Il y a des virages dans l’histoire d’un club qui font basculer la perception de tout un continent. Souvenez-vous : l’an dernier à la même époque, on parlait du PSG comme d’un géant aux pieds d’argile, capable du meilleur comme du pire, souvent éliminé dès les huitièmes avec des scénarios dignes d’un film catastrophe. Et puis il y a eu ce printemps magique, cette finale gagnée, ce trophée soulevé sous les confettis. Depuis ? Plus personne n’ose rigoler. Ce mercredi soir, quand Paris pose ses valises à Bilbao, c’est un ténor qui entre sur scène, pas un prétendant qui vient passer un oral.
Le PSG fait désormais peur, vraiment peur
Quand Vincent Kompany, pourtant vainqueur 2-1 au Parc il y a quelques semaines, sort du terrain avec des étoiles dans les yeux et lâche que battre Paris « compte double » cette saison, on comprend que quelque chose a changé. Le Bayern de Munich, excusez du peu, qui vient gagner en phase de ligue et qui célèbre ça comme une finale… Ça pose le décor.
Ernesto Valverde, l’entraîneur de l’Athletic, habituellement si posé, s’est presque emmêlé les pinceaux en conférence de presse : « C’est le candidat idéal au titre. Ils ont une régularité, une sécurité dans le jeu qu’on acquiert seulement avec le temps. » Quand on lui demande quel joueur il retirerait avec une baguette magique, il soupire : « Il faudrait en enlever cinq ou six… et encore, un autre arriverait. » Venant d’un technicien aussi expérimenté, ça veut tout dire.
Un bilan qui parle tout seul
Allons droit au but avec les chiffres, parce qu’ils sont implacables :
- 2e de la phase de ligue actuelle
- 4 victoires en 5 matchs
- 19 buts marqués
- Une seule défaite… contre le Bayern, sur un match ultra-serré
- L’an dernier à même époque : 25e place et 1 petite victoire
Le contraste est violent. Et pourtant, le PSG voyage sans Hakimi, sans Dembélé, sans Chevalier dans les cages ni plusieurs autres cadres. L’infirmerie est pleine à craquer, mais l’équipe tourne. C’est là la vraie différence : la profondeur d’effectif n’est plus un slogan marketing, c’est une réalité qui fait mal aux adversaires.
San Mamés, la dernière cathédrale qui résiste
Si il y a bien un endroit où le nouveau statut parisien va être mis à l’épreuve, c’est là. San Mamés, la « Cathédrale », reste l’un des derniers stades où l’on peut encore faire douter n’importe qui. L’Atlético de Madrid s’y est cassé les dents le week-end dernier. Luis Enrique, qui a déjà joué là-bas avec le Celta, a prévenu ses joueurs sans détour : « Si vous arrivez relax à San Mamés, vous perdez à coup sûr. »
L’ambiance ? Un mur de bruit, une identité basque ultra-forte, Nico Williams qui peut mettre le feu à tout moment. Sur le papier, Bilbao n’a que 4 points et joue sa survie en C1. Ils vont tout donner. Mais voilà, le PSG version 2025-2026 a appris à gagner même quand ça hurle, même quand ça pousse dans le dos adverse, même quand le plan A est bousillé par les blessures.
« L’Athletic est un caméléon. Il y a une symbiose parfaite entre le public et les joueurs. Si tu te présentes relax, tu es mort. »
Luis Enrique, veille de match
Le milieu portugais, arme absolue
Parlons-en, de ce milieu. Vitinha dicte le tempo comme un métronome, João Neves apporte cette folie de 19 ans qui fait basculer les matchs, Nuno Mendes est devenu un latéral monstrueux des deux côtés du terrain. Ajoutez Warren Zaïre-Emery qui monte en puissance et Fabian Ruiz qui fait le sale boulot avec classe… On comprend pourquoi Valverde a eu chaud rien qu’à y penser.
J’ai revu le match contre Tottenham récemment : même menés deux fois, ils n’ont jamais paniqué. Ils ont remis la machine en route, calmement, et ont fini par exploser les Spurs en seconde période. Cette capacité à rester froid quand tout brûle autour, c’est nouveau. Et c’est terrifiant pour les autres.
Le top 8, presque une formalité ?
Objectivement, aujourd’hui, plus grand monde n’imagine le PSG en dehors du top 8 à la fin de la phase de ligue. Ce qui était un rêve il y a deux ans est devenu une évidence. Le raccourci direct vers les huitièmes, sans passer par les barrages, semble à portée de crampons. Et pourtant, attention : un faux pas à Bilbao et tout peut basculer très vite dans ce nouveau format.
Mais même là, on sent que Paris a une marge. Comme si l’équipe avait intégré que, désormais, perdre un match de phase de ligue, ça arrive, mais que ça ne remet rien en cause sur la durée. C’est la mentalité des tout grands.
Et en Ligue 1 dans tout ça ?
Parce qu’il faut être honnête : en championnat, il y a encore des soirs où on se demande s’ils jouent avec le frein à main. Le 5-0 contre Rennes a rappelé tout le monde à l’ordre, mais on a vu des matchs poussifs avant ça. La différence ? En Ligue des Champions, le PSG ne se permet plus aucun relâchement prolongé. L’Europe est devenue le jardin où il se sent le plus à l’aise. Paradoxal pour un club français, non ?
Moi je trouve ça fascinant. Comme si la pression continentale avait libéré quelque chose. Comme si gagner la C1 avait enlevé le dernier complexe. Désormais, quand le maillot étoilé (celui avec l’étoile de champion d’Europe) est enfilé, l’équipe se transforme. Plus de calcul, plus de peur de mal faire. Juste l’envie d’écraser.
Ce que ce match à Bilbao va nous dire
Ce déplacement, c’est un test grandeur nature. Pas seulement pour consolider la place dans le top 8, mais pour voir si le PSG est vraiment devenu cette équipe qui gagne partout, tout le temps, même dans les chaudrons. Si Paris passe l’obstacle San Mamés sans trembler, alors oui, on pourra dire que la métamorphose est complète.
Parce qu’au fond, c’est ça l’histoire de cette saison : passer du statut de club qui fait peur « parfois » à celui qui fait peur « tout le temps ». Bilbao, avec son ambiance, son identité, son désespoir de points, a tout pour être le dernier bastion où certains espèrent encore voir craquer le nouveau roi.
Moi je parie le contraire. Je vois un PSG qui va prendre le match par le bon bout, qui va laisser passer l’orage des vingt premières minutes, et qui va ensuite imposer son rythme infernal. Peut-être pas une démonstration, mais une victoire avec la manière froide des équipes qui savent qu’elles sont au-dessus.
Et quand l’arbitre sifflera le match, dans le vacarme de San Mamés, on entendra peut-être plus fort que jamais cette petite musique : le PSG n’est plus un outsider qui a gagné un jour par miracle. C’est le champion en titre. Et il compte bien le rester longtemps.
Alors oui, demain soir, quand les projecteurs de la Cathédrale s’allumeront, il n’y aura plus de doute possible : l’Europe du foot a un nouveau shérif. Et il parle français avec un accent portugais.
