Vous est-il déjà arrivé de sentir que certains entraîneurs sont tout simplement imbattables sur leur terrain favori ?
C’est exactement l’impression que donne Stéphane Wattel en ce moment sur l’hippodrome de Deauville. Deux Quintés gagnés coup sur coup la semaine dernière, à domicile, sur la fibre sableuse qu’il connaît par cœur. Et voilà qu’il remet le couvert ce mardi 2 décembre avec Celestial, un cheval en pleine forme qui pourrait bien transformer l’essai en passe de trois. Franchement, quand on voit la régularité de l’homme, on se dit que ça sent bon… très bon même.
Pourquoi Deauville en hiver, c’est le terrain de jeu secret de Stéphane Wattel
Installé depuis 1992 au centre d’entraînement de la Touques, Wattel fait partie des meubles. Il a vu passer des générations de cracks, connu les hivers rigoureux et les étés caniculaires. Mais surtout, il a appris à dompter cette piste en PSF (Polytrack) comme personne. L’hiver, la concurrence parisienne délaisse souvent Deauville pour Vincennes ou Cagnes-sur-Mer. Résultat : les lots sont un peu moins relevés, et les valeurs plus lisibles, et les « locaux » comme Wattel en profitent.
« La concurrence est clairement moins rude que l’été », confie l’entraîneur avec le sourire tranquille de celui qui sait qu’il a une carte maîtresse dans son jeu.
Et cette carte, c’est Celestial. Un hongre de 5 ans qui reste sur une série très convaincante : victoire courageuse, puis deux accessits d’honneur dans des handicaps similaires. Sur 1 900 mètres PSF, corde à gauche, il a déjà prouvé qu’il adorait le profil. Mieux, il descend légèrement de catégorie cette fois-ci.
Celestial en chiffres : une régularité qui ne trompe pas
Regardez plutôt ses dernières performances sur le parcours :
- 15/11 – Deauville PSF – 1er (valeur 39)
- 25/11 – Deauville PSF – 3e (battu d’une tête et demie)
- 08/12 l’an passé – Même course – 2e en 40,5 de valeur
Autrement dit, il tourne autour depuis plusieurs semaines. Le lot de mardi lui offre une opportunité en or : plusieurs adversaires habitués des gros handicaps d’été redescendent avec des poids lourds, mais plusieurs « touristes » venus du trot ou de province risquent de trouver la PSF piégeuse. Celestial, lui, est chez lui.
Les adversaires à craindre (et ceux qu’on peut rayer sans regret)
Évidemment, rien n’est jamais gagné d’avance dans un Quinté. Quelques clients sérieux se dressent sur la route :
- Numéro 3 – Pedro Cara : descend de Chantilly, reste sur un échec mais adore la PSF. Attention s’il est détendu.
- Numéro 7 – Morning Star : la ligne du Quinté gagné par l’élève de Wattel la semaine dernière est excellente. Théoriquement la plus forte au poids.
- Numéro 12 – Vilaro : outsider capable du meilleur comme du pire. S’il daigne se battre jusqu’au bout, il peut coiffer tout le monde.
En revanche, certains me semblent un peu légers ou hors de leur jardin : les numéros venant de province sans référence sur PSF, ou ceux qui montent brutalement de catégorie après une victoire dans un réclamer.
Le secret Wattel : une préparation millimétrée
Ce qui frappe quand on discute avec les professionnels de Deauville, c’est la sérénité qui règne dans les boxes de Stéphane Wattel. Pas de stress apparent, une organisation huilée. L’homme est connu pour travailler ses chevaux au millimètre près, surtout l’hiver quand la piste est rapide le matin et plus profonde l’après-midi.
J’ai pu observer lors d’une matinée piste que Celestial galopait avec une aisance impressionnante. Souple, détendu, il finit son parcours sur un pied, oreilles dressées. Le genre de travail qui ne trompe pas les turfistes avertis.
« Il est mieux que jamais. On a pu le préserver un peu après sa dernière course, il a repris de la fraîcheur. La distance et le parcours, c’est du sur-mesure », glisse son mentor sans en dire trop – on connaît la discrétion normande.
Mon prono personnel pour ce Quinté du 2 décembre
Allez, je me mouille (et tant pis si je passe pour un fan boy de Wattel) :
Base inébranlable : 5 – Celestial
Couplage gagnant/placé obligatoire : 5 – 7
Chances secondaires : 3 – 12 – 9 – 1
Regret éventuel : 14 (si la piste devient très rapide)
Je vois bien Celestial dominer de la tête et tenir jusqu’au bout, avec Morning Star qui finit fort pour la deuxième place. Un couplé 5-7 qui pourrait payer cher vu les cotes probables.
Pourquoi les Quintés d’hiver à Deauville sont passionnants
On entend souvent dire que l’hiver, le turf perd de son lustre. Moi je trouve l’inverse. Les réunions sont plus intimistes, la lutte entre entraîneurs locaux et « envahisseurs » parisiens prend une saveur particulière. Et surtout, les rapports sont souvent juteux car les favoris sautent plus facilement.
Prenez les dix derniers Quintés à Deauville entre novembre et février : cinq ont été gagnés par des chevaux à plus de 10/1. La piste use les leaders, les attentistes reviennent de loin, les petites écuries sortent leurs meilleures cartouches. Tout ce que j’aime.
Et puis il y a cette ambiance si particulière : le brouillard matinal, le bruit des sabots sur la fibre, les tribunes à moitié vides mais les passionnés bien présents. C’est du turf pur jus, sans artifice.
Conclusion : une occasion en or à ne pas manquer
Si Celestial passe à côté, je promets de manger mon bonnet en direct. Plus sérieusement, tout est réuni pour que Stéphane Wattel signe une performance historique : trois Quintés de suite à domicile, ce serait du jamais vu depuis longtemps sur la côte normande.
Alors oui, le turf reste un sport imprévisible. Un mauvais parcours, une décharge d’adrénaline mal gérée, et tout peut basculer. Mais quand un entraîneur est en pleine confiance, avec un cheval au top sur son jardin… on serait fou de ne pas y croire.
Rendez-vous mardi à 13h50 pour le feu vert. Et si jamais Celestial franchit le poteau en tête, je vous laisse imaginer le sourire de Stéphane Wattel. Il le mériterait amplement.
