Il y a des moments où le foot dépasse le simple résultat. Samedi soir, Monaco vient de battre le PSG 1-0 sur un but tardif, le genre de victoire qui fait du bien au moral après trois défaites de rang. Tout le monde est content, sauf que… l’ambiance au Louis-II reste fidèle à sa réputation : polie, mais pas franchement bouillante.
Et là, Paul Pogba, entré en jeu à la 86ᵉ pour son grand retour en Ligue 1 après deux ans loin des terrains, décide d’aller remercier les supporters qui sont restés. Micro en main, il balance la phrase qui va tout déclencher.
« Il faut mettre plus d’ambiance » : la phrase de trop ?
Imaginez la scène. Le champion du monde 2018, tout juste de retour d’une suspension qui a failli briser sa carrière, se pointe devant le parcage des fans monégasques et lâche, avec le sourire : « Écoutez, il faut mettre plus d’ambiance. Il faut mettre l’ambiance ! »
Dans n’importe quel autre stade français, ça passerait crème. À Marseille, Lyon ou Saint-É́tienne, on lui aurait peut-être même répondu par un « T’es chez toi ici Pioche ! ». Mais à Monaco, c’est différent. Très différent.
« T’inquiète pas, l’ambiance on la met depuis 30 ans, mec. Maintenant, mouillez le maillot les gars ! »
La réponse cinglante venue des tribunes, mégaphone en main
Le silence qui suit est presque comique. Pogba reste scotché deux secondes, puis éclate de rire, applaudit et promet que ça va changer. Fin de l’histoire ? Non, début d’une séquence qui tourne en boucle depuis vingt-quatre heures.
Pourquoi cet échange fait autant parler
D’abord parce qu’il est authentique. Pas de script, pas de mise en scène. Juste un joueur qui veut bien faire et des supporters qui, eux, ont vu passer trop de stars sans trop de cœur au ventre.
Ensuite parce qu’il touche un point sensible : l’ambiance au Stade Louis-II. On le sait, Monaco n’a jamais été le chaudron du championnat de France. Le public est souvent chic, parfois touristique, rarement en feu douze mois sur douze. Et ça, les supporters historiques le vivent comme une injustice permanente.
- Ils étaient là lors de la remontée en Ligue 1 en 2013
- Ils ont fêté le titre de 2017 dans une ambiance de folie
- Mais ils subissent aussi les critiques depuis trente ans sur leur prétendu « manque de passion »
Alors quand une star mondiale débarque et leur dit cash « mettez plus d’ambiance », c’est la goutte d’eau. Le retour de bâton était inévitable.
Pogba, entre maladresse et sincérité
Est-ce que Paul Pogba a été maladroit ? Peut-être un peu. Il sort de deux années compliquées, il redécouvre la Ligue 1, il veut créer du lien. Son « il faut mettre l’ambiance » part sûrement d’une bonne intention : motiver tout le monde, joueurs comme supporters.
Mais il tombe sur un os. Les ultras monégasques n’ont pas attendu l’arrivée de la Pioche pour pousser derrière leur équipe. Et ils n’ont surtout pas digéré les dernières semaines : trois défaites de suite, un jeu parfois insipide, des recrues qui peinent à s’imposer.
Leur réponse n’est pas seulement drôle. Elle est profondément honnête. « On fait notre part depuis trente ans, à vous de faire la vôtre. » C’est tout le contrat moral entre un club et ses fans, résumé en une phrase.
Le Louis-II, un stade à part
Il faut vivre à Monaco pour comprendre. Le stade est magnifique, coincé entre la mer et la montagne, mais il reste un ovni dans le paysage français. 16 000 places, beaucoup de loges, un public international, des touristes qui viennent voir le PSG ou Manchester en Ligue des Champions plus que Brest ou Toulouse.
Pourtant, il y a toujours eu un noyau dur. Les Munegus, les ultras de la tribune Pesage, ont une vraie identité. Ils chantent, ils voyagent, ils mettent le feu quand l’équipe le mérite. Mais ils ne sont pas 30 000. Et ils en ont marre qu’on leur reproche l’ambiance globale alors qu’eux font le boulot.
J’ai déjà assisté à des Monaco-PSG où l’ambiance était dingue, notamment lors du titre 2017. Mais aussi à des matchs où tu pouvais entendre une mouche voler. C’est la réalité du club princier : un entre-deux permanent.
Et maintenant ?
Ce qui est beau dans cette histoire, c’est que personne n’en veut vraiment à Pogba. Les supporters ont ri, lui aussi. Sur les réseaux, les Monégasques défendent même leur nouveau milieu : « Il va comprendre, il va s’intégrer, et on va tous pousser ensemble. »
Prochain rendez-vous : Brest, le 5 décembre. Si l’équipe enchaîne, si Pogba prend ses marques, si les victoires s’enchaînent, l’histoire d’aujourd’hui deviendra une anecdote rigolote qu’on racontera dans dix ans.
Mais si les résultats continuent de patiner, ce petit échange deviendra le symbole d’un divorce jamais totalement consommé entre une partie du public et certains joueurs.
Pogba peut-il devenir le lien qui manquait ?
Paradoxalement, cet épisode maladroit pourrait être le meilleur cadeau fait au vestiaire monégasque. Pogba a montré qu’il voulait s’impliquer, qu’il n’était pas là en touriste. Il a pris un retour de volée, il a souri, il a promis de mouiller le maillot.
À 32 ans, après tout ce qu’il a vécu – suspension, blessures, critiques –, il sait que les mots ne suffisent plus. Il doit prouver sur le terrain. Et quand il le fera, les mêmes supporters qui l’ont chambré hier le porteront aux nues.
Le foot, c’est ça aussi. Des échanges cash, des vérités qui claquent, et parfois une réconciliation sur un tacle glissé ou un but en lucarne.
En attendant, on a tous une nouvelle vidéo culte à se repasser en boucle. Et quelque part, même les supporters monégasques doivent se dire : « Bon, au moins, avec Pogba, ça va être animé. »
Et vous, vous auriez répondu quoi à Pogba à la place des ultras ? Dites-le en commentaire, on en rigole encore longtemps de celle-là.
