Il y a des soirs où tout bascule. Où un joueur, longtemps attendu, décide soudain qu’il en a assez d’être gentil avec les défenses adverses. Samedi face à Rennes, Khvicha Kvaratskhelia a choisi ce moment-là. Et franchement, on a tous senti que quelque chose de spécial était en train de se produire dès qu’il a commencé à chauffer le couloir gauche.
5-0. Un score presque cruel pour des Rennais pourtant pas ridicules en début de match. Mais quand le Géorgien entre en transe, il n’y a plus vraiment de débat. Deux buts, une influence permanente, des dribbles qui font mal aux yeux des défenseurs. Le Parc a retrouvé son Kvara version Naples. Celui qu’on nous avait vendu à l’hiver dernier et qu’on attendait patiemment depuis la reprise.
Le déclic tant attendu
On va être honnête : depuis août, on tournait un peu autour du pot avec lui. En Ligue des Champions, c’était le feu. Deux buts, deux passes décisives en quatre matchs, des performances qui faisaient dire que le transfert était déjà rentabilisé. Et puis il y avait la Ligue 1. Un Kvara en mode diesel. Des éclairs, oui, mais trop rares. Des matchs où il disparaissait pendant de longues minutes. On commençait à se demander si le championnat français ne lui pesait pas un peu sur les épaules.
Et puis il y a eu cette soirée de décembre. Dernier match de l’année au Parc. L’occasion parfaite pour envoyer un message avant les fêtes. Et le message a été limpide.
Le premier but : la libération
28e minute. Il faut une vingtaine de minutes au Géorgien pour vraiment entrer dans son match. Le temps de faire tourner en bourrique le pauvre latéral droit rennais avec des feintes de corps dont il a le secret. Et puis soudain, l’accélération. Il rentre dans l’axe, crochète, arme une frappe croisée du droit qui vient mourir au ras du poteau. Le Parc explose. On sent immédiatement que ce but-là pèse plus que les autres.
Parce que c’est le premier vrai déclic en championnat depuis longtemps. Parce que ça fait sept mois qu’il n’avait plus marqué en Ligue 1 (le dernier, c’était contre Auxerre en mai). Et surtout parce qu’après ça, on a vu un autre joueur.
« Quand il marque le premier, on voit tout de suite qu’il se libère. Après, c’est plus le même. »
Un observateur régulier du PSG en tribune presse
Le deuxième : la confirmation qu’on attendait tous
67e minute. Le score est déjà de 2-0 grâce à un collectif parisien qui tourne à plein régime. Centre parfait d’un jeune milieu qui monte en puissance cette saison. Kvara est là, au second poteau. Contrôle orienté, frappe en lucarne opposée. Une exécution clinique. Son premier doublé sous le maillot parisien. Le Parc scande son nom comme jamais.
À ce moment-là, on comprend que ce n’est pas juste une bonne soirée. C’est le match référence dont il avait besoin. Celui qui va faire taire les derniers doutes. Même si, soyons clairs, les doutes étaient surtout dans nos têtes à nous, observateurs.
Un Kvara à deux visages ? Plus vraiment
On a beaucoup parlé de son « double visage » cette saison. Européen flamboyant, domestique en demi-teinte. L’entraîneur parisien, lui, n’a jamais voulu entendre parler de ça. Et il avait probablement raison. Parce que ce qu’on a vu samedi, c’est le vrai Kvara. Celui qui peut tout faire péter en Ligue 1 comme en C1.
La différence ? Peut-être simplement la confiance. Peut-être l’envie de prouver qu’il n’est pas juste un joueur de coupes d’Europe. Peut-être aussi le contexte : un Parc plein, une ambiance de fin d’année, des supporters qui n’attendaient que ça.
- Des dribbles qui désarçonnent toute une défense
- Une capacité à rentrer dans l’axe et à frapper des deux pieds
- Une vision du jeu qui libère des espaces pour ses partenaires
- Et surtout, cette joie communicative quand il marque
Tout y était. Le Kvara qu’on rêvait de voir chaque week-end en championnat a enfin pointé le bout de son nez. Et il a l’air décidé à y rester.
Et maintenant ? Le vrai début de saison du Géorgien
Ce qui est excitant, c’est qu’on a l’impression que c’est seulement le début. À 24 ans, il a encore une marge de progression énorme. Et dans une attaque parisienne où les profils se complètent plutôt bien cette saison, son explosion arrive au meilleur moment.
Parce que oui, le collectif tourne déjà bien. Les jeunes poussent, les cadres répondent présent, l’état d’esprit semble bon. Mais il manquait ce grain de folie supplémentaire. Ce joueur capable de faire basculer un match à lui tout seul quand ça coince. Samedi, on l’a eu.
Si ce match contre Rennes marque vraiment le début du « vrai » Kvaratskhelia en Ligue 1, alors le championnat risque de prendre une autre dimension dans les mois qui viennent. Et les défenses adverses ont du souci à se faire.
Alors oui, c’était « que » Rennes. Oui, il y aura des matchs plus compliqués à venir. Mais parfois, il faut juste un déclic. Un soir où tout fonctionne. Un doublé qui libère. Un Parc qui pousse dans le dos.
Ce soir-là, Khvicha Kvaratskhelia a rappelé à tout le monde pourquoi le club parisien avait cassé la tirelire pour lui l’hiver dernier. Et quelque part, on a tous senti que la seconde partie de saison allait être très différente de la première.
Le réveil a sonné. Et il est particulièrement bruyant.
PS : Si vous étiez au Parc samedi soir, vous savez de quoi je parle. Cette ambiance quand il a marqué le deuxième… On en reparlera encore dans dix ans.
