Il y a des soirs où le foot redevient ce qu’il devrait toujours être : une question de vie ou de mort sportive. Ce mardi, à 21 heures, l’Olympique de Marseille reçoit Newcastle dans un Vélodrome qui s’annonce bouillant. Trois petits points au compteur après quatre journées de Ligue des Champions, une dynamique domestique étincelante, et pourtant tout peut basculer en 90 minutes. On n’est pas là pour parler de « beau jeu » abstrait. On est là parce que c’est maintenant ou jamais.
Un Vélodrome prêt à exploser pour un tournant décisif
Je me souviens encore de cette demi-finale de Coupe UEFA 2004 contre ces mêmes Magpies. Le vieux Vélodrome, Drogba en mode dieu grec, 3-0 aller, 0-0 retour, et cette sensation que rien ne pouvait nous arriver à domicile. Vingt et un ans plus tard, le contexte est différent, mais la magie reste la même : quand Marseille joue sa peau en Europe, le stade devient un volcan.
Ce soir, il ne s’agira pas seulement de gagner trois points. Il s’agira de relancer complètement une campagne qui a démarré en fanfare (victoire 4-0 contre l’Ajax en septembre) avant de s’effondrer dans les dernières minutes contre le Real, le Sporting et l’Atalanta. Trois matchs, trois points laissés en route dans le money time. Ça fait mal.
De Zerbi ne veut pas entendre parler de match décisif… mais il l’est
Roberto De Zerbi, avec son calme olympien et son café perpétuel, a répété en conférence de presse qu’il ne considérait ce match comme « difficile mais pas décisif ». Belle manière de dédramatiser. Sauf que tout le monde sait que c’est faux. Avec 3 points, l’OM pointe à une triste place dans le nouveau format à 36 équipes. Une défaite ce soir et les play-offs de qualification pour les play-offs (estimés autour de 10-11 points cette saison) deviennent quasi inatteignables.
« On n’a pas assez de points, on méritait plus. Mais il reste quatre matchs et on peut prendre des points partout. On a une équipe forte et on joue à domicile. »
Roberto De Zerbi, veille de match
Il a raison sur un point : le nouveau format ou pas, on a déjà vu des remontadas incroyables. L’an dernier, certaines équipes qualifiées pour les play-offs avaient à peine 8 ou 9 points à ce stade. L’espoir est mince, mais il existe. Et il passe impérativement par une victoire ce mardi.
Newcastle, l’adversaire qui incarne la puissance anglaise
Parlons de l’adversaire. Newcastle version 2025, ce n’est plus tout à fait le rouleau compresseur de la saison où ils avaient terminé 4es de Premier League, mais ça reste une équipe taillée pour le combat physique. Dan Burn à 2,01 m, Nick Woltemade à 1,98 m devant, une défense qui adore les duels aériens… Ça sent la bataille de tranchées.
De Zerbi les connaît par cœur pour les avoir affrontés trois fois avec Brighton : une victoire, un nul, une défaite. Il sait que son équipe devra répondre présent dans l’impact. Et il a raison de prévenir :
« Ils ont énormément de joueurs à un haut niveau d’expertise. Mais si on se concentre trop sur eux, on risque de nous oublier nous-mêmes. »
C’est peut-être là la clé. L’OM a montré à Nice (5-1) qu’il pouvait démarrer les matchs tambour battant. Il faudra rééditer ce genre d’entame. Parce que laisser Newcastle prendre confiance, c’est accepter de courir après le score pendant 90 minutes.
Les hommes en forme qui peuvent tout changer
Mason Greenwood. Le nom revient dans toutes les bouches. En Ligue 1 il marche sur l’eau, en Ligue des Champions il reste sur un but magnifique contre le Real mais globalement muet. Ce soir il a une occasion en or de rappeler à l’Europe entière pourquoi certains clubs anglais le suivent encore de près malgré tout.
Pierre-Emerick Aubameyang, lui, c’est l’expérience et l’intelligence. Il sent le coup, il sait se placer, il pèse sur les défenses. À 36 ans il reste un poison permanent.
Et puis il y a les autres. Geronimo Rulli qui sort des arrêts décisifs, Benjamin Pavard qui apporte sa science du placement, et ce milieu qui peut être renforcé pour répondre à la puissance adverse. Sans oublier les surprises possibles dans le onze : certains parlent d’une titularisation surprise d’un jeune du centre de formation. De Zerbi adore ça.
- Entame de match ultra-agressive (comme à Nice
- Gagner la majorité des duels aériens et seconds ballons
- Exploiter les contres à fond avec Greenwood et les ailiers
- Faire parler l’ambiance du Vélodrome dès la 1re minute
Si l’OM coche ces cases, Newcastle peut vaciller. Parce que oui, ils sont costauds, mais ils ne sont plus invincibles loin de St James’ Park.
Pourquoi ce match peut tout relancer (ou tout arrêter)
Imaginons la victoire. 6 points. Un Vélodrome en fusion. Un calendrier restant avec des matchs accessibles à domicile et des déplacements compliqués mais jouables. Soudain les 11-12 points nécessaires pour les play-offs redeviennent atteignables. Et là, tout redevient possible : barrages, puis huitièmes, puis… pourquoi pas rêver plus grand ?
Imaginons la défaite. 3 points après cinq journées. Un goal-average catastrophique. Des supporters qui commencent à douter même de la magnifique série en championnat. Et De Zerbi qui voit son projet européen prendre l’eau avant même l’hiver.
Il n’y a pas trente-six scénarios. Il n’y en a que deux. Et le premier passe par un exploit ce soir.
Le facteur Vélodrome : l’arme secrète
On en parle souvent, mais on ne le répétera jamais assez : le Stade Vélodrome en soirée européenne, c’est autre chose. L’acoustique, les virages en fusion, les fumigènes, la pression sur l’arbitre, sur l’adversaire… Newcastle n’a jamais vécu ça. Même leurs supporters, pourtant bruyants, risquent de se sentir bien seuls.
Les joueurs le savent. De Zerbi le sait. Il a suffi d’un match référence contre l’Ajax pour que tout le monde se rappelle ce que Marseille peut faire quand le public pousse pendant 90 minutes.
Ce soir, il ne faudra pas attendre la 60e minute pour mettre l’intensité. Il faudra l’avoir dès le coup d’envoi. Parce que Newcastle ne viendra pas en victime. Ils viendront pour tuer le match dans le combat et attendre l’erreur.
Et si c’était le déclic ?
J’ai un pressentiment. Peut-être naïf, peut-être trop romantique. Mais quand je vois cette équipe capable de mettre cinq buts à Nice, capable de tenir tête au Real pendant 80 minutes, capable de faire douter tout le monde en championnat… je me dis qu’elle a tout pour créer la surprise.
Il suffit d’un match. D’un but venu de nulle part. D’un arrêt de Rulli. D’un tacle de Pavard. D’un éclair de Greenwood. D’une tête d’Aubameyang sur corner.
Il suffit que le Vélodrome pousse comme il sait le faire.
Et là, tout peut basculer.
Ce soir, ce n’est pas un match de Ligue des Champions comme les autres.
C’est un kif de survie.
Allez l’OM.
