Vous vous souvenez quand on découvrait les premières vidéos générées par IA et qu’on se disait « waouh, mais c’est un peu flippant » ? Moi, la première fois que j’ai vu une séquence où un chat parlait comme un présentateur télé, j’ai rigolé nerveusement pendant cinq minutes. Et puis on s’habitue. Très vite. Aujourd’hui, on est clairement passé à l’étape suivante : l’alliance entre le géant de l’IA générative et le roi incontesté des univers imaginaires.
Et franchement, quand j’ai vu l’annonce tomber, j’ai eu un sourire en coin. Parce que c’est exactement le genre de nouvelle qui fait basculer une technologie du statut « gadget impressionnant » à « outil qui va tout changer ».
Un mariage qui était écrit dans les étoiles (ou dans les algorithmes)
Il y a quelques mois encore, les plateformes de vidéo IA pullulaient de contenus reprenant sans vergogne les personnages les plus célèbres du cinéma d’animation et des blockbusters. Des Mickey Mouse version gangster aux Avengers qui dansent sur du reggaeton, c’était le Far West créatif. Les studios râlaient, les avocats affûtaient leurs arguments, et tout le monde sentait que ça allait mal finir.
Puis, d’un coup, retournement de situation. Au lieu de se battre, on discute. Et on signe. Un accord à un milliard de dollars, rien que ça. Disney prend une participation dans OpenAI et ouvre son catalogue de plus de 200 personnages animés, masqués ou créatures à la plateforme Sora. Oui, vous avez bien lu : bientôt, vous pourrez légalement faire dire à Groot « Je sers la baguette » ou mettre Simba en train de faire du skate à Venice Beach.
Ce qui change concrètement pour vous et moi
Concrètement ? On passe d’une zone grise juridique à un terrain balisé. Plus besoin de se cacher derrière des prompts alambiqués pour contourner les filtres. Les personnages arrivent officiellement :
- Mickey, Minnie, Donald et toute la bande classique
- Les héros Marvel en version animée (Iron Man, Black Panther, Captain America…)
- Les icônes Star Wars : Dark Vador, Baby Yoda, les Stormtroopers
- Les stars Pixar : les jouets de Toy Story, les émotions de Vice-Versa, les monstres de Monstres & Cie
- Les animaux du Roi Lion, de Zootopie ou de Vaiana
Attention, précision importante : pas de visages d’acteurs réels. On reste sur les personnages animés ou masqués. Exit donc Robert Downey Jr en chair et en os, mais son armure d’Iron Man, oui. C’est une limite intelligente qui évite (pour l’instant) le cauchemar des deepfakes d’acteurs vivants.
Pourquoi Disney a dit oui (et pourquoi maintenant)
Il y a un an, la même proposition aurait probablement fini à la poubelle avec une lettre d’avocats bien salée. Alors qu’est-ce qui a changé ? Trois choses, à mon sens.
D’abord, la réalité du terrain. Les vidéos illégales étaient déjà partout. Autant reprendre la main plutôt que de courir derrière le train.
Ensuite, l’argent. Un milliard injecté dans OpenAI, plus des warrants pour monter encore au capital plus tard, ça ne se refuse pas. Surtout quand on sort d’années compliquées au box-office.
Enfin, la vision. Bob Iger l’a dit lui-même : l’IA générative représente « un moment important pour l’industrie ». Traduction : soit on monte dans le wagon, soit on se fait écraser par ceux qui l’auront fait.
« Le partenariat avec OpenAI va offrir au groupe des débouchés plus vastes à travers l’IA générative, tout en respectant et en protégeant les créateurs et leur travail. »
– Le PDG de Disney
Et Sora dans tout ça ?
Petit rappel pour ceux qui auraient loupé le train : Sora n’est pas seulement le nom du modèle vidéo d’OpenAI. C’est aussi devenu un réseau social où l’on ne peut poster que des vidéos générées par IA. Lancé il y a quelques mois, c’est un peu le TikTok de l’imaginaire artificiel.
Avec cet accord, la plateforme passe d’un statut de « sympa mais un peu pirate » à une légitimité folle. Imaginez l’effet réseau : des millions de créateurs qui vont se ruer dessus pour utiliser officiellement Mickey ou Dark Vador. C’est le genre de coup marketing dont on parle pendant des années.
Les gagnants et les (éventuels) perdants
Clairement, tout le monde a l’air content. OpenAI légitime son outil et attire les foules. Disney touche de l’argent, contrôle son image et explore de nouveaux territoires créatifs. Les créateurs amateurs obtiennent des jouets de rêve légaux.
Mais creusons un peu. J’ai quand même quelques questions qui me trottent dans la tête.
- Est-ce que ça va tuer la créativité « sauvage » qui faisait le sel des débuts de l’IA générative ?
- Comment vont réagir les autres studios qui n’ont pas (encore) signé ? Warner ? Universal ?
- Et les artistes traditionnels, animateurs, story-boarders… vont-ils voir leur métier encore plus menacé ?
Parce que oui, c’est génial de pouvoir faire parler Simba. Mais quand des millions de vidéos ultra-pro vont inonder le web, faites en cinq minutes par des ados dans leur chambre… ça pose question sur la valeur du travail humain.
Ce que ça dit de l’avenir du divertissement
On est en train de vivre un basculement. Hier, créer un film avec des personnages Disney nécessitait des centaines de millions et des années de travail. Demain, ça tiendra dans un prompt de trente mots.
Est-ce la mort du cinéma tel qu’on le connaît ? Non. Mais c’est probablement la naissance de quelque chose d’autre. Une forme hybride où les studios fourniront les briques (personnages, univers, styles) et où le public deviendra co-créateur.
Un peu comme si Disney ouvrait un Lego géant où tout le monde pourrait construire ses propres histoires avec les pièces officielles. Sauf que les pièces bougent, parlent et ont l’air vraies.
Et après ?
La vraie question maintenant, c’est : qui va suivre ? On imagine mal les autres studios rester les bras croisés. D’ici quelques mois, on aura probablement des accords similaires avec d’autres catalogues majeurs.
Et puis il y a l’aspect interne : Disney va déployer ChatGPT à grande échelle dans ses équipes. Scénarios générés par IA, brainstorming accéléré, outils de prévisualisation… On entre dans une nouvelle ère de production.
Personnellement, je trouve ça à la fois excitant et un peu vertigineux. On a l’impression de vivre l’équivalent de l’arrivée du son au cinéma ou de la couleur. Un de ces moments où tout change, et où personne ne sait vraiment où ça va nous mener.
Une chose est sûre : la prochaine fois que votre neveu vous montrera une vidéo complètement folle avec Buzz l’Éclair qui fait du breakdance sur la lune, vous saurez que c’est 100 % légal.
Et quelque part, c’est peut-être ça le plus fou.
(Article mis à jour le 11 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
