Vous savez ce qui est pire que de perdre pour certains joueurs ? Être deuxième. Pas troisième, pas quatrième. Deuxième. Parce que ça veut dire que quelqu’un d’autre est devant. Et quand on porte le maillot du PSG version champions d’Europe en titre, cette place-là, franchement, ça gratte sévèrement l’orgueil.
Cette semaine, l’ambiance au Camp des Loges n’était pas à la déprime post-défaite. Non. Elle était à la revanche froide. Un mélange de colère contenue et de motivation décuplée. Le genre d’atmosphère qu’on ressent quand on a pris une gifle et qu’on n’a qu’une envie : rendre la pareille, mais en dix fois pire.
Quand la deuxième place devient insupportable
Jeudi, lors du traditionnel media day avant le match contre Rennes, Vitinha a balancé une phrase qui résume tout. Simple, directe, presque banale. Et pourtant lourde de sens.
« On n’aime pas perdre à Monaco. On n’aime pas être deuxièmes. »
Vitinha, milieu de terrain du PSG
Dix mots. Dix petits mots qui en disent long sur l’état d’esprit actuel du vestiaire parisien. Ce n’est pas une déclaration de guerre enflammée. C’est pire. C’est une évidence froide. Comme si être deuxième relevait presque de l’insulte personnelle.
Et le plus intéressant ? Personne n’a contredit le Portugais. Ni Zaïre-Emery, ni Doué, ni même Luis Enrique un peu plus tard. Tout le monde semble partager ce sentiment. Être dauphin de Lens (oui, vous avez bien lu, Lens) après quatorze journées, ça ne passe pas.
Deux défaites déjà… et alors ?
Regardons les chiffres calmement. Deux défaites en quinze journées. Marseille (1-0) et Monaco (1-0 encore). Deux revers à l’extérieur, secs, sans discussion. C’est déjà le total de toute la saison dernière à la même époque. Voire plus.
Mais attention, il y a un truc qui change fondamentalement cette année : le PSG n’a plus cette avance monstrueuse habituelle. L’époque où Paris prenait dix, quinze, vingt points d’avance dès novembre, c’est fini. Terminé. Enterré.
Et vous savez quoi ? Personnellement, je trouve ça plutôt sain.
Parce que pendant des années, on a reproché au PSG de ne pas respecter la Ligue 1. De la balayer d’un revers de main en alignant les réserves dès février. De considérer le championnat comme une formalité ennuyeuse avant les grands soirs européens. Cette saison, c’est différent. Et ça se voit.
Luis Enrique a changé la donne
L’arrivée de l’Espagnol n’est pas étrangère à tout ça. Luis Enrique, c’est un compétiteur maladif. Le genre de mec qui déteste perdre à l’entraînement, alors imaginez un match de championnat.
Dès son arrivée, il a martelé un message clair : chaque match compte. Chaque point est précieux. Finie l’époque où on se disait « bon, c’est Angers, on met les jeunes ». Non. Maintenant, c’est du sérieux à 100 % quel que soit l’adversaire.
« Le championnat est plus motivant en ce moment »
Luis Enrique, entraîneur du PSG
Cette phrase-là, dite récemment, elle pèse son pesant d’or. Parce qu’elle vient contredire des années de discours ambiant selon lequel la Ligue 1 ennuie les stars parisiennes. Cette saison, non seulement elle ne les ennuie plus, mais elle les motive davantage que certains matchs de poule en Ligue des Champions.
Le retour de Dembélé, symbole du renouveau
Et puis il y a ce détail qui n’en est pas un : Ousmane Dembélé est de retour. L’ailier français, absent plusieurs semaines, retrouve le groupe pile pour le match contre Rennes. Et croyez-moi, ça change tout.
Parce que Dembélé, c’est l’imprévisible. C’est le joueur capable de faire basculer un match à lui tout seul. Et quand Paris a gaspillé des points bêtement ces dernières semaines (je pense notamment à certains matchs nuls frustrants), c’est précisément ce genre de profil qui a manqué.
- Plus de percussion sur les ailes
- Des une-deux à haute vitesse
- Cette capacité à éliminer dans des petits espaces
- Et surtout, cette folie qui déstabilise n’importe quelle défense
Avecön, ce n’est pas un hasard si son retour coïncide avec cette envie de reprendre la première place immédiatement. Le timing est parfait.
Lens premier, vraiment ?
On va être honnête deux minutes. Voir Lens leader mi-décembre, ça fait bizarre. Très bizarre même. Mais en même temps, ça prouve une chose : le championnat français est devenu plus compétitif. Et c’est tant mieux.
Parce que quand votre dauphin habituel s’appelle Monaco ou Marseille, vous savez à quoi vous attendre. Là, Lens joue un football léché, collectif, intense. Ils méritent leur place. Pour l’instant.
Mais le PSG version 2025-2026 n’a pas l’intention de laisser durer cette situation très longtemps. Le message est clair : on peut accepter de perdre un match de temps en temps. On peut même accepter d’être accroché. Mais être deuxième à Noël ? Hors de question.
Rennes, victime expiatoire ?
Samedi soir au Parc des Princes, l’ambiance s’annonce électrique. Rennes arrive en victime désignée. Pas parce qu’ils sont faibles – loin de là – mais parce qu’ils tombent au pire moment.
Le PSG a besoin de se laver l’affront monégasque. Besoin de montrer qu’une défaite, ça les rend plus forts, pas plus faibles. Besoin de rappeler qui est le patron en France, titre européen ou pas.
Et quelque part, j’ai presque pitié des Bretons. Parce que quand Paris a l’orgueil piqué, généralement, ça fait très mal à l’adversaire.
Pourquoi cette saison est différente
Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter un peu plus loin. L’an dernier, le PSG a été sacré avec une avance confortable. On connaissait l’issue dès le mois de mars. Cette année ? Rien n’est écrit.
Et paradoxalement, c’est ce qui rend les Parisiens plus dangereux. Parce qu’ils n’ont plus le choix. Ils doivent se battre à chaque match. Ils doivent respecter chaque adversaire. Ils doivent jouer à fond du début à la fin.
C’est peut-être ça, le vrai changement. Le PSG ne survole plus la Ligue 1. Il la domine encore, mais en devant suer pour chaque victoire. Et ça, pour le spectacle, c’est une excellente nouvelle.
Ce que nous réserve la suite
Alors oui, ce soir contre Rennes, on attend une réaction. Une grosse réaction. Le genre de match où Paris met quatre ou cinq buts juste pour le plaisir de rappeler qui commande.
Mais au-delà du résultat immédiat, c’est tout le reste de la saison qui s’annonce passionnant. Parce que pour la première fois depuis longtemps, le titre n’est pas acquis d’avance. Parce que pour la première fois depuis longtemps, le PSG doit se battre vraiment pour être champion.
Et quelque part, je me dis que c’est exactement ce dont le football français avait besoin. Un PSG concerné à 200 %. Un PSG qui déteste être deuxième. Un PSG qui prend enfin la Ligue 1 au sérieux.
Parce que quand Paris joue à fond… généralement, ça donne des étincelles. Et on risque d’en voir beaucoup d’ici la fin de saison.
Alors oui, être deuxième aujourd’hui, ça pique. Demain ? Ça sera probablement du passé. Mais une chose est sûre : cette place de dauphin, aussi temporaire soit-elle, a réveillé le géant. Et quand le géant se réveille… gare à ceux qui se trouvent sur son chemin.
Le football français n’a peut-être jamais été aussi excitant à suivre. Et quelque part, merci Lens. Merci Monaco. Merci à tous ceux qui obligent Paris à sortir le grand jeu chaque week-end.
Parce qu’au final, c’est le spectacle qui gagne. Et nous, pauvres spectateurs, on en redemande.
