En me promenant dans les rues de Créteil un soir d’été, je ne pouvais m’empêcher de remarquer l’ambiance paisible des quartiers. Les familles flânaient près du lac, les commerçants plaisantaient avec leurs clients, et pourtant, une question persistait dans mon esprit : une ville de cette taille, avec plus de 90 000 habitants, peut-elle vraiment se passer d’une police municipale ? Ce débat, qui agite la capitale du Val-de-Marne depuis des années, refait surface avec une intensité nouvelle en cette année 2025.
Créteil face au dilemme de la police municipale
Dans un département où presque toutes les communes ont adopté une police municipale, Créteil fait figure d’exception. Avec Ivry-sur-Seine, elle est l’une des deux seules villes du Val-de-Marne à ne pas disposer de ce service. Mais est-ce un choix audacieux ou une lacune à combler ? Pour répondre à cette question, la municipalité a récemment commandé une étude indépendante. Les résultats ? Une criminalité stable, selon les experts, mais un débat loin d’être clos.
Une ville sûre, vraiment ?
Le maire, en poste depuis des décennies, défend avec conviction la sécurité de sa commune. Selon lui, Créteil reste une ville où il fait bon vivre, avec un taux de criminalité maîtrisé. Les chiffres de l’étude semblent lui donner raison : les vols, agressions et délits mineurs n’ont pas connu d’envolée ces dernières années. Mais je me demande parfois si ces statistiques racontent toute l’histoire.
Créteil est une ville où la sécurité est sous contrôle, grâce à une collaboration étroite avec la police nationale et nos agents municipaux.
– Un élu local
Pourtant, en discutant avec des habitants près du centre commercial Créteil Soleil, j’ai entendu des avis plus nuancés. Si certains se sentent en sécurité, d’autres regrettent l’absence d’une présence plus visible dans les rues. Une mère de famille m’a confié : « La nuit, dans certains quartiers, on ne se sent pas toujours rassuré. Une police municipale pourrait changer la donne. »
L’opposition hausse le ton
Du côté de l’opposition, le discours est sans équivoque : Créteil doit se doter d’une police municipale, et vite. Les élus d’opposition soulignent que la ville est une anomalie, étant la seule préfecture en France à ne pas avoir ce service. Ils estiment que les îlotiers municipaux, actuellement en place, ne suffisent pas à répondre aux défis d’une commune aussi grande.
- Rôle limité des îlotiers : Ces agents, bien que présents, se concentrent sur la prévention et n’ont pas les mêmes prérogatives qu’une police municipale.
- Demande croissante : Les habitants souhaitent une présence plus marquée dans les quartiers sensibles.
- Comparaison régionale : Les villes voisines, comme Vitry-sur-Seine, ont déjà adopté des polices municipales avec succès.
Un conseiller d’opposition, également candidat aux municipales de 2026, martèle que la sécurité doit devenir une priorité. « Une police municipale, c’est une réponse concrète aux attentes des citoyens », affirme-t-il. Mais cette proposition ne fait pas l’unanimité, et certains y voient une démarche coûteuse et symbolique.
Les scénarios à l’étude
L’étude commandée par la municipalité explore deux options principales. La première consiste à renforcer les moyens existants, notamment en augmentant le nombre d’îlotiers et en améliorant leur formation. La seconde, plus ambitieuse, propose la création d’une véritable police municipale. Mais quelle est la meilleure voie ?
| Option | Avantages | Inconvénients |
| Renforcer les îlotiers | Coût modéré, continuité du système actuel | Prérogatives limitées, impact réduit |
| Créer une police municipale | Présence renforcée, dissuasion accrue | Coût élevé, mise en place complexe |
Le coût d’une police municipale est un point sensible. Recrutement, formation, équipements : les dépenses pourraient se chiffrer en millions d’euros. Dans une ville où le budget est déjà sous pression, cette option divise. Certains habitants se demandent si cet argent ne serait pas mieux investi dans l’éducation ou les infrastructures.
Le vécu des habitants : entre sérénité et inquiétude
Pour mieux comprendre l’enjeu, j’ai passé du temps à échanger avec les Cristoliens. Dans le quartier du Palais, un commerçant m’a expliqué qu’il n’avait jamais été victime d’un vol, mais qu’il entendait souvent parler d’incivilités. À l’inverse, dans le quartier des Bleuets, une retraitée m’a confié se sentir moins en sécurité qu’il y a dix ans. Ces témoignages montrent une réalité contrastée.
Une police municipale, pourquoi pas ? Mais il faut surtout éduquer les jeunes et prévenir les problèmes à la source.
– Un habitant de Créteil
Ce qui frappe, c’est la diversité des attentes. Certains veulent une présence policière plus visible, d’autres privilégient des solutions comme la médiation ou les caméras de surveillance. Une chose est sûre : les habitants veulent être entendus.
Un contexte régional à considérer
Créteil ne vit pas en vase clos. Dans le Val-de-Marne, des villes comme Champigny-sur-Marne ou Saint-Maur-des-Fossés ont mis en place des polices municipales avec des résultats variés. À Vitry-sur-Seine, par exemple, les agents municipaux patrouillent régulièrement, ce qui rassure une partie de la population. Mais est-ce un modèle universel ?
- Exemple de Vitry : Une police municipale active, mais des défis persistent dans certains quartiers.
- Coût moyen : Une petite police municipale peut coûter entre 1 et 2 millions d’euros par an.
- Collaboration nationale : Toute police municipale doit travailler en tandem avec la police nationale.
Dans ce contexte, Créteil doit peser le pour et le contre. Adopter une police municipale pourrait aligner la ville sur ses voisines, mais au prix d’un effort financier et organisationnel conséquent.
Vers une décision en 2026 ?
Avec les élections municipales de 2026 en ligne de mire, la question de la police municipale devient un enjeu politique majeur. Le maire actuel, fort de son expérience, mise sur la stabilité et la prévention. L’opposition, elle, voit dans ce projet une opportunité de marquer des points. Mais au-delà des querelles politiques, c’est l’avenir de Créteil qui se joue.
Personnellement, je trouve que ce débat reflète une tension universelle : comment concilier sécurité, budget et qualité de vie ? Créteil, avec son histoire et sa diversité, mérite une solution sur mesure. Une police municipale n’est pas une baguette magique, mais elle pourrait être un outil parmi d’autres.
Et maintenant ?
Alors, Créteil franchira-t-elle le pas ? Pour l’instant, la municipalité prend son temps, analysant les options avec prudence. Les habitants, eux, attendent des réponses concrètes. Une chose est certaine : ce débat ne s’éteindra pas de sitôt, et il continuera d’animer les discussions dans les cafés, les marchés et les conseils municipaux.
En repensant à ma balade dans les rues de Créteil, je me dis que cette ville a un potentiel immense. Avec ou sans police municipale, son avenir dépendra de sa capacité à écouter ses citoyens et à trouver un équilibre entre sécurité et convivialité. Et vous, que pensez-vous de ce débat ?
