Imaginez que votre réveil sonne un lundi matin et qu’au lieu de vous traîner au bureau, une voix vous murmure : « Aujourd’hui, n’allez pas travailler, écoutez plutôt de la musique. » C’est exactement comme ça que commence le nouvel album d’une artiste qui n’a pas peur de secouer les consciences. Quatre ans après un premier disque qui avait déjà marqué les esprits, elle revient avec quelque chose de plus fort, de plus direct, presque viscéral. Et franchement, dans le climat actuel, ça fait un bien fou.
Presque Punk : un disque qui cogne là où ça fait mal
À 35 ans, cette musicienne originaire du Berry, Pauline Rambeau de Baralon de son vrai nom – ou P.R2B pour les scènes et les crédits –, n’y va pas par quatre chemins. Son deuxième album, intitulé Presque Punk, est une véritable claque. Pas punk au sens des guitares saturées hurlantes, non. Plutôt punk dans l’attitude : une rébellion douce, intelligente, poétique contre le monde du travail tel qu’on le subit aujourd’hui.
J’ai écouté l’album en boucle ces derniers jours, et je dois dire que ça remue. On y trouve tout : de la chanson brute, des touches pop accrocheuses, du rap qui surgit quand on s’y attend le moins, de l’électro planante, des sons du quotidien intégrés comme des samples vivants. Il y a même de la clarinette et du clavecin qui se baladent au milieu de tout ça. C’est riche, surprenant, jamais gratuit.
Une invitation à la désobéissance joyeuse
L’introduction dont je parlais plus haut n’est pas qu’un gimmick. C’est le ton donné à tout le disque. Une invitation à poser un arrêt, à respirer, à se rappeler qu’on est autre chose que des rouages dans une machine. L’artiste le dit elle-même : un créateur n’est pas là uniquement pour divertir ou « vider la tête ». Il a aussi le devoir de pointer ce qui cloche dans la société.
Aujourd’hui, n’allez pas travailler, écoutez plutôt de la musique.
Cette phrase ouvre l’album et résume parfaitement l’esprit. C’est provocateur sans être agressif, c’est engagé sans être moralisateur. Et musicalement, ça démarre fort : des beats électro qui cognent, une voix qui alterne entre parlé et chanté, des textes qui claquent comme des slogans mais avec une finesse poétique rare.
D’après moi, l’aspect le plus intéressant, c’est cette capacité à mélanger les genres sans que ça sonne forcé. On passe d’un morceau presque rap à une ballade acoustique, puis à quelque chose de franchement expérimental avec des bruits de machines, de téléphones qui sonnent, de foules anonymes. Tout ça raconte le quotidien aliénant de millions de gens.
Le monde du travail sous le feu de la critique
Le thème central, c’est clairement le travail. Pas le travail noble ou créatif, non. Le travail salarié, répétitif, épuisant, celui qui use les corps et les esprits. P.R2B décrit les open spaces glacials, les réunions inutiles, les objectifs inatteignables, le sentiment d’être interchangeable. Mais elle ne se contente pas de dénoncer. Elle propose autre chose : le rêve, la fraternité, la liberté.
Certains morceaux sont de véritables uppercuts lyriques. On y entend la fatigue, la colère contenue, mais aussi l’espoir. L’espoir que les choses peuvent changer si on ose dire non, si on ose imaginer autre chose. C’est politique sans être partisan, c’est social sans être donneur de leçons. Et ça marche parce que c’est sincère.
- Des textes qui parlent à tout le monde qui a déjà ressenti le burn-out approcher
- Une production audacieuse qui refuse les formats radio trop lisses
- Une voix unique, parfois fragile, parfois tranchante
- Des arrangements qui surprennent à chaque écoute
Personnellement, j’ai trouvé que certains passages résonnaient particulièrement fort en cette fin d’année où beaucoup font le bilan. On court après le temps, après l’argent, après la reconnaissance… et parfois on oublie pourquoi on fait tout ça.
Une artiste qui assume son engagement
P.R2B n’est pas du genre à rester dans sa zone de confort. Après un premier album déjà remarqué pour son originalité, elle aurait pu capitaliser sur une formule gagnante. Au lieu de ça, elle prend des risques. Elle politise son discours, elle durcit le ton, elle expérimente encore plus.
Et pourtant, il y a une tendresse immense dans tout ça. Une ode à la fraternité, à ceux qui galèrent ensemble, à ceux qui rêvent en secret d’une autre vie. Ce n’est pas un album rageur qui hurle, c’est un album qui murmure à l’oreille : « Tu n’es pas seul, et tu as le droit de vouloir autre chose. »
Un artiste n’est pas seulement là pour vider la tête.
– P.R2B
Cette phrase résume bien sa philosophie. La musique peut être un refuge, oui, mais elle peut aussi être un outil de prise de conscience. Et dans Presque Punk, elle remplit parfaitement les deux rôles.
Des collaborations et une production audacieuse
Derrière cet album, il y a aussi un travail d’orfèvre. Les arrangements sont riches, parfois minimalistes, parfois foisonnants. On sent que chaque son a été choisi avec soin. Les instruments acoustiques côtoient les synthés, les voix superposées créent des chœurs hypnotiques.
L’artiste a visiblement voulu créer un univers sonore qui reflète le chaos organisé de nos vies modernes. Et elle y arrive avec brio. Certains critiques parlent d’OVNI musical, et ils n’ont pas tort. C’est un disque qui ne ressemble à rien d’autre dans le paysage français actuel.
Ce qui frappe aussi, c’est la maturité. Quatre ans séparent les deux albums, et on sent que l’expérience de la scène, les rencontres, la vie tout simplement ont nourri cette nouvelle création. P.R2B n’est plus une promesse, c’est une artiste affirmée qui sait exactement où elle veut aller.
Pourquoi cet album arrive au bon moment
En cette fin 2025, avec les débats sur le sens du travail, le télétravail qui s’essouffle, les mouvements pour la réduction du temps de travail, les jeunes générations qui refusent de sacrifier leur vie pour un salaire… Presque Punk tombe à pic. Il met des mots et des sons sur un malaise collectif.
Mais attention, ce n’est pas un album déprimant. Au contraire. Il y a une énergie communicative, une envie de vivre autrement qui transcende l’écoute. On ressort de ces quarante minutes avec l’envie de danser, de rêver, peut-être même de changer quelque chose dans sa propre vie.
Et puis il y a cette touche d’humour, cette légèreté qui empêche le disque de sombrer dans le pathos. P.R2B sait rire d’elle-même, des situations absurdes du quotidien. Ça rend le tout encore plus humain, encore plus proche de nous.
Une place à part dans la chanson française contemporaine
Dans le paysage musical français, P.R2B occupe une place unique. Elle n’est pas dans la variété classique, pas non plus dans l’indé pur et dur. Elle navigue entre les genres, entre les émotions, entre la poésie et le cri du cœur. Et elle le fait avec une élégance rare.
Si vous aimez les artistes qui osent, qui prennent position, qui refusent les compromis artistiques, alors cet album est pour vous. Si vous cherchez juste de la bonne musique qui raconte quelque chose, pareil. Et si vous avez besoin d’un coup de boost pour affronter 2026, c’est exactement ce qu’il vous faut.
Pour ma part, je pense que Presque Punk va marquer cette fin d’année et probablement les suivantes. C’est le genre de disque qu’on redécouvre à chaque écoute, qui grandit avec le temps. Un vrai coup de maître.
Alors, prêt à poser votre journée pour plonger dans cet univers ? Je vous garantis que vous ne le regretterez pas. Et qui sait, peut-être que demain matin, vous sourirez en pensant à cette invitation lancée par une voix venue du Berry : n’allez pas travailler, écoutez plutôt de la musique.
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça le vrai luxe : choisir ce qui nous fait vibrer.
