Quand j’ai appris que je serais papa pour la deuxième fois, j’ai commencé à lire tout ce qui passait sur les « dangers invisibles » de la grossesse. Franchement, au début, je trouvais ça un peu excessif. Et puis un jour, ma femme m’a montré un ticket de caisse tout froissé et m’a demandé : « Tu crois que ça peut faire du mal au bébé ? » J’ai rigolé. Deux ans plus tard, je n’ai plus du tout envie de rire.
Une étude toute récente vient de jeter un pavé dans la mare : deux substances qu’on croise absolument partout pourraient, quand la maman y est exposée en fin de grossesse, augmenter le risque de troubles du comportement chez l’enfant. Pas n’importe quels troubles : anxiété, agressivité, difficultés relationnelles, déficit de l’attention… Bref, tout ce qu’on redoute le plus pour nos petits.
Deux coupables qu’on invite chez nous tous les jours
Les deux molécules pointées du doigt ? Le méthylparabène et le bisphénol S. Des noms barbares, mais des présences ultra familières.
Le premier est un conservateur qu’on retrouve dans une quantité impressionnante de produits : crèmes hydratantes, shampoings, gels douche, mais aussi certains aliments transformés – oui, même dans la gelée des pâtés ou certains biscuits apéritifs. Le second ? C’est le « remplaçant » du bisphénol A qu’on a banni il y a quelques années. Sauf qu’on l’a mis à peu près partout : tickets de caisse thermique, plastiques alimentaires, boîtes de conserve, matériel électronique… Vous voyez le piège ? On a viré un loup pour en faire entrer un autre déguisé en agneau.
« On interdit les substances les unes après les autres au lieu de raisonner par famille chimique. Résultat : on se retrouve avec des remplaçants qui ont exactement la même structure et potentiellement les mêmes effets. »
Une chercheuse en épidémiologie environnementale
Pourquoi le troisième trimestre est-il si sensible ?
C’est à ce moment-là que le cerveau du bébé se structure à toute vitesse. Les connexions neuronales se forment par millions chaque seconde. Imaginez une immense autoroute en construction : si on répand du gravier ou des produits toxiques sur le chantier, même en petite quantité, les conséquences peuvent être durables.
Les chercheurs ont mesuré l’exposition à ces deux substances grâce à des analyses d’urine répétées – jusqu’à 42 prélèvements par femme pendant la grossesse. Résultat ? Pratiquement 100 % des femmes présentaient des traces de bisphénol S. Pour le méthylparabène, c’est presque pareil.
Les enfants suivis jusqu’à 9 ans
Ce qui rend cette étude particulièrement solide, c’est sa durée. Les familles ont répondu à des questionnaires réguliers pendant presque dix ans. Et les résultats font froid dans le dos : les enfants dont les mamans avaient les taux les plus élevés de ces deux substances pendant le dernier trimestre présentaient nettement plus souvent :
- Des signes d’anxiété plus marqués
- Des comportements agressifs plus fréquents
- Des difficultés à se concentrer
- Des problèmes relationnels avec les autres enfants
Attention, on ne parle pas de lien de cause à effet prouvé à 100 %. Les chercheurs restent prudents – c’est une des toutes premières études de ce type. Mais le signal est suffisamment fort pour qu’on prenne les choses au sérieux.
Où se cachent vraiment ces deux intrus ?
Je vous fais une petite liste « choc » des endroits où on les retrouve (et croyez-moi, vous allez regarder différemment vos placards) :
- Cosmétiques avec la mention « paraben » (même si c’est écrit « methylparaben » en tout petit)
- Ticket de caisse des magasins, supermarchés, parking (le papier thermique, c’est du bisphénol S à l’état pur)
- Boîtes de conserve (revêtement interne)
- Bouteilles en plastique polycarbonate (certains récipients réutilisables)
- Emballages alimentaires micro-ondables
- Papiers de bonbons ou certains emballages de biscuits
- Même certains jouets ou matériel électronique bon marché
Le pire ? On absorbe ces substances par la peau (crème, ticket de caisse), par la bouche (aliment contaminé) et même par inhalation (poussières de maison contenant des résidus).
Des gestes simples qui changent (presque) tout
En attendant que la réglementation bouge – parce que oui, interdire un bisphénol pour le remplacer par un autre du même tonneau, c’est un peu se moquer du monde – on peut déjà agir à notre niveau.
Voici ce que je fais depuis que j’ai pris conscience du problème (et croyez-moi, ma femme valide à 200 %) :
- Refuser systématiquement les tickets de caisse (ou demander la version numérique)
- Privilégier les cosmétiques sans parabens et certifiés bio quand c’est possible
- Éviter de chauffer des aliments dans du plastique au micro-ondes
- Choisir des contenants en verre ou en inox pour conserver les repas
- Bannir les boîtes de conserve quand on a le choix (légumes frais ou surgelés)
- Aérer régulièrement la maison (les poussières accumulent ces substances)
- Se laver les mains après avoir manipulé des tickets ou des emballages suspects
Ça paraît contraignant dit comme ça, mais en réalité, une fois les nouvelles habitudes prises, c’est presque automatique.
Et demain ?
Les chercheurs espèrent lancer une cohorte encore plus massive – on parle de 100 000 personnes – pour confirmer ou infirmer ces résultats. En attendant, le principe de précaution me semble être la seule attitude raisonnable.
Parce que franchement, entre prendre deux secondes pour refuser un ticket de caisse ou risquer d’augmenter – même légèrement – le risque que mon enfant développe de l’anxiété ou des troubles de l’attention… le choix est vite fait.
« On ne pourra jamais éliminer totalement l’exposition, mais on peut déjà la réduire fortement avec des gestes du quotidien très simples. »
Alors oui, je suis peut-être devenu un peu « parano ». Mais quand il s’agit de la santé de mes enfants, je préfère largement passer pour un père prudent que pour un parent qui regrette de ne pas avoir su.
Et vous, vous étiez au courant de tout ça ? Dites-moi en commentaire si vous avez déjà changé certaines habitudes pendant la grossesse ou si cet article vous donne envie de le faire. Parce qu’on est nombreux dans le même bateau, et partager nos astuces, ça aide tout le monde.
Prenez soin de vous… et de ceux qui ne sont pas encore là.
