Neuf ans. Neuf longues années que ça dure. Quand tu vois le tableau d’affichage afficher 27-30 au coup de sifflet final à Pierre-de-Coubertin, tu te dis que c’est presque écrit d’avance. Barcelone reste la bête noire absolue du PSG Handball, point final. Et franchement, même si la seconde période a fait vibrer tout le gymnase, ça ne suffit plus à masquer la réalité : Paris a encore laissé filer un match qu’il aurait pu, qu’il aurait dû, gagner.
Je vais être direct : j’adore ce sport, j’adore cette équipe, mais là, ça commence à devenir pesant. On parle quand même d’un club qui a tout pour dominer l’Europe et qui, systématiquement, se prend les pieds dans le tapis face aux Catalans. Allez, on débriefe tout ça tranquillement, comme si on était au bar après le match.
Une malédiction qui ne veut pas s’arrêter
Reprenons depuis le début. Mercredi soir, Coubertin est plein à craquer – chose rare cette saison – et l’ambiance est électrique. Les supporters croient dur comme fer que c’est enfin le grand soir, celui où la série noire va prendre fin. Moi le premier, je me suis dit : « cette fois, c’est bon ».
Et puis non. Le PSG démarre bien, mène 4-2, tout va bien. Et là, en dix minutes, tout s’écroule. 6-10 à la quinzième. Tu regardes les gars sur le terrain, tu vois les têtes qui baissent, les bras qui retombent. C’est exactement le même scénario qu’en 2024 en quart, qu’en 2022, qu’en 2019… Barcelone appuie là où ça fait mal, et Paris se liquéfie.
À la pause, 13-20. Sept buts de retard à domicile en Ligue des Champions, c’est énorme. C’est presque insultant quand tu vois la qualité de l’effectif parisien.
Les Français de Barcelone ont encore fait très mal
On va dire les choses clairement : quand Dika Mem, Ludovic Fabregas et Timothey N’Guessan jouent à ce niveau-là, c’est juste injouable. Dika Mem a encore montré pourquoi il est considéré comme l’un des meilleurs arrières du monde. 8 buts, une présence physique impressionnante, des tirs de loin qui font trembler les filets. Fabregas, impérial au pivot, qui ouvre des brèches comme il veut. N’Guessan, en mode bulldozer sur l’aile.
De l’autre côté, les internationaux français du PSG ont répondu présent… mais trop tard. Elohim Prandi a mis quelques missiles magnifiques en seconde période, Kamil Syprzak a été précieux, mais globalement, l’équipe a mis trente minutes à se réveiller.
« On aurait dû jouer tout le temps comme en deuxième mi-temps. On aurait dû se lâcher et mettre le feu à la salle bien plus tôt. C’est vraiment dommage. »
Luc Steins, demi-centre du PSG
Luc Steins a tout résumé en une phrase. La seconde période a été magnifique. Le PSG revient à un but (24-25 à la 50e), Coubertin hurle, l’espoir renaît. Et puis… et puis non. Deux exclusions temporaires mal gérées, quelques arrêts décisifs du gardien catalan, et Barcelone repart.
Un contexte européen qui a bien changé
Il faut aussi remettre les choses en perspective. Il y a encore quelques années, PSG-Barcelone, c’était LE clasico du handball européen. Deux clubs richissimes, des stars partout, des budgets fous. Aujourd’hui ? Les deux clubs ont serré la vis financièrement. Barcelone reste un cador (12 Ligues des Champions, quand même), mais ils ne dominent plus outrageusement. Le PSG, lui, a clairement perdu de sa superbe sur la scène continentale.
Le pouvoir s’est déplacé vers l’est et le nord. Magdebourg, Kielce, Veszprém, Aalborg… ces clubs-là investissent énormément et jouent un handball ultra-moderne, ultra-physique. Paris, avec tout le respect que je dois au club, donne parfois l’impression de courir après le train.
- Magdebourg : champion en titre, machine allemande huilée
- Kielce : budget polonais en explosion, effectif monstrueux
- Veszprém : projet hongrois ambitieux à long terme
- Aalborg : la surprise danoise qui monte en puissance
Dans ce nouveau paysage, finir dans les deux premiers du groupe pour une qualification directe en quarts semble déjà hors de portée pour le PSG (3 victoires, 5 défaites). Il va falloir passer par les barrages au printemps, et croyez-moi, ce n’est vraiment pas un cadeau.
Et maintenant, comment rebondir ?
Déjà, il y a un match crucial dès samedi contre Montpellier en championnat. Un choc entre les deux meilleurs ennemis du handball français. Gagner là-bas, ou plutôt à domicile cette fois, serait un vrai déclic psychologique. Parce que oui, en Starligue, Paris reste ultra-dominant. Mais on sait tous que l’objectif numéro 1, c’est l’Europe.
Ensuite, il reste encore plusieurs matchs de phase de groupes. Recevoir Plock la semaine prochaine, aller à Szeged, affronter Kiel… Il y a moyen de grappiller des points et de finir dans les six premiers pour éviter le pire au tirage des barrages.
Mais au-delà des calculs, il y a un vrai problème de mental face à certaines équipes. Barcelone, évidemment, mais aussi cette impression récurrente de manquer de mordant dans les moments clés. J’ai parfois l’impression que les joueurs parisiens jouent avec le frein à main face aux « gros ».
Ce qu’il faudrait changer, selon moi
Attention, je ne suis pas entraîneur, juste un passionné qui regarde beaucoup de matchs. Mais voilà quelques pistes qui me semblent évidentes :
- Plus d’agressivité défensive dès le début du match (trop de passivité en première période)
- Une meilleure gestion des temps faibles (on prend souvent des éclat quand ça tourne mal)
- Davantage de rotations pour garder de la fraîcheur physique en fin de match
- Un vrai leader vocal sur le terrain quand ça chauffe (on manque parfois de quelqu’un qui secoue tout le monde)
Après, Raúl González fait du très bon boulot dans l’ensemble. L’équipe joue bien au handball, produit du spectacle, gagne beaucoup de matchs. Mais en Ligue des Champions, ça ne suffit plus.
Il manque ce petit truc en plus. Cette rage. Ce supplément d’âme qu’avaient les Kielce de Talant Dujshebaev ou les Barcelone de Xavi Pascual à leur grande époque.
Un mot sur les supporters
Parce qu’il faut aussi le dire : les supporters parisiens ont été formidables. Coubertin a pris feu en seconde période. Les chants, les encouragements, l’ambiance… c’était digne des plus grands soirs européens. Dommage que l’équipe n’ait pas su transformer cette énergie plus tôt.
Le public mérite mieux. Il mérite de revoir son club en Final Four, de revivre des soirées magiques comme en 2017 ou 2020. Et croyez-moi, ça viendra. Peut-être pas cette saison, mais ça viendra.
En attendant, on retient la leçon. Barcelone reste le boss, la référence, la montagne à gravir. Et tant que Paris n’aura pas battu cette équipe-là, il manquera toujours quelque chose au palmarès européen du PSG Handball.
Prochain rendez-vous : samedi contre Montpellier. On remet les compteurs à zéro, et on y va. Parce que dans le handball, comme dans la vie, c’est quand tu touches le fond que tu rebondis le plus haut.
Allez Paris.
