Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe vraiment dans la tête d’un jeune gardien quand, après des mois de travail acharné, on lui annonce qu’il est enfin titulaire… et que trois semaines plus tard, tout peut basculer à cause d’une simple douleur au pied de son concurrent ? C’est exactement ce qu’a vécu Obed Nkambadio au Paris FC ces derniers temps. Et franchement, ça fait mal au cœur.
L’histoire commence pourtant comme un conte de fées pour le gamin de 22 ans. Repéré, formé, puis installé comme numéro 1 dès la reprise. Les supporters commençaient à scander son nom, les observateurs parlaient déjà d’un futur chez les A de l’équipe de France Espoirs. Et puis, paf. Kevin Trapp débarque.
Une hiérarchie qui vacille en quelques semaines
Quand on regarde la situation avec un peu de recul, on se dit que le football reste le sport le plus cruel qui soit. Nkambadio avait tout fait juste : des arrêts décisifs en préparation, une régularité impressionnante, une confiance affichée par son entraîneur Stéphane Gilli dès le mois de juillet. « Obed sera notre gardien titulaire », avait-on entendu dans les couloirs du centre d’entraînement.
Mais le foot, c’est aussi l’arrivée d’un joueur d’expérience capable de tout bouleverser. Kevin Trapp, champion d’Europe 2017 avec Francfort, champion de France avec le PSG, plus de 300 matchs au plus haut niveau… Quand un CV comme ça se présente libre en fin de contrat, même un club comme le Paris FC ne peut pas dire non.
« On ne recrute pas Kevin pour qu’il fasse banquette. Il vient pour jouer et apporter son expérience. »
Un membre du staff, en off, début septembre
Le tournant : cette fameuse douleur au pied
Revenons au moment précis où tout a basculé. On joue la 13e ou 14e journée, je ne sais plus exactement, le calendrier est tellement dense. Le staff avait décidé de reconduire Trapp après deux prestations solides. Nkambadio, déjà prévenu, se prépare mentalement au banc. Et là, miracle pour lui (ou malchance pour l’Allemand), une vieille douleur se réveille au pied de Trapp après un contact violent à Lille.
Résultat ? L’Allemand déclare forfait à la dernière minute. Nkambadio retrouve les cages contre Auxerre. Il encaisse un but sur une sortie hasardeuse, mais réalise ensuite deux parades extraordinaires qui sauvent le point du match nul. On se dit : voilà, le gamin a répondu présent.
Sauf que… non. Parce que dès le match suivant, Trapp est de retour. Et depuis, il enchaîne.
Pourquoi Trapp a pris l’ascendant si vite ?
Il y a plusieurs raisons, et elles sont assez faciles à comprendre quand on suit le club de près.
- Son leadership naturel. Trapp parle fort, organise la défense, n’hésite pas à engueuler les défenseurs quand il le faut. Nkambadio, lui, est plus discret, presque timide dans la communication.
- Son expérience des matchs à pression. Quand tu as joué des finales européennes et des derbys allemands, un déplacement à Auxerre ou au Havre, ça ne te fait pas trembler.
- Son jeu au pied. C’est peut-être le point le plus décisif. Le Paris FC joue avec une défense très haute cette saison. Il faut un gardien capable de relancer proprement sous pression. Trapp est largement au-dessus sur cet aspect.
J’ai revu les stats récemment : sur les 8 derniers matchs où il a joué, Trapp a un taux de passes réussies supérieur à 85 %, dont plus de 30 % de longues passes précises. Nkambadio tournait plutôt autour de 72 % en début de saison. La différence est énorme quand tu joues face à des blocs bas.
Nkambadio : victime ou responsable de sa situation ?
On aurait tort de tout mettre sur le dos de Trapp. Le jeune gardien a aussi sa part de responsabilité. Quelques erreurs de concentration, des sorties aériennes parfois hésitantes, et surtout cette impression qu’il doute dès qu’on le met sur le banc deux matchs.
Je me souviens d’un entraînement ouvert au public en octobre. Nkambadio rate trois interventions faciles d’affilée. Trapp, lui, arrête tout, même en rigolant avec les attaquants. Ce genre de détail, dans un vestiaire, ça compte.
« Obed est jeune, il apprend. Mais à ce niveau, on n’a pas le temps d’attendre. »
Stéphane Gilli, après le nul contre Auxerre
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Le prochain match contre Le Havre, le week-end prochain, devrait être décisif. Si on suit la logique actuelle, Trapp sera titulaire. Nkambadio, lui, va devoir ronger son frein. Et peut-être accepter un prêt en janvier pour jouer régulièrement ? C’est une hypothèse qui commence à circuler.
Parce que garder deux gardiens de ce niveau-là sur le banc, ce n’est tenable ni pour l’un ni pour l’autre. Trapp a 35 ans, il n’est pas venu à Paris pour cirer le banc. Nkambadio, à 22 ans, a besoin de minutes pour progresser.
- Scénario 1 : Trapp reste titulaire jusqu’à la trêve et Nkambadio part en prêt (vers un club de Ligue 2 ou à l’étranger).
- Scénario 2 : Nkambadio retrouve une série de matchs en cas de méforme ou blessure de l’Allemand et reprend sa place.
- Scénario 3 : La concurrence s’installe durablement, avec une alternance selon les matchs (peu probable, les gardiens détestent ça).
Personnellement, je penche pour le premier scénario. Le Paris FC joue le maintien, il n’a pas le luxe de faire du sentiment. Et Trapp, aujourd’hui, apporte plus de garanties.
Ce que cette situation dit du Paris FC version 2025
Derrière cette lutte de gardiens, il y a une réalité plus large : le Paris FC a changé de dimension. Recruter un joueur du calibre de Trapp, même à 35 ans, ça veut dire que le club attire désormais des profils qu’il n’aurait même pas osé contacter il y a trois ans.
Mais ça pose aussi la question du projet sportif. Veut-on construire sur la durée avec des jeunes comme Nkambadio, ou privilégier le court terme avec des joueurs expérimentés pour assurer le maintien ? Pour l’instant, la réponse semble être : les deux. Et c’est peut-être là que ça coince.
En attendant, une chose est sûre : les prochaines semaines vont être passionnantes à suivre dans les buts du Paris FC. Entre l’expérience froide de Trapp et la fougue parfois désordonnée de Nkambadio, on a rarement vu une concurrence aussi intéressante à ce poste dans un club de milieu de tableau.
Et vous, vous auriez fait quel choix à la place de Stéphane Gilli ?
Le foot, finalement, c’est ça : des décisions difficiles, des carrières qui basculent sur un match, une douleur, une parade. Et des histoires humaines qui nous tiennent en haleine jusqu’au coup de sifflet final.
(Article mis à jour le 30 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
