Vous souvenez-vous de la claque que vous avez prise avec la première saison ? Moi oui. J’étais resté scotché devant mon écran, presque gêné de trouver ça aussi jouissif alors que ça cognait si fort. Deux ans plus tard, le revoilà. Et franchement, je me suis demandé si on pouvait faire encore plus intense. La réponse est arrivée dès les vingt premières minutes du premier épisode : oui, c’est possible.
Pax Massilia saison 2 : le retour des Cramés
Olivier Marchal n’a pas décidé de calmer le jeu. Au contraire. Là où beaucoup de séries policières françaises finissent par s’assagir à la deuxième saison, lui appuie sur l’accélérateur. On replonge direct dans le chaudron marseillais, mais cette fois, tout est plus noir, plus désespéré, plus viscéral.
Le pitch de départ est simple, presque brutal : Lyes Benamar, le flic cow-boy incarné par un Tewfik Jallab toujours aussi magnétique, est en prison. Ennemi public numéro 1. Sa tête est mise à prix, même derrière les barreaux. Ses anciens équipiers, ces Cramés qu’on avait appris à aimer détester, doivent faire sans lui. Et ils galèrent sévère.
Une saison qui commence en apnée
Les trois premiers épisodes que j’ai pu voir démarrent sur les chapeaux de roue. Pas de mise en route tranquille, pas de « rappel des épisodes précédents » chiant. Non. On est balancé direct dans le vif. Une exécution dans une cellule, une descente qui tourne au carnage, un gamin qui brûle vif dans une voiture… Ça ne rigole pas. Et pourtant, c’est filmé avec une maîtrise qui empêche la série de basculer dans le gore gratuit.
Ce qui frappe, c’est à quel point la fiction colle à la réalité brûlante de Marseille ces dernières années. Les règlements de comptes, les gamins sacrifiés, les nouvelles générations qui font encore plus peur que les anciennes… On a parfois l’impression de regarder un reportage, mais en mieux monté, en plus beau, en plus terrifiant.
« On n’est plus dans la drogue, on est dans la guerre. »
Un personnage dans l’épisode 2 – et on sent que c’est pas du cinéma.
Lyes en cage : le cœur battant de la saison
Tewfik Jallab porte la saison sur ses épaules, même enfermé. Son personnage est devenu une légende vivante, haï et admiré à la fois. On sent qu’il est prêt à tout pour sortir. Tout. Y compris replonger dans son passé et renouer avec Ali, ce frère de cité devenu baron de la drogue. La relation entre les deux hommes est l’un des fils rouges les plus passionnants de cette saison 2.
Et puis il y a cette tension permanente : va-t-il redevenir flic ? Va-t-il basculer complètement ? Marchal joue avec nos nerfs comme un chat avec une souris.
Les Cramés sans leur leader : ça sent la fin d’une époque
Sans Lyes, l’équipe des stups est perdue. Idir Azougli, Olivier Barthélémy, Lani Sogoyou, Samir Boitard… Tous excellents, tous paumés. Ils continuent à cogner, mais on sent que le cœur n’y est plus tout à fait. Jeanne Goursaud, qui joue Alice Vidal, apporte une touche de fraîcheur et de danger supplémentaire. Sa relation avec Lyes, à peine esquissée en saison 1, promet de belles étincelles.
- Idir Azougli toujours aussi impressionnant de présence
- Jeanne Goursaud qui s’impose comme la révélation
- Nicolas Duvauchelle en grand méchant qu’on adore détester
- Des seconds rôles ultra crédibles, souvent des acteurs locaux
La nouvelle génération qui fait peur
Le vrai danger ne vient plus des « vieux » barons. Non. Ce sont les jeunes. Ceux qu’on appelle les charos nouvelle vague. Plus violents, plus imprévisibles, sans code. Ils brûlent des gamins pour un regard de travers. Ils tirent dans les écoles. Ils veulent tout, tout de suite. Et ils sont prêts à faire exploser Marseille pour y arriver.
Cette génération est incarnée par des comédiens qu’on n’avait jamais vus. Et c’est terrifiant de réalisme. On pense forcément à certains faits divers récents. Marchal ne se cache pas : il filme ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il a vécu quand il était flic.
Un style Marchal poussé à son paroxysme
Visuellement, c’est du lourd. La caméra est nerveuse, presque maladive. Les plans séquences dans les cités sont suffocants. Les fusillades font un bruit qui vous reste dans les oreilles longtemps après. Et pourtant, il y a ces moments de respiration : la mer, le soleil, Notre-Dame de la Garde qui veille sur cette ville qu’on aime malgré tout.
La bande-son est parfaite. Entre rap marseillais et musique électronique tendue, on est immergés à 200 %. Et les dialogues… ah les dialogues. Crus, drus, parfois drôles malgré l’horreur. C’est du Marchal pur jus.
Une série qui divise, et c’est tant mieux
Soyons honnêtes : Pax Massilia saison 2 ne va pas plaire à tout le monde. C’est violent, parfois trop. C’est moralement ambigu. Les gentils ne sont pas si gentils, les méchants parfois touchants. Si vous cherchez une série policière propre sur elle, avec enquête tranquille et happy end, passez votre chemin.
Mais si vous avez aimé la saison 1, si vous aimez quand ça tape fort sans faire semblant, si vous voulez comprendre quelque chose à ce qui se passe vraiment dans certaines cités… alors là, vous allez vous régaler. Moi le premier.
Pourquoi cette saison 2 marque un tournant
Parce qu’elle va plus loin. Plus loin dans la noirceur, plus loin dans la critique du système, plus loin dans la désespérance. Et pourtant, il reste une forme d’humanité. Des personnages qu’on suit, qu’on plaint, qu’on admire parfois. C’est ça la grande force de Marchal : il ne juge pas. Il montre.
Et ce qu’il montre fait mal. Mais c’est nécessaire.
Alors oui, 3,5/5 comme certains confrères. Peut-être même 4/5 quand j’aurai vu la fin. Parce que pour l’instant, je suis encore sonné. Et impatient de voir la suite.
Une chose est sûre : Marseille n’a jamais été aussi bien filmée. Et jamais aussi mal en point.
Disponible dès maintenant en intégralité. Six épisodes. Préparez-vous. Ça va secouer.
