Imaginez un gamin de 16 ans qui rêve de marcher un jour sur les traces de Victor Wembanyama ou de TJ Parker. Il habite la banlieue nord, prend le RER tous les matins pour s’entraîner à Paris et rentre tard le soir, lessivé. Et puis, un jour, on lui annonce qu’il va pouvoir vivre à 100 % basket, dormir sur place, manger équilibré, suivre ses cours à deux pas et s’entraîner dans des installations qui ont vu passer les délégations olympiques. Franchement, vous signeriez où, vous ? C’est exactement ce qui arrive aux jeunes du Paris Basketball depuis cette semaine.
Un déménagement qui a du sens
Le club parisien, champion de France en titre et pensionnaire régulier d’Euroligue, vient de signer un partenariat de longue durée – deux ans minimum, probablement beaucoup plus – avec le département du Val-d’Oise. Direction Eaubonne, son centre Athletica tout juste rénové et encore auréolé des Jeux de Paris 2024.
Concrètement, les deux équipes phares du centre de formation, les U18 et les U21, vont y poser leurs valises à demeure. Logement, restauration, scolarité, récupération, salle de musculation, terrain principal : tout est sur place. Une quinzaine de matchs par saison se joueront même dans cette salle qui porte le nom d’un immense handballeur, ironie du sort.
« On concrétise enfin notre promesse de donner aux gamins les meilleures conditions possibles, sportives mais aussi scolaires et humaines. »
David Kahn, président du Paris Basketball
Pourquoi Eaubonne et pas ailleurs ?
À vol d’oiseau, on est à une petite vingtaine de kilomètres de l’Adidas Arena, le vaisseau amiral du club Porte de la Chapelle. Alors oui, c’est plus loin que le gymnase Carpentier où les jeunes s’entraînaient jusqu’à présent. Mais regardez ce qu’ils gagnent en échange.
- Un site tout-en-un : plus besoin de courir entre trois lieux différents dans la journée.
- Des infrastructures olympiques : terrains, salles de soins, espaces de vie refaits à neuf en 2023-2024.
- Une vraie vie de campus à l’américaine, chose rarissime en France pour le basket.
- Une proximité avec les lycées et collèges du secteur pour continuer les études sans sacrifier le sport.
Franchement, quand on voit la fatigue accumulée par certains espoirs qui font deux heures de transport quotidien, on se dit que ce choix est presque une évidence. Et puis, il y a ce petit côté symbolique : les Américains avaient élu domicile ici pendant les JO (même si les stars préféraient Levallois, on ne leur en veut pas). Passer le relais aux jeunes Français, il y a quelque chose de beau là-dedans.
Athletica, l’héritage olympique qui trouve preneur
Le centre, anciennement appelé CDFAS, a été rebaptisé Athletica et entièrement modernisé pour les Jeux. Résultat : des équipements qui n’ont rien à envier aux meilleures universités NCAA. Terrain aux normes FIBA, gradins modulables, dortoirs confortables, resto digne d’un hôtel 4 étoiles… Tout y est.
La présidente du département du Val-d’Oise ne s’y trompe pas :
« Athletica a vocation à devenir une référence nationale en matière de formation de haut niveau. »
Marie-Christine Cavecchi
Et elle a raison. Parce qu’en France, on a souvent reproché aux clubs pros de ne pas assez investir dans la post-formation. Là, Paris Basketball montre l’exemple. Et ça tombe bien : le club a besoin de produire du talent maison pour rester compétitif en Euroligue sur la durée.
Un modèle qui rappelle la NBA… mais à la française
Quand on discute avec des scouts ou des agents, on entend souvent la même rengaine : « En Europe, les meilleurs 17-18 ans sont parfois moins bien encadrés que les lycéens américains moyens. » C’est violent, mais pas totalement faux.
Avec ce campus à Eaubonne, le Paris Basketball casse un peu ce cliché. On se rapproche dangereusement du modèle universitaire US, mais en gardant l’ADN français : double projet sport-études obligatoire, suivi psychologique, insertion professionnelle pensée dès le départ.
Et ça peut payer gros. Regardez ce qui s’est passé à l’INSEP avec le pôle France basket ces dernières années : une génération dorée (Wembanyama, Risacher, Sarr, Salaün…) est sortie de là. Imaginez le même résultat, mais avec la puissance de feu financière et l’ambition d’un club d’Euroligue derrière.
Et les joueurs dans tout ça ?
J’ai pu échanger rapidement avec un éducateur du club qui m’a glissé, sous couvert d’anonymat : « Les gamins sont excités comme des puces. Certains n’avaient jamais dormi hors de chez eux plus de quelques nuits. Là, ils vont vivre ensemble, créer des liens, progresser 24h/24. »
Concrètement, une trentaine de jeunes vont faire leur vie là-bas. Les U18 Élites et les Espoirs Betclic Élite vont pouvoir se concentrer sur l’essentiel : devenir pros. Et quand on sait que le club a déjà sorti des pépites comme Nolan Traoré ou que d’autres talents frappent à la porte, on se dit que les années à venir risquent d’être passionnantes.
Un signal fort pour tout le basket français
Ce n’est pas seulement l’histoire d’un club qui se structure. C’est aussi la preuve que le basket français est en train de vivre une petite révolution silencieuse. Entre l’arrivée de stars NBA en Betclic Élite, la visibilité énorme des JO, et maintenant des clubs qui investissent massivement dans la formation, on assiste à un alignement des planètes assez rare.
Et si demain, Lyon, Monaco ou l’ASVEL suivaient le mouvement ? On pourrait enfin parler d’un vrai écosystème de formation à l’échelle nationale, capable de rivaliser avec l’Espagne ou la Lituanie sur le long terme.
En attendant, les gamins du Paris Basketball, eux, ont déjà gagné. Ils vont grandir dans un cadre exceptionnel, à l’abri du tumulte parisien, mais assez près pour sentir l’adrénaline de l’Adidas Arena quand ils seront appelés avec les pros.
Quelque part, c’est peut-être là que se joue l’avenir du basket français. Pas seulement sous les projecteurs de l’Euroligue, mais dans une petite ville du Val-d’Oise, où une bande d’ados va apprendre à devenir des hommes… et, qui sait, peut-être des légendes.
Et vous, vous pensez que ce genre de campus à l’américaine est la solution pour faire progresser durablement le basket en France ? Ou est-ce qu’on perd un peu l’âme du sport en professionnalisant trop tôt les gamins ? Dites-moi tout en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
