Il pleuvait dru sur Jean-Bouin ce samedi soir et, franchement, la météo collait parfaitement à l’humeur générale. Un petit 1-1 face à la lanterne rouge, un point qui a le goût amer d’une occasion manquée, et surtout une prestation qui laisse tout le monde songeur. Quand tu joues le maintien, tu n’as pas le droit de passer à côté contre l’équipe censée être la plus faible du championnat. Pourtant, c’est exactement ce qui est arrivé.
Je suis sorti du stade avec cette sensation bizarre : ce n’était pas une défaite, mais ça faisait presque plus mal. Parce qu’une défaite, parfois, tu l’expliques, tu l’assumes. Là, c’était le vide. Presque rien à se mettre sous la dent, si ce n’est la énième confirmation que cette équipe a encore énormément de travail devant elle.
Un non-match qui pose de vraies questions
Stéphane Gilli n’a pas mâché ses mots : « Je n’ai pas reconnu mon équipe ». Quand ton propre entraîneur te balance ça après le match, tu sais que c’est sérieux. Et il a raison. Techniquement faible, zéro agressivité, aucun rythme… On a vu un Paris FC amorphe, incapable de mettre deux passes consécutives ou de gagner le moindre duel avec conviction.
On manque d’agressivité, de justesse technique, on manque de trop de choses pour espérer mieux. On est une équipe gentille et quand on est une équipe gentille, on ne peut pas espérer mieux qu’un point ce soir.
Ilan Kebbal, capitaine courage mais épuisé
Le capitaine a tout résumé en une phrase. Être « gentil » en Ligue 1, surtout quand tu luttes pour ne pas descendre, c’est le meilleur moyen de se retrouver en Ligue 2 très vite. Et là, c’était criant.
L’absence de Lopez pèse une tonne
On le sait depuis le début de saison : quand Maxime Lopez n’est pas là, l’équipe change complètement de visage. Le milieu prêté par la Fiorentina est le véritable poumon, celui qui accélère, qui oriente, qui fait jouer les autres. Sans lui (et sans Lees-Melou également blessé), le Paris FC a perdu son fil conducteur.
Kebbal l’a encore dit en zone mixte : « Quand il est là et quand il n’est pas là, ce n’est pas du tout le même visage ». Difficile de lui donner tort. Le changement de système tenté par Gilli n’a rien arrangé, bien au contraire. On a vu des joueurs perdus, des espaces béants, une incapacité totale à construire quoi que ce soit de cohérent.
Une attaque toujours aussi stérile
Deux tirs cadrés. Deux. Contre la pire défense du championnat. Il y a de quoi se taper la tête contre les murs. À part Ilan Kebbal, qui a encore mouillé le maillot jusqu’à l’épuisement (et marqué son 6e but, quand même), personne n’a pesé devant.
- Les attaquants actuels ne marquent presque jamais
- Les milieux offensifs peinent à créer du danger
- Les centres arrivent rarement dans de bonnes conditions
- Et quand une occasion existe, la finition fait défaut
C’est le même constat depuis des semaines. Le Paris FC produit parfois du jeu face aux gros, prend des points avec panache contre des cadors, mais se fait systématiquement punir (ou bloquer) par les équipes du bas de tableau. C’est le syndrome classique de l’équipe promue qui n’a pas encore les armes pour tuer les matchs « faciles ».
Nkambadio, symbole d’une soirée chaotique
Le pauvre Obed Nkambadio a vécu une semaine compliquée. D’abord annoncé sur le banc au profit de Kevin Trapp, puis replacé titulaire à la dernière minute à cause d’une douleur du Allemand. Résultat ? Une grosse boulette sur l’égalisation, suivie de deux parades décisives plus tard. Deux visages en un seul match.
Gilli a eu raison de calmer le jeu : on parle trop des gardiens. Le problème est collectif. Quand tu encaisses sur quasiment la seule occasion adverse, c’est que l’équipe entière a failli avant le gardien.
Le calendrier qui fait peur
Maintenant, place aux choses sérieuses. Deux matchs avant la trêve :
- Le Havre (dehors) dimanche prochain – un vrai match de la peur
- Toulouse à Jean-Bouin le 13 décembre – avec le risque de perdre les internationaux africains
Si le Paris FC ne prend pas au moins quatre points sur ces deux rencontres, la trêve de Noël va être très longue. 12e ce soir, 14e possible dès demain si Le Havre et Brest gagnent. La zone rouge n’est qu’à quelques longueurs, et ça commence à sentir le roussi.
Mercato : il va falloir frapper fort
Personne ne s’en cache plus dans l’entourage du club : la liste des besoins pour janvier est déjà longue comme le bras. Un ou deux attaquants capables de planter, un milieu créatif supplémentaire, peut-être un défenseur central d’expérience… Les absents ont bon dos, mais la vérité, c’est que l’effectif actuel montre ses limites dès qu’il manque deux-trois éléments clés.
Le projet Paris FC reste ambitieux, séduisant, porté par une identité de jeu claire. Mais en Ligue 1, l’idéal ne suffit plus quand tu flirtes avec la zone rouge. Il faut du concret, du pragmatisme, des joueurs qui savent gagner les matchs moche. Et vite.
Et maintenant ?
Gilli répète qu’il n’y a « pas d’inquiétude », que chaque équipe traverse une passe difficile dans une saison. Peut-être. Mais quand tu n’as pris que 5 points sur 21 possibles à domicile récemment, que tu viens de livrer ton pire match devant ton public, l’excuse du « passage à vide » commence à faire sourire.
Il reste du temps, bien sûr. Le Paris FC a déjà prouvé qu’il pouvait battre n’importe qui à certains moments. Mais là, c’est le money time du premier tiers de saison. Les points pris (ou perdus) maintenant pèseront lourd en mai.
Alors oui, 15 points après 14 journées, ce n’est pas catastrophique. Mais quand tu vois la dynamique actuelle, quand tu vois l’état d’esprit affiché ce samedi soir, tu te dis que la barre symbolique des 20 points avant Noël devient presque une obligation.
Sinon, la seconde partie de saison risque de ressembler à un long sprint pour sauver sa peau. Et personne n’a envie de vivre ça. Surtout pas un club qui rêvait de faire bien plus que simplement se maintenir.
Allez Paris FC, secouez-vous. Le Havre arrive. C’est le moment de montrer que ce nul contre Auxerre n’était qu’un accident. Parce que si c’est le début d’une mauvaise série… on n’ose même pas y penser.
