Vous êtes-vous déjà demandé ce que deviennent ces immenses terrains vagues que l’on aperçoit depuis le hublot quand l’avion se pose à Orly ? Moi oui, à chaque fois. Ces étendues plates, coincées entre autoroutes, pistes et zones logistiques, ressemblent à des pages blanches géantes au milieu d’une région pourtant saturée. Et bien figurez-vous qu’elles ne vont pas le rester longtemps.
Le gestionnaire des aéroports parisiens vient de lever le voile sur un projet qui risque de faire parler pendant des années : transformer une bonne partie des 125 hectares qu’il possède autour de la plateforme en un quartier économique tout neuf, mixte, moderne et – surprise – plutôt tourné vers l’avenir durable.
Orly, bientôt plus qu’un aéroport
Finies les réserves foncières dormantes. L’idée est claire : faire d’Orly un vrai hub multimodal où l’on viendra non seulement prendre l’avion, mais aussi travailler, innover, produire. Le tout à quinze minutes de Paris en métro (ou bientôt en Câble 1, on en reparlera).
Le timing n’est pas anodin. On est en pleine transition écologique, les data centers cherchent désespérément des terrains bien desservis et refroidis naturellement, les industriels veulent revenir près des grandes villes et les collectivités locales rêvent d’emplois qualifiés. Tout converge.
125 hectares, c’est énorme
Pour vous donner une idée : 125 hectares, c’est à peu près la taille du quartier de La Défense… mais en plaine, sans les tours. C’est aussi presque deux fois la surface de Paris La Villette. Autant dire que le potentiel est colossal.
Ces terrains appartiennent depuis des décennies au gestionnaire aéroportuaire. Ils étaient gardés précieusement pour d’éventuels prolongements de pistes ou de nouvelles infrastructures aériennes. Sauf que les contraintes environnementales et le plafonnement du trafic à Orly ont changé la donne. Du coup, ces réserves deviennent le plus beau terrain de jeu immobilier du sud francilien.
Un appel à projets qui sent la révolution
Début 2026, un appel à manifestation d’intérêt va être lancé. Et là, attention, ce n’est pas juste pour construire des hangars ou des entrepôts. L’ambition est affichée : créer un quartier mixte où se côtoieront :
- Industries propres et ateliers de prototypage
- Data centers nouvelle génération (avec récupération de chaleur, évidemment)
- Bureaux haut de gamme accessibles en transports en commun
- Une ferme aquaponique d’envergure (poissons + légumes en circuit fermé, le rêve)
- Laboratoires de R&D et espaces de co-working créatif
On parle même de toitures végétalisées partout, de pistes cyclables larges, de stations Vélib’ et d’une intégration soignée dans le paysage. Franchement, ça fait envie.
On veut un site urbain moderne où l’on viendra en métro ou à vélo, pas forcément en voiture. L’idée, c’est que demain Orly soit une destination à part entière.
Un responsable du projet, lors de la présentation officielle
Pourquoi maintenant ?
Plusieurs raisons se télescopent. D’abord, le Grand Paris Express arrive : la ligne 14 prolongée jusqu’à Orly, la future ligne 18, le Câble 1 qui reliera Créteil à Villeneuve-Saint-Georges en passant par le ciel… Tout ça rend ces terrains hyper-accessibles.
Ensuite, la pression sur l’immobilier tertiaire en Île-de-France est énorme. Les entreprises peinent à trouver des surfaces neuves bien desservies. Orly offre à la fois la proximité de Paris, des autoroutes, et surtout un foncier disponible immédiatement – chose rarissime.
Enfin, il y a l’aspect écologique. Les nouveaux data centers, par exemple, ont besoin d’être près des réseaux fibre et d’électricité abondante (merci la sous-station toute proche). Mais surtout, ils peuvent récupérer leur chaleur pour chauffer les serres aquaponiques ou les bureaux voisins. C’est du cercle vertueux pur jus.
La ferme aquaponique, le joyau inattendu
Parmi tous les projets évoqués, celui qui m’a le plus marqué, c’est cette ferme aquaponique géante. Imaginez : des bassins de poissons dont les déjections nourrissent des cultures hors-sol de salades, tomates, herbes aromatiques… Le tout dans d’immenses serres chauffées gratuitement par la chaleur fatale des data centers voisins.
On produit local, en circuit ultra-court, sans pesticide, avec une consommation d’eau ridicule. Et on crée des emplois non délocalisables. Dans le Val-de-Marne et l’Essonne, où l’agriculture a presque disparu, c’est une petite révolution symbolique.
Des milliers d’emplois à la clé
Difficile d’avoir des chiffres précis à ce stade, mais on parle facilement de plusieurs milliers d’emplois directs. Entre les techniciens data centers, les ingénieurs R&D, les opérateurs aquacoles, les start-upers et tout l’écosystème induit (restauration, services…), l’impact local sera majeur.
Le territoire Grand Orly Seine Bièvre, déjà très impliqué, voit ça comme une opportunité en or pour rééquilibrer l’emploi entre l’est et le sud de la métropole. Et croyez-moi, ils n’ont pas l’intention de laisser filer le dossier.
Un modèle qui pourrait faire école
Ce qui se joue à Orly dépasse largement le simple projet immobilier. C’est une sorte de laboratoire grandeur nature de la ville de demain : mixité des usages, sobriété énergétique, agriculture urbaine, transports doux, industrie décarbonée… Tout y est.
Si ça marche – et franchement tout est réuni pour –, d’autres aéroports ou grandes infrastructures pourraient s’en inspirer. On pense à Roissy évidemment, mais aussi à des zones logistiques ou des friches industrielles ailleurs en France.
J’ai presque envie de dire que c’est le genre de projet dont on reparlera dans dix ans dans les écoles d’urbanisme comme un cas d’école réussi (ou raté, mais je mise sur la première option).
Et les riverains dans tout ça ?
Forcément, la question qui brûle les lèvres : quid du bruit, de la circulation, de la qualité de vie ? Les promoteurs assurent que tout sera fait pour intégrer le projet dans le tissu existant. Hauteurs limitées, espaces verts, isolation phonique renforcée… On attend de voir les plans détaillés.
Mais soyons honnêtes : quand on construit à côté d’un aéroport, le bruit des avions restera le bruit des avions. En revanche, les nouveaux habitants ou employés viendront en connaissance de cause, et les transports en commun massifs devraient limiter l’impact routier.
Prochaines étapes
- Lancement de l’appel à manifestation d’intérêt début 2026
- Sélection des projets lauréats fin 2026/début 2027
- Dépôt des permis de construire à partir de 2027-2028
- Premières livraisons possibles dès 2030-2032
Ça peut paraître loin, mais dans le monde de l’immobilier francilien, c’est presque demain matin.
En attendant, une chose est sûre : la prochaine fois que je prendrai l’avion à Orly, je regarderai ces terrains avec un autre œil. Ce ne seront plus des champs oubliés, mais le futur poumon économique du sud parisien.
Et vous, vous en pensez quoi ? Un quartier high-tech et vert à la place des vaches (oui il y en a encore quelques-unes) et des entrepôts vieillissants, ça vous fait rêver ou ça vous inquiète ? Dites-moi tout en commentaire, j’ai hâte de lire vos réactions.
En résumé, Orly s’apprête à vivre une mutation aussi inattendue que passionnante. Un projet qui mélange ambitions économiques, contraintes écologiques et réalité territoriale. À suivre de très près, parce que ça risque de devenir le symbole de ce que la France sait encore faire quand elle se met à rêver grand.
