Hier soir, le Vélodrome a tremblé comme aux grandes soirées européennes. Un départ catastrophique, un but encaissé dès la 6e minute, et pourtant… l’OM a fini par renverser Newcastle (2-1) dans un match complètement fou. Franchement, quand on a vu les Magpies ouvrir le score si tôt, on s’est tous dit que ça sentait le piège parfait. Et on n’avait pas tort.
Le coup de génie d’Eddie Howe qui a failli tout casser
Eddie Howe, on le sait, c’est un coach qui bosse dans l’ombre. Il ne fait pas de bruit, mais il prépare ses coups. Contre Manchester City le week-end dernier, son équipe s’était posée en 4-5-1 très bas, ultra discipliné, et ça avait marché. Tout le monde s’attendait donc à la même chose au Vélodrome. Sauf que non.
Sur le papier, Newcastle évolue en 3-5-2 avec le ballon. Sans, Howe a sorti une animation en 5-4-1 médian que personne n’avait vu venir depuis deux bons mois. Et le pire ? Ça a marché immédiatement. Thiaw et Dan Burn qui sortent comme des frelons sur les milieux marseillais, Guimaraes et Tonali qui collent Vermeeren et Hojbjerg comme des ombres, Willock qui contrôle Emerson… Tout était calé au millimètre.
Le résultat ? L’OM, qui adore construire proprement depuis l’arrière, s’est retrouvé asphyxié. Les premières passes de Balerdi et Rulli partent mal, Paixao perd un ballon brûlant, et boum : Barnes plante le 0-1. Six minutes. Six petites minutes et le plan de jeu de De Zerbi prenait déjà l’eau.
« On était un peu dans les nuages » reconnaîtra plus tard l’Italien. Traduction : on ne s’attendait absolument pas à ça.
Pourquoi ce 5-4-1 a fait si mal aux Marseillais
En temps normal, quand une équipe presse haut l’OM, De Zerbi a ses solutions : aspiration par les milieux, dédoublements sur les côtés, troisième homme dans les intervalles. Sauf que là, Newcastle ne laissait aucun intervalle. Les trois centraux sortaient en même temps sur le carré intérieur (Vermeeren-Hojbjerg + les deux 8 qui redescendent), et derrière, le bloc se repliait en 5-4-1 ultra-compact.
- Pas d’espace entre les lignes → Greenwood obligé de décrocher très bas
- Pas de profondeur immédiate → Aubameyang esseulé
- Dès la perte de balle marseillaise → contre-pressing immédiat avec 5 joueurs dans la zone du porteur
Pendant un quart d’heure, l’OM a tourné à 78 % de possession… pour 0,19 xG. Autant dire rien. C’est là qu’on a compris que Howe avait touché dans le mille : il avait lu le match parfait pour neutraliser le jeu de position marseillais.
L’ajustement qui a tout changé : Greenwood dans la zone morte
Et puis, petit à petit, on a vu l’OM respirer. Le déclic ? Mason Greenwood qui commence à se placer dans le dos de Harvey Barnes, entre le latéral et l’ailier gauche adverse. Zone grise, zone morte, appelez ça comme vous voulez. Résultat : Livramento doit choisir entre suivre Weah ou fermer l’axe, et ça crée systématiquement un 3-contre-2 côté droit avec Pavard et Weah.
À partir de là, le match bascule. Aubameyang commence à peser en pivot, Bakola (17 ans, quelle personnalité !) apporte du mouvement, et surtout… un mec au milieu commence à prendre le pouvoir.
Arthur Vermeeren, le patron qu’on n’osait plus espérer
Je vais être honnête : après la non-titularisation contre l’Atalanta, pas mal de supporters avaient enterré le Belge. Moi le premier, je m’étais dit qu’il n’avait peut-être pas le coffre pour la Ligue des Champions. Hier soir, il m’a fait taire. Et proprement.
Vermeeren a tout fait. Du sale, du propre, du décisif. Cinq ballons récupérés, seulement cinq perdus (contre quatorze pour Hojbjerg, pourtant guerrier), deux interceptions, un tacle glissé parfait… mais surtout une lecture du jeu hallucinante.
Souvenez-vous de la séquence où Barnes part dans son dos : au lieu de plonger bêtement, il temporise, se replace dans la ligne de passe Gordon-Barnes et coupe la transition nette. Ce genre de détail, à 20 ans, c’est du très haut niveau.
Quand tu vois un gamin de 20 ans calmer Bruno Guimaraes sous pression et relancer proprement vers Weah pour lancer la contre-attaque du 1-1… tu te dis que l’OM tient peut-être quelque chose de rare.
Ses stats parlent d’elles-mêmes, mais ce qui frappe, c’est la maturité. Il couvre les montées de Pavard, il anticipe les transitions, il oriente le corps dès la réception pour jouer vers l’avant. Et quand il faut temporiser, il le fait sans paniquer. C’est simple : sans lui, l’OM ne revient pas.
Le tournant de la seconde période : quand ça s’ouvre enfin
À l’heure de jeu, Howe sent le danger. Il repasse en 4-3-3 classique, libère un peu plus ses latéraux. Erreur ? Peut-être. Parce que dès que Newcastle accepte enfin le jeu, l’OM devient mortel en profondeur.
Aubameyang plante deux fois (dont un bijou de tête sur un centre de Weah), Greenwood fait parler sa frappe (arrêt monstrueux de Pope), Bakola apporte le chaos… Et derrière, Rulli sort les arrêts qu’il faut. Résultat : 2-1 et le Vélodrome en feu.
Ce que ça nous dit sur cet OM version De Zerbi
Cette victoire, elle est symbolique. Parce que cet OM-là n’est pas encore le plus beau en termes de domination face à des blocs bas. On l’a vu contre certaines équipes de Ligue 1, ça coince parfois. Par contre, dès qu’on lui laisse des espaces en transition ? C’est une machine.
- Aubameyang qui retrouve son instinct de tueur
- Greenwood qui peut enfin courir et frapper
- Weah et Pavard qui montent comme des pistons
- Et Vermeeren qui fait le lien entre tout ça
Conclusion ? L’OM n’a peut-être pas encore le jeu de position le plus fluide d’Europe. Mais en Ligue des Champions, où tout se joue souvent sur des moments, sur l’efficacité dans les deux surfaces, cette équipe a clairement les armes pour faire mal. Très mal.
Et si la soirée d’hier nous a appris quelque chose, c’est que quand le Vélodrome pousse et qu’un gamin de 20 ans décide de jouer comme un patron… peu d’équipes peuvent résister.
Prochain rendez-vous européen ? On a hâte. Parce que là, franchement, on commence à y croire dur comme fer.
(Article écrit après avoir revu le match trois fois et analysé une trentaine de séquences clés – oui, on est comme ça)
