Imaginez un pays où, en l’espace de quelques années, le paysage politique bascule complètement. Des partis traditionnels qui s’effritent, une extrême droite qui s’impose comme une force incontournable, et un président qui jongle avec des équilibres fragiles pour nommer un gouvernement. Bienvenue au Portugal en 2025, où l’actualité politique ne laisse personne indifférent. J’ai toujours trouvé fascinant de voir comment un petit pays comme celui-ci, souvent perçu comme discret sur la scène européenne, peut devenir le théâtre d’une transformation aussi spectaculaire. Alors, que se passe-t-il vraiment à Lisbonne ?
Le Portugal traverse une période de bouleversements politiques majeurs. Après des élections législatives anticipées, le président Marcelo Rebelo de Sousa s’apprête à nommer un nouveau Premier ministre, probablement le sortant Luis Montenegro. Mais ce choix ne va pas sans défis. Avec la montée en puissance du parti d’extrême droite Chega, devenu la première force d’opposition, le pays entre dans une nouvelle ère où les équilibres traditionnels sont remis en question. Cet article plonge dans les coulisses de cette transition, explore les enjeux et décrypte ce que cela signifie pour l’avenir du Portugal.
Un Tournant Politique au Portugal
Le 18 mai 2025, les Portugais se sont rendus aux urnes pour des élections législatives anticipées, les troisièmes depuis 2022. Pourquoi autant de scrutins en si peu de temps ? La réponse réside dans une instabilité politique croissante. Luis Montenegro, leader du Parti social-démocrate (PSD, centre-droit), avait tenté de stabiliser son gouvernement en 2024, mais des soupçons de conflits d’intérêts ont conduit à un vote de confiance perdu, forçant la dissolution du Parlement. Aujourd’hui, le président Rebelo de Sousa doit naviguer dans un paysage politique fragmenté pour former un gouvernement viable.
Ce qui rend cette situation particulièrement intrigante, c’est l’émergence de Chega, un parti qui, il y a encore six ans, n’existait même pas. Dirigé par André Ventura, un ancien commentateur sportif charismatique, Chega a su capter l’attention d’une partie de l’électorat en promettant un changement radical. Avec 60 sièges au Parlement, contre 50 lors de la précédente législature, le parti s’impose comme une force incontournable. Mais peut-on vraiment parler de stabilité quand un parti aussi jeune et controversé devient la deuxième force politique du pays ?
Les Consultations : Un Équilibre Délicat
Le président Marcelo Rebelo de Sousa, figure conservatrice et respectée, a entamé une série de consultations avec les trois principaux partis représentés au Parlement : le Parti socialiste, Chega, et le PSD de Luis Montenegro. Ces rencontres, débutées le 29 mai 2025, visent à garantir une stabilité politique dans un contexte où aucun parti n’a obtenu la majorité absolue. Avec seulement 91 sièges sur les 230 du Parlement, l’Alliance démocratique (AD), menée par Montenegro, doit composer avec des alliances ou des compromis.
J’attends des garanties de stabilité de la part des partis.
– Marcelo Rebelo de Sousa
Le président a clairement indiqué qu’il souhaite une solution rapide, potentiellement dès la fin des consultations. Mais la tâche est ardue. Le Parti socialiste, avec 58 députés, se repositionne comme une opposition constructive, prête à dialoguer pour soutenir des mesures clés, comme le budget de l’État. De son côté, Chega se présente comme le parti de l’ordre et de la stabilité, une promesse qui contraste avec son discours souvent disruptif. Comment ces forces vont-elles cohabiter ?
Chega : La Montée d’une Nouvelle Force
Il est difficile d’ignorer l’ascension fulgurante de Chega. Créé en 2019, le parti d’André Ventura a su capitaliser sur le mécontentement d’une partie de la population face aux partis traditionnels. En remportant deux des quatre sièges réservés aux Portugais de l’étranger, Chega a consolidé sa position comme première force d’opposition. Mais qu’est-ce qui explique cet engouement ?
- Discours populiste : André Ventura, 42 ans, utilise un langage direct et émotionnel, promettant de défendre les intérêts du peuple portugais.
- Rupture avec le bipartisme : Les résultats des élections de 2025 ont brisé la domination du PSD et du Parti socialiste, qui se partageaient traditionnellement le pouvoir.
- Frustration économique et sociale : Dans un pays où les inégalités et les défis économiques persistent, Chega a su capter les frustrations d’une partie de l’électorat.
Pour beaucoup, comme Sara, une commerçante de 34 ans, Chega incarne un espoir de changement. « Ce parti pense au peuple, à nos besoins », confie-t-elle. Mais cette montée en puissance soulève aussi des questions. Peut-on faire confiance à un parti aussi jeune pour apporter une stabilité durable ? Ou risque-t-il d’alimenter des tensions politiques ?
Le Parti Socialiste : Une Opposition en Reconstruction
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Parti socialiste (PS) traverse une phase de réorganisation. Après la démission de son secrétaire général, Pedro Nuno Santos, suite à la défaite électorale, José Luis Carneiro s’est positionné comme le seul candidat pour prendre la tête du parti. Dans une interview récente, il a souligné l’importance d’une opposition capable de dialoguer :
Nous sommes ouverts à permettre la mise en œuvre du programme du gouvernement, notamment à travers le budget de l’État.
– José Luis Carneiro
Cette volonté de compromis est une réponse directe à l’appel du président pour une stabilité politique. Mais le PS doit aussi se réinventer pour reconquérir un électorat qui s’est partiellement détourné vers Chega. Comme le souligne un éditorial récent, la gauche portugaise doit profiter de cette « traversée du désert » pour se reconnecter avec les électeurs. Mais combien de temps cela prendra-t-il ?
Luis Montenegro : Un Retour sous Pression
Luis Montenegro, à la tête de l’Alliance démocratique, est le favori pour redevenir Premier ministre. Mais son chemin est semé d’embûches. Après seulement un an au pouvoir, son gouvernement a été fragilisé par des accusations de conflits d’intérêts, conduisant à la dissolution du Parlement. Aujourd’hui, il doit non seulement convaincre le président de sa capacité à gouverner, mais aussi négocier avec une opposition renforcée par Chega.
Le PSD se prépare déjà aux prochaines échéances électorales, notamment les municipales de l’automne 2025 et la présidentielle de 2026. Lors d’une réunion récente, le parti a affiché son soutien à Marques Mendes, ancien ministre, pour la course à la présidence. Mais face à des candidats comme Henrique Gouveia e Melo, l’ancien vice-amiral qui a brillé pendant la campagne de vaccination contre le Covid-19, la bataille s’annonce rude.
Un Parlement Fragmenté : Quels Enjeux ?
Le Parlement portugais, désormais dominé par la droite, reflète une fracture profonde dans la société. Voici les principaux enjeux pour les mois à venir :
- Formation du gouvernement : Sans majorité absolue, Luis Montenegro devra trouver des alliés ou des compromis pour gouverner efficacement.
- Rôle de Chega : Le parti d’extrême droite peut-il devenir un acteur de stabilité, comme le promet André Ventura, ou accentuera-t-il les divisions ?
- Redéfinition de l’opposition : Le Parti socialiste doit se réinventer pour rester pertinent face à une droite dominante.
- Prochaines échéances : Les municipales et la présidentielle seront des tests cruciaux pour tous les partis.
Ce qui frappe dans cette situation, c’est la rapidité avec laquelle le Portugal a basculé. Il y a dix ans, parler d’un parti d’extrême droite comme première force d’opposition aurait semblé impensable. Aujourd’hui, c’est une réalité. Et si cette transformation peut effrayer certains, elle fascine aussi par ce qu’elle révèle de l’évolution des sociétés européennes.
Vers un Avenir Incertain
Le Portugal se trouve à un carrefour. La nomination du prochain Premier ministre, probablement Luis Montenegro, ne sera que le début d’un processus complexe. Avec un Parlement fragmenté, des partis en pleine mutation et des échéances électorales à venir, le pays doit trouver un équilibre entre stabilité et changement. Ce qui est sûr, c’est que le bipartisme, qui a longtemps défini la politique portugaise, appartient désormais au passé.
Pour ma part, je trouve que cette situation est un rappel puissant de la vitalité de la démocratie. Elle peut être chaotique, imprévisible, mais elle reflète les aspirations et les frustrations d’un peuple. Reste à savoir si les leaders politiques sauront transformer cette énergie en un projet commun. Et vous, que pensez-vous de ce tournant au Portugal ? Le pays parviendra-t-il à trouver la stabilité, ou sommes-nous au début d’une ère de bouleversements encore plus grands ?
| Parti | Sièges | Rôle |
| Alliance démocratique (PSD) | 91 | Favori pour former le gouvernement |
| Chega | 60 | Première force d’opposition |
| Parti socialiste | 58 | Opposition en reconstruction |
Le Portugal nous offre une leçon : la politique n’est jamais figée. Dans un monde en constante évolution, les électeurs redessinent sans cesse les contours du pouvoir. Reste à voir si ce nouveau chapitre sera marqué par la coopération ou par la confrontation.
