Vous souvenez-vous de l’époque où un gamin de 19 ans osait à peine rêver de finir dans les points sur une classique WorldTour ? Moi oui. Et puis il y a Paul Seixas. Le Lyonnais vient de lâcher son programme de début 2026 et, franchement, ça donne le vertige. Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège… On parle quand même de deux des courses les plus dures et les plus prestigieuses du calendrier. À cet âge-là, la plupart des coureurs découvrent encore le goût de la boue sur les kermesses belges. Lui, il se prépare à jouer des coudes avec les Pogacar, Van der Poel et compagnie.
Allez, on respire un coup et on plonge dans le détail, parce que ce calendrier n’a clairement pas été choisi au hasard.
Un début de saison taillé pour briller (et faire mal)
Paul Seixas ne fait jamais les choses à moitié. Après une saison 2025 déjà impressionnante – bronze aux Europe, 7e du Tour de Lombardie, 8e du Dauphiné –, le voilà qui attaque 2026 avec l’envie évidente de passer un cap. Et pas qu’un petit.
Son équipe a dévoilé le programme ce jeudi et, croyez-moi, ça sent la poudre dès février.
Le calendrier complet du début de saison
- 18-22 février : Tour de l’Algarve (Portugal) – parfait pour se remettre en jambes sous le soleil
- 28 février : Faun-Ardèche Classic – première vraie bagarre sur les bosses françaises
- 7 mars : Strade Bianche – les secteurs blancs, la poussière, le mythe
- 6-11 avril : Tour du Pays basque – six jours de montagne et de nervosité
- 22 avril : Flèche Wallonne – le Mur de Huy, juge de paix des puncheurs
- 26 avril : Liège-Bastogne-Liège – le Monument, celui qu’il a déjà gagné chez les juniors
Ensuite ? Rideau jusqu’en mai. L’équipe garde la suite sous le coude. Et c’est malin. Parce que tout le monde va scruter ces quatre mois pour deviner la suite… et surtout deviner si le Tour de France pointera le bout de son nez en juillet.
Des courses qui collent parfaitement à son style
Ce qui frappe, c’est la cohérence. On ne lui a pas collé n’importe quel programme de rentrée pour faire joli. Non, chaque course semble taillée sur mesure pour le profil du bonhomme.
« Nous avons construit mon début de saison autour de courses où je peux réellement m’exprimer et aller chercher une victoire. L’Ardèche, les Strade ou Liège sont des épreuves qui me tiennent à cœur et dont les profils me correspondent. »
Paul Seixas himself
Et il a raison. Regardez :
- Strade Bianche → explosivité sur les secteurs gravier + placement d’enfer
- Pays basque → succession de murs raides, parfait pour son punch
- Flèche Wallonne → le Mur de Huy, c’est 20 % pendant 1 km, pile ce qu’il adore
- Liège → longue distance, côtes sèches, attaque de loin… Il a déjà prouvé qu’il savait faire
On sent la patte d’un coureur qui sait exactement où il peut faire mal. Et ça, à 19 ans, c’est assez effrayant.
Liège-Bastogne-Liège : déjà un vieux fantasme
Petite parenthèse qui mérite d’être grande : Paul Seixas a déjà gagné Liège-Bastogne-Liège. Oui, vous avez bien lu. Chez les juniors, il y a un an à peine, il a levé les bras sur la ligne d’arrivée. À l’époque, ça avait fait sourire certains : « Sympa, mais attends de voir chez les pros… »
Eh bien on va voir. Et très vite. Parce que revenir sur « La Doyenne » dès sa deuxième année pro, c’est un message. Un gros.
Je me souviens encore de la finale juniors : attaque à 30 bornes de l’arrivée, solo, personne ne le revoit. Du pur Seixas. S’il reproduit ça en WorldTour… bon courage à la concurrence.
La préparation : trois semaines en Sierra Nevada
Avant de lancer les hostilités, le Lyonnais va s’offrir un gros bloc altitude. Direction la Sierra Nevada, en Espagne, pendant trois semaines. Classique me direz-vous. Sauf que quand tu as 19 ans et que tu prépares déjà Liège comme un objectif majeur, ça change un peu la donne.
À cet âge, le corps encaisse encore tout. Mais il encaisse aussi très bien les charges énormes. Et c’est peut-être là que se joue la différence entre un simple espoir et un futur grand.
Et le Tour de France dans tout ça ?
La question qui brûle toutes les lèvres, évidemment. Pour l’instant, silence radio. L’équipe dit qu’elle annoncera la suite en mai. Traduction : on regarde comment il passe le printemps, et on avisera.
Moi je vais être cash : s’il fait top 10 sur Strade et top 15 sur Liège, il sera très compliqué de le laisser à la maison en juillet. D’un autre côté, le priver d’un premier Tour à 20 ans (il les aura en mai) serait presque cruel tant il semble prêt mentalement.
Après, il y a la gestion de carrière. On a vu trop de jeunes exploser en vol après un Grand Tour trop précoce. Mais franchement, avec Seixas, j’ai l’impression qu’on est face à un ovni. Le genre de mec qui peut encaisser ça et en redemander.
Pourquoi ce programme fait saliver tout le cyclisme français
Parce qu’on a faim. Voilà. Ça fait longtemps qu’on attend un gamin capable de venir chatouiller les extraterrestres slovènes, belges ou danois dès ses premières années pro. On a eu Alaphilippe, Bardet, Pinot… des coureurs magnifiques, mais jamais un pur phénomène dès 19-20 ans comme Pogacar ou Evenepoel.
Seixas, lui, coche beaucoup de cases. Puissance, intelligence de course, culot, mental d’acier. Et surtout cette capacité rare à performer sur des terrains très différents : Lombardie (long et dur), Dauphiné (montagne), et maintenant les classiques ardennaises et italiennes.
S’il confirme au printemps, on tiendra peut-être enfin notre crack de la décennie.
Les risques d’un tel programme ?
Forcément, il y en a. On ne joue pas Liège-Bastogne-Liège à 19 ans sans prendre de risques. La fatigue, la pression médiatique, les attentes démesurées… Romain Bardet l’avait d’ailleurs dit récemment : « Le plus dur, c’est de garder l’insouciance. »
Seixas semble blindé mentalement, mais personne n’est à l’abri d’un passage à vide. Surtout quand tu vis sous le radar « prochain Pogacar » dès ta deuxième année.
Moi je mise sur l’équipe pour le protéger. Decathlon-AG2R a montré qu’ils savaient gérer les jeunes (voir Aurélien Paret-Peintre ou Valentin Paret-Peintre). Tant qu’ils gardent la tête froide, ça peut être magique.
Conclusion : 2026, l’année de la confirmation ?
Clairement. Paul Seixas ne se cache plus. Il a choisi un programme ambitieux, cohérent, excitant. Strade Bianche le 7 mars, Liège le 26 avril… deux dates à entourer en rouge sur le calendrier.
S’il lève les bras ne serait-ce qu’une fois au printemps, le cyclisme français va entrer dans une nouvelle ère. Et s’il échoue ? Ce ne sera pas une catastrophe. À 19 ans, on a le droit de tomber. L’important, c’est la trajectoire.
Et la trajectoire de Paul Seixas, pour l’instant, file tout droit vers les étoiles.
On se retrouve en mars pour les Strade. D’ici là, le gamin va bosser dans l’ombre de la Sierra Nevada. Et quelque part, tout le peloton le regardera déjà différemment.
Le cyclisme français retient son souffle. Et il a bien raison.
