Vous vous rendez compte ? Cent fois. Cent matchs de Ligue des Champions rien qu’avec le même maillot sur les épaules. Quand on y pense, c’est presque absurde tant la longévité au très haut niveau paraît irréelle dans le football moderne.
Ce mardi soir, face au Bayer Leverkusen, Pep Guardiola va franchir ce cap symbolique. Et comme à son habitude, le Catalan a choisi l’ironie pour désamorcer l’émotion. « Je réalise que je vieillis », a-t-il lâché avec ce petit sourire en coin qu’on lui connaît. Franchement, on aurait tous aimé avoir l’air aussi jeune à 54 ans avec un CV pareil.
Un record qui raconte une histoire de fidélité rare
Derrière la blague se cache une réalité peu commune dans le football d’aujourd’hui : Pep Guardiola est devenu l’entraîneur le plus fidèle à un club en Ligue des Champions depuis… très longtemps. Neuf saisons pleines à Manchester City (bientôt dix), c’est énorme quand on sait que le turnover sur les bancs européens ressemble souvent à un jeu de chaises musicales.
Regardez autour de lui : Ancelotti a promené son calme olympien dans cinq clubs différents en C1, Mourinho dans six, Zidane a fait l’essentiel au Real mais en pointillé… Pep, lui, a choisi de construire quelque chose dans la durée à City. Et le résultat parle de lui-même.
« Chaque week-end, il y a un nouvel événement à célébrer »
Pep Guardiola, avec son sens de l’autodérision
Il y a quelques semaines, c’était déjà le millième match de sa carrière d’entraîneur. Là, c’est le centième en C1 avec les Skyblues. On sent presque le mec qui se dit intérieurement : « Bon sang, ça fait longtemps que je fais ça. »
Ce que ce chiffre dit vraiment de son aventure anglaise
Cent matchs, cela veut dire que depuis 2016, Manchester City a quasiment toujours été présent au rendez-vous européen. Pas de saison blanche, pas d’absence prolongée. Même les années compliquées, celles où le tirage au sort semblait sadique, l’équipe était là.
Et surtout, cela signifie que le projet a tenu la route. Quand il est arrivé, beaucoup pensaient qu’il allait faire un passage éclair, deux-trois ans maximum, le temps de tout casser et de repartir vers d’autres défis. Neuf ans plus tard, il est toujours là, à peaufiner, à ajuster, à chercher la perfection qui, il le sait mieux que personne, n’existe pas.
- 2016-2017 : première campagne, élimination en 8e par Monaco (remember le but de Falcao ?)
- 2023 : enfin la consécration à Istanbul face à l’Inter
- 2025 : toujours dans le Top 8 à mi-parcours de la nouvelle formule
Entre ces deux extrêmes, il y a eu des larmes, des polémiques, des chef-d’œuvres tactiques et des nuits où tout a basculé sur un détail. Cent matchs, c’est tout ça à la fois.
L’ironie comme bouclier émotionnel
Quand il dit « un nouvel événement à célébrer », on entend presque le sous-texte : « Arrêtez avec les fleurs, on a du boulot. » C’est du Pep tout craché. L’homme déteste les effusions. Il préfère détourner l’attention avec une phrase qui fait rire les journalistes plutôt que de se laisser embarquer dans un hommage qu’il trouverait probablement gênant.
Mais on le connaît maintenant. Derrière le sarcasme, il y a une immense fierté. Celle d’avoir bâti quelque chose de durable dans un club qui, avant lui, n’avait jamais vraiment pesé en Europe.
« Se mesurer aux meilleures équipes d’Europe est une expérience incroyablement enrichissante »
Là, il redevient sérieux. Parce que oui, la Ligue des Champions, c’est son jardin secret. C’est là qu’il a tout gagné avec le Barça, c’est là qu’il a parfois trébuché avec le Bayern, et c’est là qu’il a enfin soulevé le trophée tant désiré avec City.
Leverkusen, un adversaire qui ne vient pas en victime
Mais revenons à ce mardi soir. Le Bayer Leverkusen n’arrive pas à l’Etihad en touriste. L’équipe allemande reste sur une série impressionnante en championnat et, même si leur campagne européenne est compliquée pour l’instant, on sait tous de quoi Xabi Alonso est capable quand il sent le parfum des grands matchs.
Guardiola le sait mieux que quiconque. Il a affronté l’élève quand il dirigeait encore le maître (Mourinho, Ancelotti, etc.). Aujourd’hui, c’est l’inverse. Et franchement, ça rajoute du sel à l’histoire.
City reste sur trois victoires et un nul en phase de ligue. Une place dans le Top 8 direct est en jeu. Avec Rodri et Kovacic toujours blessés, ça sent le match piège. Pep le sait, il l’a dit : « Demain, contre le troisième de Bundesliga, c’est extrêmement important. » Traduction : pas question de rigoler.
Et après ? Vers un dixième anniversaire ?
L’été prochain marquera dix ans depuis son arrivée à Manchester. Dix ans. Dans le football d’aujourd’hui, c’est une éternité. On commence à se poser la question : jusqu’où ira-t-il ? Son contrat court jusqu’en 2026, mais tout le monde sait que chez City, les contrats, c’est surtout du papier quand la passion est toujours là.
Ce qui est sûr, c’est que tant qu’il sent qu’il peut encore apporter quelque chose, il restera. Et tant que les joueurs continueront à le suivre aveuglément – regardez les yeux de Foden ou de Haaland quand il parle –, le club ne le laissera pas partir.
Cent matchs aujourd’hui. Peut-être cent cinquante demain ? L’histoire n’est clairement pas terminée.
En attendant, ce mardi soir, on regardera autre chose que le simple match. On regardera un homme qui, à 54 ans, continue de défier le temps et les statistiques. Un homme qui ironise sur sa propre longévité parce que, finalement, il sait mieux que personne que dans ce métier, rien n’est jamais acquis.
Mais cent matchs de Ligue des Champions avec le même club ? Ça, c’est déjà gravé dans le marbre. Et ça, personne ne pourra le lui enlever.
