’un moment fort. D’un déclic. Le genre de discussion où on vide son sac, où on se dit les choses, mais où on ressort plus forts. C’est con à dire, mais parfois il faut toucher le fond pour se rappeler qu’on est dans le même bateau.
Franck Haise baisse d’un ton… et appelle à l’union
Souvenez-vous : il y a quelques jours, l’entraîneur niçois avait été cash. Très cash. Au point de créer un petit malaise en interne. Samedi, en conférence de presse d’avant-match, le ton était radicalement différent. Plus calme. Presque apaisé.
« Ce qu’on doit faire, c’est faire les choses ensemble, plus que jamais. Le mot d’ordre, c’est ça. Tout le monde doit être en mode combatif. Je vais parler d’union sacrée. »
Franck Haise
Quand Haise parle d’union sacrée, ce n’est pas une figure de style. C’est un appel. À ses joueurs, au staff, à la direction, et même – indirectement – aux supporters. Parce que oui, le stade sera quasi vide dimanche. Conséquence logique des incidents. Mais paradoxalement, ça pourrait jouer en faveur des joueurs. Moins de pression, moins de sifflets, plus de place pour se retrouver entre eux.
Un effectif décimé, mais un mental regonflé ?
Sur le papier, rien ne va. Vraiment rien.
- Dante out jusqu’en 2026
- Moffi et Boga suspendus après les incidents
- Boudaoui qui revient mais loin de sa forme
- Une défense toujours aussi friable
- Une série de 6 défaites qui pèse lourd
Et pourtant… pourtant, ceux qui ont vu les entraînements cette semaine parlent d’un groupe différent. Plus concerné. Plus solidaire. Comme si le fait d’être dos au mur avait enfin réveillé quelque chose.
Je ne dis pas que Nice va gagner 4-0 dimanche. Ce serait trop beau. Mais je suis prêt à parier que l’état d’esprit ne sera pas le même que lors des dernières sorties. Quand on n’a plus rien à perdre, parfois, on joue enfin libéré.
Le piège du « seuls contre tous »
Attention quand même. Cette unité retrouvée a un côté dangereux. C’est l’union du « nous contre le reste du monde ». Joueurs contre supporters, joueurs contre direction, joueurs contre médias… C’est puissant sur le moment. Mais ça ne tient souvent qu’un temps.
Si Nice gagne dimanche, tout le monde va crier au miracle et dire que les ultras ont eu raison de mettre la pression. Si Nice perd encore, le fossé deviendra abyssal. Il n’y aura plus de retour en arrière possible.
Le vrai défi, maintenant, c’est de transformer cette colère collective en quelque chose de durable. Pas juste un sursaut d’orgueil pour un match. Une vraie cohésion. Celle que Haise appelle de ses vœux depuis son arrivée, et que Florian Maurice pointait comme le gros problème de l’équipe il y a encore un mois.
Angers, le match de la dernière chance ?
Dimanche à 15h, Nice reçoit Angers. Sur le papier, c’est le genre de match qu’il faut gagner quand on joue le maintien déguisé en places européennes. Sauf que rien n’est normal cette saison.
Un point en six journées de championnat à domicile. C’est le bilan. Le pire de l’histoire récente du club, je crois. Alors oui, Angers est prenable. Mais Nice n’a plus le droit à l’erreur. Une septième défaite de suite, et là, même l’union sacrée ne suffira plus.
Ce sera un stade à huis clos partiel, une ambiance étrange, un contexte complètement fou. Mais parfois, c’est exactement dans ces moments-là que naissent les grands tournants.
Et après ?
La grande question, maintenant, c’est : est-ce que cette crise aura servi de électrochoc durable ? Ou est-ce juste un feu de paille avant la prochaine explosion ?
Personne n’a la réponse aujourd’hui. Pas même ceux qui sont dans le vestiaire. Mais une chose est sûre : cette semaine a marqué les esprits. Et dans le foot, parfois, c’est de ces moments-là que naissent les plus belles histoires. Ou les plus tragiques.
On verra dimanche. Mais une chose est certaine : Nice version décembre 2025 ne ressemble plus à celui du mois dernier. Pour le meilleur ou pour le pire.
Et vous, vous y croyez à ce sursaut niçois ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment hâte de lire vos avis là-dessus. Parce que franchement, cette saison à Nice, on n’a pas fini d’en parler…
