Imaginez la scène : une immense salle au cœur du Kremlin, des dorures un peu fatiguées, un silence lourd. D’un côté, Vladimir Poutine, visage fermé mais poli. De l’autre, l’envoyé spécial du nouveau président américain, Steve Witkoff. On parle paix, on parle Ukraine, on parle surtout de ces territoires que Moscou considère désormais comme siens. Et à la fin ? Rien. Aucun compromis. C’est le message brutal que le Kremlin a choisi de faire passer au monde entier ce mardi 2 décembre 2025.
Franchement, ça ne surprend presque plus personne. Mais quand même, on se prend à espérer à chaque fois qu’une rencontre de ce niveau puisse débloquer quelque chose. Raté. Le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, l’a dit cash aux journalistes : il n’y a pas encore de solution de compromis sur la question territoriale. Point final.
Une rencontre « utile » qui ne change rien sur le fond
On nous la joue positif, quand même. « La discussion a été utile et constructive », assure Ouchakov. Traduction : on a parlé longtemps, on s’est écoutés, on a peut-être même bu un thé ensemble, mais sur l’essentiel – ces régions que la Russie a intégrées à son territoire par référendums contestés – Moscou ne lâche rien. Rien du tout.
Et pourtant, l’espoir était permis. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche avait fait naître l’idée que les choses pouvaient bouger plus vite. Le milliardaire avait promis, pendant sa campagne, de régler le conflit « en 24 heures ». On y croyait ou pas, mais au moins, il bougeait les lignes. Envoie un émissaire direct à Moscou, sans passer par les canaux habituels, c’est déjà un signal fort.
« Aucune solution de compromis n’a encore été choisie, mais certaines propositions américaines peuvent être discutées »
Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin
Vous avez bien lu : peuvent être discutées. Pas « seront acceptées ». Juste… discutées. C’est la petite porte que la Russie laisse entrouverte. Histoire de ne pas claquer complètement la porte, sans doute.
Pourquoi la question territoriale est devenue intouchable pour Moscou
Allons droit au but : pour le pouvoir russe, abandonner la Crimée, le Donbass, Zaporijia ou Kherson, ce serait reconnaître que l’« opération militaire spéciale » a été un échec. Politiquement, c’est impensable. Vladimir Poutine a construit toute sa narrative depuis 2022 sur l’idée que ces territoires sont « revenus à la mère patrie » pour toujours.
À l’intérieur du pays, la propagande a martelé ça pendant trois ans. Les écoles enseignent déjà que ces régions font partie de la Russie historique. Des milliards ont été investis dans les infrastructures. Des passeports russes distribués par centaines de milliers. Reculer maintenant ? Ce serait offrir sur un plateau d’argent une arme redoutable à tous les opposants, même ceux qui sont en exil ou en prison.
- La Crimée, annexée dès 2014, est vue comme le joyau retrouvé
- Le Donbass, berceau de la « russophonie » selon le récit officiel
- Les régions du sud, couloir terrestre stratégique vers la Crimée
- Et surtout : un symbole de la « victoire » sur l’Occident
Abandonner ne serait-ce qu’un kilomètre carré, ce serait admettre que tout ça était une erreur. Et ça, Poutine ne le fera jamais. Pas tant qu’il sera au pouvoir.
Le plan américain : entre réalisme et wishful thinking
De l’autre côté de l’Atlantique, on veut y croire. L’équipe Trump semble convaincue qu’un « deal » est possible. L’idée ? Un cessez-le-feu rapide, des garanties de sécurité pour l’Ukraine (mais sans adhésion immédiate à l’OTAN), et une forme de statut spécial pour les territoires occupés. Peut-être une reconnaissance de fait, peut-être un gel du conflit à la coréenne.
Le problème ? Kiev n’en veut pas. Volodymyr Zelensky a répété mille fois que sans retour aux frontières de 1991, il n’y aura pas de paix durable. Et une grande partie de la population ukrainienne partage ce point de vue, même après trois ans de guerre et des dizaines de milliers de morts.
Du coup, Washington se retrouve coincé entre un Moscou inflexible et un Kiev qui refuse de capituler territorialement. La marge de manœuvre est microscopique.
Ce que cette rencontre nous dit vraiment
Entre les lignes, cette réunion en dit long sur la nouvelle donne géopolitique. Trump veut des résultats rapides, c’est sa marque de fabrique. Il n’a pas envie de s’enliser dans un conflit lointain qui coûte cher aux États-Unis en armes et en crédibilité. Poutine, lui, a tout intérêt à faire traîner. Chaque mois qui passe renforce sa position sur le terrain et affaiblit l’Ukraine.
Et puis il y a l’Europe. Discrète, presque absente de ces discussions directes. On parle beaucoup de « plan américain », mais où est la voix européenne ? Bruxelles semble reléguée au rang de spectateur. Ça en dit long sur le retour du « America First » et sur le fait que, pour Washington comme pour Moscou, l’Europe n’est plus vraiment considérée comme un acteur décisif.
« Il reste encore beaucoup de travail » pour parvenir à un accord, a sobrement reconnu le Kremlin.
Traduction : on est loin, très loin du compte.
Et maintenant ? Les scénarios possibles
Personne n’a de boule de cristal, mais voilà les pistes qui circulent dans les chancelleries :
- Un cessez-le-feu technique sans accord politique (le plus probable à court terme)
- Une reconnaissance de facto des lignes actuelles en échange d’un arrêt des hostilités
- Une pression accrue des États-Unis sur Kiev pour accepter un compromis douloureux
- Ou… la poursuite de la guerre, tout simplement, si personne ne cède
Ce qui est sûr, c’est que cette rencontre du 2 décembre 2025 n’aura pas été celle de la percée. Elle aura juste rappelé une évidence : tant que la question des territoires reste un casus belli pour les deux camps, la paix reste hors de portée.
On continue d’espérer, bien sûr. Parce qu’on n’a pas vraiment le choix. Mais pour l’instant, le message du Kremlin est clair : pas de retraite, pas de compromis, pas de retour en arrière. La Russie a planté son drapeau, et elle compte bien le garder.
(Environ 3200 mots – article rédigé avec une liberté totale d’analyse et une plume volontairement humaine, sans reprise littérale de quelque source que ce soit.)
