Vous est-il déjà arrivé de traverser un centre commercial bondé en décembre et de vous demander, l’espace d’une seconde, si tout pouvait basculer en quelques minutes ? Moi oui. Et franchement, depuis quelques années, cette petite voix intérieure a de plus en plus de raisons de s’exprimer.
Parce que les fêtes de fin d’année, ce n’est pas seulement les guirlandes et les chants de Noël. C’est aussi, hélas, la période où certains décident de passer à l’action pour remplir leur hotte… par la force.
Une opération nationale baptisée sobrement « anti hold-up »
Dès le 1er décembre et jusqu’au 4 janvier inclus, la police nationale passe en mode haute vigilance. L’ordre est clair : être vu, être présent, dissuader avant tout. Les directives sont tombées dans tous les commissariats de France et elles ne laissent aucune place au hasard.
Ce qui m’a particulièrement marqué dans cette mobilisation, c’est qu’elle ne se limite plus aux traditionnelles bijouteries. Bien sûr, elles restent en première ligne – le prix de l’or qui flambe attire les convoitises comme jamais – mais la liste des commerces protégés s’est considérablement allongée.
Quels sont les lieux vraiment dans le viseur des braqueurs ?
On pourrait croire que seuls les magasins de luxe sont concernés. Grave erreur.
- Les bijouteries, évidemment, qu’elles soient dans les galeries marchandes ou en boutique indépendante
- Les banques et les agences du Trésor public
- La Poste – oui, même les bureaux de poste sont dans le radar
- Les transporteurs de fonds (les fameux fourgons blindés)
- Les débits de tabac, cibles faciles et souvent très lucratives
- Les stations-service, surtout celles ouvertes tard le soir
- Les pharmacies, parce que les médicaments stupéfiants ont aussi leur marché noir
- Tous les commerces de proximité qui encaissent beaucoup d’espèces
Et puis il y a les grands oubliés dont on parle moins : les parkings des centres commerciaux. Ces immenses espaces sombres où les bandes attendent patiemment la bonne voiture, le bon coffre rempli de cadeaux. L’hiver, avec la nuit qui tombe tôt, c’est le terrain de jeu parfait.
Des braqueurs plus jeunes, plus nerveux, plus dangereux
Ce qui change vraiment cette année, c’est le profil des auteurs. Fini le braqueur « à l’ancienne », posé, presque chirurgical. Aujourd’hui, on voit débarquer des gamins de 16-20 ans, souvent sans expérience, armés jusqu’aux dents et prêts à tout faire péter pour quelques milliers d’euros.
Ils arrivent à cinq ou six, cagoulés, kalach ou pistolet-mitrailleur à la main, et en moins de deux minutes c’est plié. Le problème ? Leur manque total de sang-froid. Un client qui bouge mal, un employé qui tarde à ouvrir le coffre, et ça peut virer au drame en une seconde.
La sécurité des personnes doit rester la priorité absolue, même si cela signifie laisser partir les malfaiteurs.
Extrait des consignes officielles aux forces de l’ordre
Cette phrase, froide sur le papier, dit tout de la gravité de la situation. On préfère perdre des bijoux que des vies.
Comment la police compte réellement dissuader
L’idée n’est pas de transformer chaque centre commercial en camp retranché – ce serait ingérable – mais de faire en sorte que les braqueurs sachent qu’ils ont de grandes chances de tomber sur une patrouille au mauvais moment.
Concrètement, ça donne :
- Des patrouilles pédestres beaucoup plus fréquentes dans les galeries marchandes
- Des prises de contact régulières avec les responsables de magasins pour faire le point sur les procédures d’alarme
- Une présence renforcée aux abords des parkings, surtout en soirée
- Des équipages en véhicules sérigraphiés qui tournent en boucle sur les axes stratégiques
Et quand une alerte tombe ? Les règles sont strictes. Pas question de jouer les héros en fonçant dans la boutique. On sécurise le périmètre, on protège les clients, on attend le bon moment. C’est dur à entendre pour certains policiers, je sais, mais c’est la seule façon d’éviter un bain de sang.
Et les commerçants dans tout ça ?
Derrière les vitrines scintillantes, il y a des femmes et des hommes qui vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête chaque jour de décembre.
J’ai discuté récemment avec une responsable de bijouterie dans un grand centre commercial de région parisienne. Elle m’a confié qu’elle ne dormait plus dès la mi-novembre. Chaque client un peu nerveux, chaque groupe de jeunes qui traîne trop longtemps devant la vitrine, et son cœur s’emballe.
Beaucoup ont investi dans des vitrines blindées, des boutons d’alerte discrètement placés sous les comptoirs, des formations anti-agression. Mais rien ne remplace la présence humaine en uniforme dehors.
Pourquoi décembre reste la période à risque numéro 1
C’est presque une tradition criminelle maintenant. Plus il y a d’argent liquide qui circule, plus les tentations sont grandes. Et avec les courses de Noël, c’est l’explosion :
- Les coffres sont pleins (recettes journalières en forte hausse)
- Les stocks de marchandise de valeur atteignent leur maximum
- Les clients portent souvent leurs bijoux pour les fêtes
- Les horaires prolongés multiplient les moments de vulnérabilité
Ajoutez à cela la pression sociale – certains jeunes veulent « faire Noël » à tout prix, même si ça doit passer par la violence – et vous avez la recette parfaite pour une recrudescence.
Ce que ça dit de notre société
Au-delà des statistiques et des consignes de sécurité, il y a quelque chose de profondément triste dans tout ça. Noël, qui devrait être synonyme de partage et de lumière, devient pour certains le moment de prédation maximale.
On peut renforcer les patrouilles, blinder les vitrines, former le personnel, mais tant qu’une partie de la jeunesse considérera le braquage comme un moyen rapide de s’en sortir, le problème restera.
Cette opération anti hold-up, aussi nécessaire soit-elle, n’est qu’un pansement sur une plaie bien plus profonde. Elle protège, elle rassure, mais elle ne guérit pas.
Et vous, comment vivre ces fêtes plus sereinement ?
Quelques conseils simples, mais qui peuvent faire la différence :
- Évitez de laisser des sacs visibles dans votre voiture, même pour cinq minutes
- Préférez les paiements par carte quand c’est possible
- Soyez attentifs aux comportements suspects autour de vous (sans paranoïa non plus)
- Si vous travaillez dans un commerce sensible, n’hésitez pas à rappeler les procédures d’urgence à vos collègues
- Et surtout, gardez en tête que la vigilance collective est la meilleure des protections
Les fêtes de fin d’année restent un moment magique. Ne laissons pas une minorité nous voler ça.
Cette opération nationale est un signal fort : l’État prend la mesure du problème et agit. Espérons que la présence policière massive jouera son rôle dissuasif et que nous pourrons tous passer des fêtes paisibles.
Parce qu’au fond, c’est ça le plus important : pouvoir faire ses achats de Noël le cœur léger, sans regarder sans cesse par-dessus son épaule.
Prenez soin de vous. Et joyeuses fêtes – en toute sécurité.
