Imaginez l’attente. Treize années entières à regarder les géants européens repartir du Vélodrome avec les trois points ou, au mieux, un petit point arraché dans la douleur. Treize ans à se demander si cette série noire ne finirait jamais. Et puis, un soir de novembre, tout bascule. Un doublé, un stade en transe, une malédiction qui s’effondre. Hier soir, l’OM a battu Newcastle 2-1 et, croyez-moi, ce n’est pas qu’une simple victoire. C’est un exorcisme.
Le soir où le Vélodrome a enfin retrouvé sa magie européenne
Le match avait pourtant mal commencé. À peine le temps de s’installer que les Magpies ouvraient le score. Coup dur. Les fantômes du passé semblaient déjà rôder dans les travées. Mais cette fois, quelque chose était différent. Peut-être l’expérience d’un groupe qui a appris à souffrir ensemble. Peut-être la patte De Zerbi qui commence enfin à imprégner le jeu. Ou simplement un mec, un seul, qui a décidé que c’était assez.
Pierre-Emerick Aubameyang. Le nom résonne désormais comme celui du libérateur.
Aubameyang, l’homme qui a porté l’OM sur ses épaules
À 36 ans, certains pensaient qu’il venait gentiment terminer sa carrière sous le soleil de Marseille. Grave erreur. L’ancien Gunner a rappelé à tout le monde pourquoi il a été l’un des meilleurs buteurs d’Europe. Deux buts, deux gestes de pur attaquant : un opportuniste sur un centre précis, puis une frappe clinique qui fait mouche en seconde période.
« Ce soir, on a montré qu’on pouvait battre n’importe qui. On a du caractère, on ne lâche rien. »
– Pierre-Emerick Aubameyang, en zone mixte, voix rauque mais sourire large
Et franchement, quand tu vois le bonhomme courir célébrer sous le virage Nord, tu te dis que le football reste avant tout une histoire d’émotion brute. Pas de calcul, pas de gestion. Juste l’envie de faire plaisir à 65 000 personnes qui n’attendaient que ça depuis une éternité.
Une série noire qui faisait mal au cœur
Revenons un peu en arrière pour bien mesurer l’ampleur du truc. Depuis ce soir de février 2012 et ce but d’André Ayew contre l’Inter Milan (souvenir impérissable), l’OM avait enchaîné 17 défaites consécutives en Ligue des Champions face aux clubs des quatre grands championnats. Dix-sept. C’est énorme. C’est presque une génération entière de supporters qui a grandi sans voir son club battre un cador européen à la maison.
- Real Madrid, Bayern, Manchester City, Juventus, Atlético… la liste est longue.
- Des 4-0 à domicile, des 6-1 à Munich, des soirées où tu éteins la télé avant la fin.
- Même des matchs où l’OM méritait mieux mais finissait toujours par craquer.
Et puis il y avait cette statistique encore plus cruelle contre les clubs anglais : 12 matchs sans victoire en compétitions européennes depuis ce succès contre Chelsea en 2010. Douze. Avec seulement cinq petits buts marqués. Autant dire que Newcastle, même sans être au niveau des City ou Liverpool, représentait un véritable mur psychologique.
De Zerbi, l’architecte d’un nouveau Marseille
On critique beaucoup l’Italien depuis son arrivée. On lui reproche parfois un jeu trop léché, trop risqué. Mais hier, on a vu ce qu’il essayait de construire depuis des mois. Une équipe qui ne panique pas quand elle est menée. Une équipe capable de renverser la vapeur grâce à son collectif et non plus sur un exploit individuel isolé.
Le pressing haut a étouffé Newcastle en seconde période. Les latéraux ont apporté le surnombre. Et surtout, il y a eu cette capacité à accélérer au bon moment. C’est peut-être ça, le vrai tournant : l’OM version 2025-2026 commence à ressembler à quelque chose.
Et maintenant ? Le top 24 à portée de main
Avec cette victoire, Marseille se replace à la 19e place de cette phase de ligue nouvelle formule. Ça peut paraître anecdotique, mais rappelons que les 24 premiers sont directement qualifiés pour les barrages. Autrement dit, tout reste possible. Il reste encore des matchs abordables, et surtout ce sentiment que l’équipe a franchi un cap mental.
Parce que battre une équipe de Premier League, même diminuée, même en reconstruction, ça redonne une crédibilité européenne. Ça montre aux futurs adversaires que le Vélodrome peut redevenir cet enfer qu’il était dans les années 2000-2010.
Le Vélodrome, ce 12e homme qui fait encore la différence
Parlons-en, d’ailleurs. Parce que sans cette ambiance, je ne suis pas sûr que l’OM aurait renversé le match. Les supporters ont poussé dès l’égalisation, ont maintenu la pression quand Newcastle essayait de reprendre le contrôle. C’est vieux comme le football, mais ça reste vrai : certains stades te donnent des ailes.
Et hier, le Vélodrome a rappelé pourquoi il fait partie des enceintes les plus respectées d’Europe. Les fumigènes, les chants, cette communion totale entre le public et les joueurs… On a retrouvé l’OM des grandes soirées.
Ce que cette victoire dit du football français
Plus largement, cette performance fait du bien au foot français. On a trop souvent l’impression que nos clubs sont devenus des faire-valoir en Europe. Que la Ligue 1 est un championnat mineur. Eh bien hier, l’OM a prouvé le contraire. Oui, on peut battre des équipes anglaises. Oui, on peut exister dans cette nouvelle Ligue des Champions ultra-compétitive.
Et si derrière, d’autres clubs français suivent le mouvement ? Si cette victoire agit comme un déclic collectif ? On peut rêver, mais parfois, il suffit d’un match pour tout changer.
Les enseignements à tirer pour la suite
- Il faut garder cette mentalité de guerrier, même quand tout va mal.
- Aubameyang doit rester le leader technique et d’expérience.
- De Zerbi doit continuer à faire progresser son système, même si ça prend du temps.
- Le club doit absolument se renforcer en janvier si possible, surtout au milieu.
- Et surtout : croire à nouveau en ses chances européennes.
Parce qu’hier, ce n’était pas qu’une victoire. C’était une délivrance. Un message envoyé à l’Europe entière : l’OM est de retour. Pas encore au sommet, mais sur le bon chemin.
Et quelque part, dans un coin de ma tête de supporter, je me dis que Didier Deschamps, André Ayew et tous ceux qui ont écrit les belles pages européennes du club ont dû sourire en regardant ce match. Parce que treize ans après, le flambeau a été repris.
Allez l’OM. Et merci pour cette soirée.
(Article écrit avec le cœur encore battant, 24 heures après le coup de sifflet final. Parce que certains matchs méritent qu’on prenne le temps de les savourer.)
