Franchement, on commençait à se demander si ça allait un jour arriver. Après trois journées de phase de ligue sans la moindre victoire, le Paris FC version féminine traînait une frustration lourde comme un sac de pierres. Et puis hier soir, face à Benfica, tout a basculé. 2-0, net, propre, et surtout libérateur. Ce n’est pas qu’une simple victoire, c’est le déclic qu’on attendait toutes et tous.
Une soirée où tout a enfin souri aux Parisiennes
Il y a des matchs qui restent gravés parce qu’ils marquent un tournant. Celui d’hier au stade Charléty en fait partie. Avant le coup d’envoi, les Parisiennes pointaient à une triste 14e place sur 18. Aujourd’hui ? 10e, et surtout à portée de tir du Top 12 qui ouvre les portes des barrages pour les quarts. En une soirée, le visage de leur campagne européenne a changé.
Pourtant, rien n’était gagné d’avance. Les premières minutes ont même été crispantes. Benfica, avec son jeu rapide et ses attaquantes portugaises très mobiles, a plusieurs fois mis le feu dans la défense parisienne. Mylène Chavas a dû sortir le grand jeu dès la 18e minute sur un face-à-face brûlant. On s’est dit : « Encore un soir où ça va être compliqué… »
L’expulsion qui a tout changé
Et puis, miracle du football, Caroline Moller récolte deux jaunes en trois minutes. Carton rouge. Benfica à dix dès la demi-heure de jeu. Là, on a senti le vent tourner. Ce n’est pas faire injure aux Lisboètes que de dire que la supériorité numérique a pesé lourd. Mais encore fallait-il en profiter. Et ça, les Parisiennes l’ont fait avec une maturité qu’on ne leur connaissait pas forcément en début de saison.
Quand tu passes à onze contre dix, tu n’as plus le droit de trembler. Tu dois tuer le match. Hier, elles l’ont fait avec beaucoup de calme et d’intelligence.
Juste avant la pause, la délivrance. Anaële Le Moguédec, absolument partout au milieu, sert Maeline Mendy dans la surface. La gamine de 18 ans – oui, 18 ans seulement – ne se pose pas mille questions et crucifie la gardienne d’un tir croisé. 1-0. Le stade explose, les joueuses se jettent les unes sur les autres. Ce but, c’est plus qu’un but : c’est la récompense d’une génération qui pousse fort.
Maeline Mendy, le nom à retenir absolument
Parlons-en, d’ailleurs, de cette Maeline Mendy. Elle n’est pas née de la dernière pluie : elle a déjà quelques apparitions convaincantes en D1 Arkema. Mais hier, elle a franchi un cap. Titularisée, buteuse, puis remplacée à la pause pour préserver ses jambes. Son entraîneur a eu raison de la lancer dans le grand bain européen. Et quelque part, ça rappelle les débuts de certaines joueuses qu’on voit aujourd’hui briller sous d’autres cieux… mais chut, on reste concentré sur Paris.
À l’heure de jeu, le break. Encore une fois, c’est le milieu qui fait la différence. Anaële Le Moguédec, inarrêtable, déborde et centre fort. Maëlle Garbino, entrée à la pause, catapulte une tête rageuse au fond des filets. 2-0. Là, c’était plié. Benfica n’a plus jamais vraiment cru à l’exploit.
- 18e : Chavas gagne son duel
- 30e-33e : deux jaunes = rouge pour Moller
- 45e+1 : Mendy ouvre le score
- 62e : Garbino fait le break de la tête
- 90e : Paris FC tient son clean sheet
Un collectif qui monte en puissance
Ce qui frappe, au-delà des individualités, c’est la solidité retrouvée. Après le nul courageux ramené du terrain du Real Madrid la semaine dernière (1-1), on sentait que quelque chose couvait. Hier, ça a éclaté. Défensivement, c’était propre. Au milieu, Le Moguédec a mangé l’entrejeu à elle toute seule. Devant, les remuantes ont su se montrer décisives sans gaspiller.
J’ai particulièrement aimé le coaching. Faire sortir Mendy à la pause alors qu’elle venait de marquer, c’était osé. Mais mettre Garbino, plus expérimentée, pour gérer la seconde période et tuer le match, c’était malin. Résultat : une seconde mi-temps maîtrisée de bout en bout.
Le classement prend une autre allure
Concrètement, qu’est-ce que ça change ? Beaucoup de choses. Avec 4 points (1 victoire, 1 nul, 2 défaites), le Paris FC grimpe à la 10e place avant les derniers matchs de la 4e journée. Le Top 12 ? Il est à portée de fusil. Il reste deux rencontres : Valerenga à l’extérieur le 10 décembre, puis la réception d’un gros morceau pour clôturer. Tout est jouable.
Petit aparté : pendant ce temps, Lyon a lâché ses premiers points de la saison en concédant le nul 3-3 à Turin face à la Juventus après avoir été mené 3-0. Comme quoi, personne n’est à l’abri. Même les intouchables peuvent trembler. Ça remet un peu d’incertitude dans cette phase de ligue et, mine de rien, ça profite aux poursuivantes comme Paris.
Et maintenant, direction Oslo
Le prochain rendez-vous, c’est donc Valerenga le 10 décembre. Un déplacement nordique, sous le froid, face à une équipe norvégienne qui joue sans pression et qui a déjà surpris plus d’un cador. Ce sera un vrai test de caractère. Mais après ce qu’on a vu hier, on a envie d’y croire. Cette équipe-là a du cœur, du talent et, enfin, de la réussite.
On le sait, le football féminin français vit une période faste. Lyon reste la référence mondiale, le PSG attire les stars, mais derrière, des clubs comme le Paris FC construisent quelque chose de solide, avec des jeunes formées au club et une identité claire. Hier, c’était une brique de plus posée dans cet édifice.
Quand tu gagnes enfin ton premier match européen à domicile, tu libères quelque chose. Les jambes deviennent plus légères, les têtes se redressent. C’est exactement ce dont cette équipe avait besoin.
Alors oui, on peut toujours dire que Benfica était réduit à dix. On peut toujours rappeler que la route reste longue. Mais parfois, dans une saison, il y a des soirs où tout s’aligne. Hier, c’était ça. Un alignement des planètes en maillot bleu.
Et quelque part, c’est aussi une petite revanche sur ceux qui enterraient trop vite cette campagne européenne. Le Paris FC est bel et bien vivant. Et il a faim. Très faim.
Alors évidemment, on attend la suite avec impatience. Est-ce que cette victoire va vraiment lancer la saison européenne des Parisiennes ? Est-ce que Maeline Mendy va devenir la nouvelle pépite dont tout le monde parle ? Est-ce que le Paris FC peut rêver plus grand que le simple maintien dans le Top 12 ?
Une chose est sûre : hier soir, à Charléty, on a vu une équipe qui a retrouvé le sourire. Et dans le football, quand le sourire revient, tout devient possible.
Rendez-vous le 10 décembre à Oslo. D’ici là, on savoure. Parce que oui, parfois, une simple victoire 2-0 peut valoir bien plus que trois points.
