Vous vous souvenez de la dernière fois où Pau a foulé les pelouses de la grande Coupe d’Europe ? Moi non plus. Il faut remonter à la saison 2000-2001, une éternité. Aujourd’hui, la Section Paloise est de retour parmi l’élite continentale, et franchement, ça fait plaisir à voir.
Deuxième du Top 14 avec huit victoires en onze journées, seulement devancé par Toulouse au goal-average, le club béarnais vit une saison presque irréelle. Et pourtant, personne ne semble vraiment surpris dans les Pyrénées-Atlantiques. Parce que derrière cette belle série, il y a du travail, de la méthode et surtout une ambition assumée.
Un retour qui n’a rien d’un hasard
Quand on parle de Pau en Champions Cup, beaucoup haussent les épaules : « C’est mignon, mais ils vont prendre l’eau. » Moi, je n’en suis pas si sûr. Recevoir Northampton dès la première journée, c’est un sacré baptême du feu, mais c’est aussi l’occasion parfaite de montrer que le projet palois n’est pas juste un feu de paille.
Le manager Sébastien Piqueronies le dit sans détour : tous les matchs sont mis sur le même plan. Les victoires récentes contre Bordeaux-Bègles (34-33) et La Rochelle (53-33) – excusez du peu – valent autant que ce choc européen à ses yeux. Et quand tu alignes ça, tu te dis que le bonhomme ne rigole pas avec l’exigence.
« La Coupe des champions est abordée pour garder nos standards du Top 14 au plus haut niveau possible. J’ai mis tous les matches sur un pied d’égalité. »
Sébastien Piqueronies
Un effectif pensé pour la double compétition
La grande question qui revient toujours quand un « petit » retrouve l’Europe : est-ce que l’effectif tiendra la route sur deux tableaux ? À Pau, on répond sans trembler : oui. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
- 41 joueurs déjà utilisés en Top 14 depuis le début de saison
- Temps de jeu très équilibré dans le groupe
- Rotation massive sans baisse de niveau (victoires à Bordeaux et contre La Rochelle avec des compositions renouvelées)
- Même première ligne titularisée pour la troisième fois consécutive contre Northampton – signe de confiance
Cette gestion de l’effectif, c’est la marque de fabrique de l’équipe depuis deux ans. On a anticipé cette marche supplémentaire. On a construit en conséquence. Et ça paye cash.
Des absents, mais pas de panique
Évidemment, tout n’est pas rose. La liste des blessés fait mal : Émilien Gailleton, Sam Whitelock, Joe Simmonds, Théo Attissogbe, Lekima Maximin… Sans parler des internationaux en repos réglementaire (Auradou, Gorgadze, etc.). Ça fait du monde.
Mais là où certains clubs auraient pleuré, Pau sourit. Parce que les remplaçants ont déjà prouvé. Jack Maddocks au centre pour la première fois ? Pourquoi pas, l’Australien a l’expérience et la vista. Arfeuil et Laporte sur les ailes ? Des garanties. Et puis, il y a cette jeunesse qui pousse fort.
Alexandre Etchebehere, 21 ans, va connaître sa première titularisation en pilier droit. Quentin Valentino, 19 ans, sa première feuille de match en pro. C’est ça aussi, le projet palois : intégrer sans brûler les étapes, mais sans non plus les freiner quand le moment est venu.
Northampton, le test parfait
Les Saints débarquent au Stade du Hameau avec leur statut de finaliste 2024 et une équipe toujours aussi redoutable. Mais eux aussi ont leurs pépins : Tommy Freeman forfait, Courtney Lawes parti, George Furbank incertain… Ce n’est pas l’armada invincible qu’on imagine parfois.
Et puis, il y a cette stat qui donne le sourire : Pau est la seule équipe avec Toulouse à compter huit victoires après onze journées. Le Hameau est une forteresse. Et l’ambiance promise dimanche après-midi risque d’être brûlante.
« On assume de vouloir grandir. Donc il faut que dans ce niveau plus exigeant, notamment en termes d’intensité, on progresse. »
Sébastien Piqueronies
Une philosophie qui paye
Ce qui frappe à Pau, c’est la cohérence. On ne court pas après des stars à prix d’or. On construit un collectif, une identité, un état d’esprit. Le pack est devenu une machine à dominer. La défense est agressive. L’attaque ose. Et surtout, personne ne se cache derrière des excuses.
La Challenge Cup ces dernières années ? Un laboratoire génial pour faire grandir les jeunes. La Champions Cup maintenant ? Une étape logique. Pas une fin en soi, mais une opportunité énorme de se jauger face aux meilleurs.
Et si jamais ça coince sur certains matchs ? Tant pis. L’objectif n’est pas de tout casser dès la première année, mais de poser des bases solides. De montrer qu’un club peut grandir sans renier ses valeurs. Que l’on peut venir du Béarn et regarder les mastodontes dans les yeux.
Et après ?
Le calendrier est costaud : Bristol, Scarlets, Bulls… Pas de cadeau. Mais c’est exactement ce que Pau recherchait. Pas de voyage en Afrique du Sud dès le début comme en Challenge, mais du lourd à domicile et des déplacements qui forment la jeunesse.
Quatre matchs pour savoir si l’effectif est vraiment prêt. Quatre matchs pour comprendre jusqu’où cette Section peut aller. Et quelque part, quatre matchs pour rappeler à tout le rugby français qu’on peut réussir autrement.
Dimanche à 14 heures, le Stade du Hameau va vibrer. Peut-être plus fort qu’il n’a vibré depuis longtemps. Parce que ce n’est pas juste un match de rugby. C’est le retour d’un club qui a décidé de ne plus se contenter de survivre.
Pau assume. Pau avance. Et moi, j’ai hâte de voir ce que ça va donner.
Allez la Section. Montre-leur que le Béarn n’a pas fini de faire parler de lui.
