Vous est-il déjà arrivé de croiser quelqu’un qui semble tout réussir, mais qui, en même temps, énerve presque tout le monde autour de lui ? Dans le football français, Olivier Létang incarne parfaitement ce paradoxe. Depuis qu’il a pris les rênes du LOSC fin 2020, le club a grimpé dans le classement UEFA, stabilisé ses finances et continué à performer sur le terrain. Pourtant, son nom revient souvent accompagné de soupirs, de critiques, parfois même de franche agacement. Pourquoi donc ?
J’ai toujours trouvé fascinant ce genre de personnalité. Celle qui ne laisse personne indifférent. Létang ne fait pas dans la demi-mesure : il est direct, parfois brut, et assume totalement son style. Récemment, il a accepté de répondre à ceux qui le trouvent trop autoritaire, trop interventionniste, trop… tout. Et sa réponse résume bien l’homme : « Je suis entrepreneur, pas diplomate. »
Un style de management qui ne passe pas inaperçu
Quand on parle d’Olivier Létang, le mot qui revient le plus souvent, c’est exigence. Une exigence folle, disent certains. Une exigence nécessaire, rétorque-t-il. Arrivé dans un club qui sortait à peine d’une période très compliquée, il a imposé un rythme infernal. Résultat ? Le LOSC est passé d’une situation précaire à une place respectable en Europe. Mais cette transformation n’a pas été douce pour tout le monde.
Des salariés, des anciens collaborateurs, même certains entraîneurs ont confié, sous couvert d’anonymat bien sûr, que travailler avec lui peut être usant. On lui reproche de tout vouloir contrôler, de ne pas toujours laisser de marge de manœuvre. Un cadre du club a même lâché cette phrase lourde de sens : « Ici, il y a un roi, et il s’appelle Olivier Létang. »
« Je ne suis pas un politique, je suis un entrepreneur. »
Cette citation illustre parfaitement sa philosophie. Il ne cherche pas à plaire, il cherche à gagner. Et pour gagner, selon lui, il faut être parfait. Ou du moins s’en approcher le plus possible. Quitte à froisser, à bousculer, à mettre la pression partout.
Une directivité assumée, mais pas de la colère
Létang réfute l’idée d’être colérique. Il se décrit plutôt comme très direct, très humain même. Il aime le combat, mais aussi l’apaisement, dit-il. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne fait pas de favoritisme. Un salarié l’a résumé ainsi : « Il met des tirs à tout le monde, sans fixette. Une fois qu’on a compris ça, on relativise. »
Personnellement, je trouve ça plutôt sain dans un milieu aussi compétitif que le football professionnel. Mais il est vrai que tout le monde n’a pas le cuir assez épais pour supporter ce genre de management au quotidien. Certains y voient de l’arrogance, d’autres une posture donneuse de leçons. Lui balaie ces critiques d’un revers de main : ce qui compte, c’est le résultat collectif.
Et les résultats sont là. Difficile de le nier. Le club performe sportivement, attire des investisseurs solides, et son modèle économique basé sur le trading de joueurs continue de porter ses fruits. Alors, est-ce que l’exigence excessive est vraiment un défaut quand elle produit ça ?
Le rapport compliqué avec les entraîneurs
Un point qui revient souvent dans les critiques, c’est sa relation avec les coachs. Plusieurs d’entre eux, passés par Lille ou par ses anciens clubs, gardent une certaine amertume. On lui reproche d’être trop présent, de challenger constamment les choix tactiques ou stratégiques.
Lui s’en défend. Il assure ne pas intervenir sur le plan tactique, sauf si l’entraîneur lui-même ouvre la discussion. Il reconnaît avoir peut-être été plus présent au début de sa carrière de dirigeant, mais affirme avoir évolué. « Je serais fou si je pensais avoir la vérité sur tout », confie-t-il.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il pose une question en retour : quelle était la notion de performance avant son arrivée ? Dans certains clubs, l’ambition était peut-être moindre. Lui veut tout : la victoire, la formation, la plus-value financière. Cela crée forcément des tensions quand les visions divergent.
- Il challenge les idées, même celles des entraîneurs.
- Il possède ses propres diplômes de coach, acquis jeune.
- Il insiste sur l’évolution : il est meilleur aujourd’hui qu’hier.
Cette dynamique peut être vue comme enrichissante ou étouffante, selon le point de vue. Ce qui est certain, c’est qu’elle ne laisse pas indifférent.
Un contrôle sur tout ? Vraiment ?
On entend parfois que rien n’entre au club sans son aval. Même un stylo. L’intéressé rit de cette exagération. « Ce serait formidable si c’était vrai », plaisante-t-il. Mais il avoue aimer être informé, savoir ce qui se passe.
Est-ce du micro-management ? Peut-être un peu. Mais dans un milieu où chaque détail peut faire basculer une saison, cette attention peut aussi s’avérer payante. Après tout, le LOSC n’est plus le club fragile d’il y a quelques années.
« On n’est pas dans le monde des bisounours. »
Cette phrase résume son état d’esprit. Le football professionnel est un business impitoyable. Pour survivre et briller, il faut parfois des caractères forts. Létang en est un.
Ego, arrogance, mégalomanie : les reproches classiques
Forcément, quand on est au centre de tout, les critiques sur l’ego fusent. On lui reproche une posture perçue comme arrogante, un côté donneur de leçons. Il reconnaît que cela a toujours fait partie de son image. « Quand les gens rentrent dans ma bulle, leur vision change », assure-t-il.
Il raconte même avoir présenté des excuses publiques à ses salariés pour les jours où, trop absorbé, il oublie le simple bonjour. Un geste rare dans ce milieu. Preuve qu’il n’est pas totalement imperméable aux remarques.
À 53 ans, il dit ne plus avoir besoin de reconnaissance personnelle. Ce qui l’intéresse désormais, c’est l’image du club, sa performance globale. « On s’en fout d’Olivier Létang », lâche-t-il. Seule compte la réussite collective.
Un entrepreneur dans un monde de foot
Ce qui distingue peut-être Létang des autres présidents, c’est justement cette casquette d’entrepreneur. Il ne vient pas du sérail traditionnel du football français. Il a bâti sa carrière sur une vision économique claire : acheter, développer, revendre avec plus-value. Un modèle qui a fait ses preuves à Rennes, puis à Lille.
Ce n’est pas toujours bien vu dans un milieu encore attaché à certaines traditions. Mais les chiffres parlent. Le club avance, progresse, attire des partenaires sérieux. Et sur le terrain, les résultats suivent plutôt.
Alors oui, il dérange. Oui, il agace. Mais n’est-ce pas souvent le prix du changement ? Ceux qui bousculent les habitudes établies se font rarement des amis. Ils se font surtout des résultats.
Et demain ? Une date de péremption annoncée
Intéressant aussi, Létang affirme avoir fixé une date de péremption à son parcours de dirigeant. Il partirait quand le moment sera venu, sans s’accrocher. Beaucoup disent ça, peu le font. On verra.
En attendant, il continue de tracer sa route, avec ses convictions, ses excès peut-être, et surtout cette obsession de la gagne. Dans un football français en pleine mutation, des profils comme le sien sont probablement nécessaires. Même s’ils ne font pas l’unanimité.
Au final, Olivier Létang divise parce qu’il ne fait pas semblant. Il ne joue pas le jeu de la communication lisse. Il assume ses forces et ses défauts. Et dans un monde où l’image compte souvent plus que la substance, ça détonne. Ça agace. Mais ça marque aussi les esprits.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Un président trop autoritaire ou simplement un gagnant qui refuse la médiocrité ? Le débat est ouvert.
(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les citations et listes. Il s’appuie sur des éléments publics récents pour proposer une réflexion équilibrée sur une personnalité clivante du football français.)
