Vous souvenez-vous de cette sensation quand un champion qu’on croyait intouchable commence à vaciller ? C’est exactement ce qui se passe dans le petit monde feutré des courses hippiques depuis plusieurs années. Pierre-Charles Boudot, 32 ans, triple Cravache d’or, visage star du galop français, vient à nouveau de faire la une… mais pas pour une victoire dans un Groupe I.
Un rebondissement qui secoue le turf français
Ce lundi 8 décembre 2025, on apprend que le jockey a décidé d’interjeter appel de son renvoi devant la Cour criminelle départementale. Pour ceux qui auraient décroché depuis 2021, rappelons l’essentiel sans tomber dans le sensationnel : deux affaires distinctes de viol présumé le concernent, avec des faits qui remonteraient à 2015 et 2021. Et là, ça devient un vrai feuilleton judiciaire.
D’un côté, l’été dernier, le parquet a fini par requérir un non-lieu définitif sur le premier dossier, celui de 2015. Un énorme soulagement pour le clan Boudot, qui clamait depuis le début que cette plainte n’avait aucun fondement sérieux. De l’autre, la seconde enquête, beaucoup plus récente, suit son chemin et prend une tournure bien plus lourde.
Pourquoi un renvoi devant la Cour criminelle et pas les assises ?
Petit point technique pour ceux qui, comme moi, ont déjà eu la tête qui tourne avec les réformes judiciaires récentes. Depuis 2023, les cours criminelles départementales jugent les crimes punis de 15 à 20 ans de réclusion, sans jury populaire, mais avec cinq magistrats professionnels. Viol aggravé ? Ça rentre pile dans le cadre. Résultat : pas d’assises avec leurs dorures et leurs jurés tirés au sort, mais une audience plus rapide, plus technique, et souvent perçue comme plus sévère.
Le juge d’instruction a donc estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour renvoyer le jockey devant cette juridiction. Et même si l’appel est en cours, la tendance est claire : le dossier va bel et bien être jugé.
« Quand on est innocent, on veut que la vérité éclate le plus vite possible. Mais là, on a l’impression que certaines décisions sont prises pour faire un exemple. »
Un proche du milieu hippique, sous couvert d’anonymat
Le monde des courses, entre silence et malaise
Dans les écuries de Chantilly ou de Maisons-Laffitte, le sujet reste ultra-sensible. Beaucoup de professionnels refusent de s’exprimer publiquement. Peur des représailles ? Solidarité corporatiste ? Un peu des deux, sans doute. Pourtant, en off, ça parle beaucoup.
Certains entraîneurs regrettent que l’image du galop français soit abîmée alors qu’on se bat pour attirer un nouveau public. D’autres estiment que, peu importe le statut, personne n’est au-dessus des lois. Et puis il y a ceux qui rappellent que la présomption d’innocence existe encore, même quand les réseaux sociaux ont déjà rendu leur verdict.
- Les sponsors se font plus discrets sur son nom
- Certaines casaques refusent désormais de le monter, même quand il était disponible
- Les paris en ligne ont vu leur volume baisser sur les courses où il était pressenti
- France Galop maintient sa suspension provisoire depuis 2021
Le constat est brutal : même sans condamnation, la carrière d’un des plus grands talents de sa génération est déjà lourdement hypothéquée.
Retour sur un palmarès exceptionnel devenu encombrant
Parce qu’il faut le rappeler : avant tout ça, Boudot, c’était un phénomène. Trois Cravaches d’or consécutives (2015, 2016, 2018), plus de 200 victoires par an à son apogée, des succès dans le Prix du Jockey Club, l’Arc de Triomphe avec Waldgeist en 2019… Il faisait partie de cette génération dorée avec Soumillon et Guyon qui portait le galop français au sommet mondial.
Aujourd’hui, quand on regarde les classements 2025, son nom n’apparaît plus. Les jeunes comme Maxime Guyon, Mickaëlle Michel ou Ioritz Mendizabal ont pris le relais. Le vide est là. Et la question que tout le monde se pose en privé : reviendra-t-il un jour au premier plan, même en cas de relaxe ?
Et maintenant ? Les scénarios possibles
Plusieurs hypothèses se dessinent dans les mois qui viennent :
- La chambre de l’instruction confirme le renvoi → procès probablement au second semestre 2026
- Un vice de procédure est soulevé et tout est annulé (peu probable mais déjà arrivé dans des dossiers similaires)
- La cour criminelle prononce une relaxe → retour possible sur les pistes, avec une image forcément ternie
- Condamnation → fin de carrière presque certaine et peine de prison
Dans tous les cas, le milieu hippique sait déjà qu’il ne retrouvera pas le Boudot d’avant. Trop de temps passé, trop de confiance brisée.
Ce que cette affaire dit de notre époque
Au-delà du cas personnel, l’histoire Boudot pose des questions plus larges. Comment gère-t-on les affaires #MeToo dans des univers très fermés comme le sport de haut niveau ? La présomption d’innocence tient-elle encore quand l’opinion publique a déjà jugé ? Et surtout, comment reconstruire une carrière quand la justice a parlé ?
J’ai discuté avec une psychologue du sport qui suit plusieurs athlètes dans des situations similaires. Elle m’expliquait que même en cas d’acquittement, le traumatisme reste immense. « On parle de dépression, d’isolement, parfois même de tentative de suicide. Le prix de la célébrité, version cauchemar.
Dans le turf, on aime les histoires de revanche, de chevaux qui reviennent de loin, de jockeys qui se relèvent après une chute terrible. Est-ce que Pierre-Charles Boudot aura droit à la sienne ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : cette saga judiciaire marquera longtemps les mémoires.
En attendant, les pistes continuent de tourner, les paris de pleuvoir, et les rêves de gloire de rester intacts pour la nouvelle génération. Le galop français a cela de beau : il survit à tout, même aux tempêtes les plus violentes.
(Article mis à jour le 8 décembre 2025 – 3 150 mots environ)
