Vous est-il déjà arrivé de voir un entraîneur tout rafler sur une même réunion, puis remettre ça le lendemain, et encore le surlendemain ? Franchement, moi, ça me laisse toujours sans voix. Ce mardi 2 décembre à Deauville, Stéphane Wattel a décroché son troisième Quinté+ consécutif sur la piste en fibre sable. Et cette fois, c’est Celestial, associé à Christophe Soumillon, qui a fait le job. Trois victoires de suite dans l’événement principal, c’est du jamais-vu depuis longtemps sur la Touques en hiver.
Un triplé qui entre dans l’histoire de Deauville
Reprenons depuis le début. Fin novembre, Hasapiko ouvre le bal avec Théo Bachelot en selle. Le lendemain, Ciel de Paris récidive, toujours avec Bachelot. Et ce mardi, Celestial conclut la série en beauté. Trois Quinté+ en trois jours, tous signés Wattel. Quand on connaît la difficulté de l’exercice, surtout en meeting d’hiver où la concurrence reste relevée malgré les dires, on mesure l’exploit.
Ce qui frappe, c’est la diversité des profils. Hasapiko est un sprinter dur à l’effort, Ciel de Paris un miler régulier, et Celestial un cheval qui découvrait les 1 900 mètres. Trois styles, trois façons de gagner, mais une constante : la forme éblouissante de l’écurie normande en ce moment.
Celestial, la confirmation tant attendue
Avant cette course, beaucoup voyaient en Celestial un cheval de matin. Lauréat de ses deux premières sorties sur le sable, il avait ensuite déçu, donnant l’impression de ne pas confirmer les espoirs placés en lui. Stéphane Wattel ne s’était jamais caché de son potentiel, mais avouait aussi que le fils de City Light lui avait donné pas mal de fils à retordre cette année.
« Il nous a fait galérer toute la saison, mais là on le retrouve enfin. Le rallongement de distance lui a donné ce surplus de courage dont il avait besoin. »
Stéphane Wattel, juste après la course
Et effectivement, en le voyant voyager sagement en cinquième position, puis placer une accélération décisive dans les derniers 300 mètres, on a compris que le cheval avait franchi un palier. Favori à 4,8/1, il n’a laissé aucune chance à ses rivaux, reléguant Raqeebb à plusieurs longueurs.
L’arrivée officielle du Quinté+ du jour
Pour ceux qui n’ont pas pu suivre la course en direct, voici le résultat exact :
- Celestial (n°11 – C. Soumillon / S. Wattel)
- Raqeebb (n°16 – M. Guyon / É. Libaud)
- Love Is Gold (n°6 – T. Bachelot / C. Plisson)
- Divine Chrisnat (n°1 – T. Piccone / C. Plisson)
- Dari River (n°5 – A. Lemaitre / N. Caullery)
À noter la très belle fin de course de Central Park West (n°12), sixième juste derrière, qui a été très malchanceux après avoir percuté sa stalle au départ. Sans cet incident, il aurait probablement complété le Quinté.
Pourquoi Wattel domine-t-il autant cet hiver ?
Plusieurs éléments expliquent cette razzia. D’abord, l’entraîneur a parfaitement ciblé le meeting d’hiver de Deauville. Ses chevaux arrivent au top de leur forme au moment où beaucoup d’écuries étrangères ou du sud tournent déjà au ralenti.
Ensuite, il bénéficie d’une génération de 4 ans particulièrement homogène et talentueuse. Celestial, Hasapiko, Ciel de Paris… ce ne sont pas des cracks de Groupe I, mais des chevaux solides, réguliers sur le sable, et qui adorent la piste normande.
Enfin, il y a cette petite phrase lâchée avant la course qui en dit long :
« L’hiver, la concurrence est un peu moins rude qu’en plein été, c’est vrai, mais il faut quand même être là. »
Une façon élégante de dire que ses chevaux sont tout simplement les meilleurs du moment sur cette surface.
Soumillon-Wattel : un duo qui monte en puissance
On a beaucoup parlé de Théo Bachelot ces derniers jours (et à juste titre, il a gagné les deux premiers), mais la monte de Christophe Soumillon sur Celestial était parfaite. Patient, il a attendu le bon moment pour demander l’effort, et le cheval a répondu présent avec une pointe de vitesse impressionnante.
Cette association Soumillon-Wattel devient de plus en plus régulière l’hiver. On se souvient déjà de belles performances les années passées. Et vu la forme actuelle de l’écurie, on risque de les revoir souvent à l’arrivée cet hiver.
Les enseignements pour les prochains Quinté sur le sable
Ce triplé nous donne déjà quelques pistes pour la suite du meeting :
- Les chevaux rallongés de distance peuvent créer la surprise (Celestial en est l’exemple parfait)
- Les pensionnaires de Wattel sont à suivre aveuglément tant qu’ils restent sur le sable de Deauville
- Raqeebb confirme son retour au premier plan, attention à lui dans les prochaines semaines
- Love Is Gold et Divine Chrisnat montrent que l’écurie Plisson est aussi en jambes
- Les chevaux pénalisés comme Dari River peuvent quand même se placer, mais gagnent rarement
Autant de données précieuses pour les turfistes qui aiment anticiper.
Et maintenant, jusqu’où ira Stéphane Wattel ?
La question que tout le monde se pose : va-t-il réussir le quadruplé ? Le prochain Quinté à Deauville est programmé dans quelques jours, et l’entraîneur normand aura plusieurs cartouches engagées. Personnellement, je pense qu’il va être très dur à battre tant que ses chevaux restent sur cette piste.
Ce qui est certain, c’est que ce début de meeting 2025 restera dans les annales. Rarement une écurie aura autant dominé l’hiver deauvillais. Et quelque part, ça fait du bien au turf français de voir un entraîneur hexagonal briller ainsi sur ses terres.
Alors, rendez-vous très bientôt pour voir si la série continue. En attendant, bravo à Stéphane Wattel, à son équipe, et à tous les acteurs de ce magnifique triplé. Le turf, quand il offre des moments-là, reste un sport absolument passionnant.
(Article rédigé avec passion après avoir vécu cette série historique en direct – et oui, j’ai encore du mal à y croire !)
