Franchement, quand on repense à ce 0-0 entre l’Athletic Bilbao et le PSG hier soir à San Mamés, on a tous un petit goût de trop peu dans la bouche. Oui, Paris n’a pas gagné. Oui, c’est la première fois de la saison que les Rouge et Bleu restent muets en Ligue des Champions. Mais quand on écoute Philippe Montanier décrypter la rencontre, on se dit que ce point ramené du Pays basque a presque des allures de hold-up inversé.
« Le PSG ne peut pas toujours gagner 7-2 ! »
Cette phrase, lancée avec un sourire par l’ancien entraîneur de Toulouse et de la Real Sociedad, résume parfaitement l’état d’esprit qu’il faut adopter. On a tellement pris l’habitude de voir Paris dérouler, exploser les compteurs (7-2 à Leverkusen, souvenez-vous), qu’un match fermé, rugueux, dans un stade bouillant nous paraît presque une anomalie. Pourtant, c’est ça aussi le très haut niveau européen.
San Mamés, c’est un chaudron. L’Athletic venait de battre l’Atlético Madrid 1-0 en Liga, leur pressing haut est l’un des plus agressifs d’Europe. Et malgré tout ça, Paris a tenu le choc. Mieux : Paris a eu les occasions les plus nettes. Alors oui, le résultat est frustrant, mais la performance, elle, est loin d’être catastrophique.
Un gardien basque en état de grâce
Parlons-en du héros de la soirée côté Bilbao : leur gardien. On va éviter de le nommer 50 fois, mais l’homme a sorti le match de sa vie. Deux arrêts réflexes incroyables devant Senny Mayulu (45e et 49e), une parade décisive sur Fabian Ruiz en fin de match, et surtout cette barre trouvée par Bradley Barcola sur une action magnifique.
« C’est plutôt le gardien basque qui a réalisé deux véritables exploits » – Philippe Montanier
Montanier a raison : Mayulu a bien frappé à chaque fois, il a fait les bons choix. Pareil pour Barcola, dont le mouvement collectif à la 65e minute était tout simplement sublime. On revoit ça dix fois et on se dit : comment ce ballon n’est pas au fond ? C’est presque un miracle que Bilbao termine la rencontre sans encaisser le moindre but.
Une seconde période largement dominée
Ce qui frappe quand on revoit le match, c’est le net progrès entre les deux mi-temps. En première période, Paris a été bousculé, étouffé par le pressing. On a senti les absences (Hakimi, Dembélé, Kvaratskhelia parfois…), le manque de repères. Mais après la pause ? Le PSG a trouvé les solutions.
- Meilleure gestion du ballon sous pression
- Enchaînements rapides et précis
- Plus de verticalité
- Des décalages enfin trouvés sur les côtés
Entre la 45e et la 75e minute, Paris a mis le pied sur le ballon et a complètement renversé la dynamique. Bilbao a reculé, a souffert. Et pourtant, rien au tableau d’affichage. C’est cruel, mais c’est le foot.
Safonov, la bonne surprise continue
Autre satisfaction : Matveï Safonov. Le Russe enchaîne un deuxième match sans encaisser de but après le 5-0 contre Rennes. Il n’a pas eu dix arrêts à faire, mais il a dégagé une sérénité folle. Jeu au pied propre, relances qui cassent les lignes, calme olympien. Montanier, ancien gardien, valide totalement :
« Il a dégagé beaucoup de sérénité et a rassuré ses défenseurs, notamment par la qualité de son jeu au pied. C’est très positif d’avoir un deuxième gardien de ce niveau. »
La question de la hiérarchie des gardiens va revenir souvent dans les prochaines semaines. Pour l’instant, Safonov profite à fond de la suspension de Donnarumma et pose de sérieux arguments.
Désiré Doué, le retour qui fait du bien
Absent six semaines, Désiré Doué est revenu hier. Et franchement, on l’a senti frais. Son entrée a apporté de la percussion, du dribble, de la folie. Le ballon donné à Fabian Ruiz à la 87e aurait dû être décisif. Montanier le voit déjà prêt à enchaîner les matches :
« Il a délivré un excellent ballon et je l’ai senti plutôt en jambes. Il a besoin de rythme, c’est tout. »
Avec les blessures et les suspensions, chaque retour est une bonne nouvelle. Et Doué, dans ce registre de joueur imprévisible capable de débloquer des matches fermés, peut devenir une arme précieuse d’ici la fin de la phase de groupes.
Un effectif encore en rodage
Il ne faut pas oublier un détail important : ce PSG version 2025-2026 est encore en construction. Préparation tronquée, nombreux absents, intégration de jeunes à des postes clés. Montanier le rappelle bien :
« En raison de l’absence totale de préparation en début de saison, je m’attendais à ce genre de soucis sur la première partie de saison. »
Joao Neves, Vitinha, Fabian Ruiz : le trio du milieu a parfois été moins souverain qu’à l’accoutumée. Normal quand on joue sans les automatismes habituels et avec autant de rotations. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça progresse semaine après semaine.
Et maintenant ?
Ce point à Bilbao n’est pas une catastrophe. Loin de là. Paris reste en bonne position dans ce nouveau format de Ligue des Champions. Il faudra juste transformer ces occasions manquées en buts lors des prochains rendez-vous. Parce que oui, on peut dominer, créer, mais si on ne marque pas… on ne gagne pas.
Moi je retiens une chose : ce PSG-là, même dans un soir sans, ramène un point d’un des terrains les plus hostiles d’Europe. Et ça, c’est la marque des grandes équipes. Le genre d’équipe qui, quand tout sera bien huilé, fera très mal en printemps européen.
Alors oui, on aurait tous préféré une victoire. Oui, on peste devant les occasions ratées. Mais quand un spécialiste comme Philippe Montanier vous dit que Paris a réalisé une bonne prestation et aurait mérité de l’emporter… il faut savoir l’écouter.
Prochain rendez-vous : transformer cette frustration en rage de vaincre. Parce que le PSG version 2025, même quand il ne gagne pas 7-2, reste costaud. Et ça, c’est plutôt rassurant.
