Vous est-il déjà arrivé de retenir votre souffle pendant une course, pas seulement pour l’arrivée, mais parce qu’un driver vient de faire une culbute impressionnante ? Hier, sur la grande piste de Vincennes, on a tous vécu ça. Et franchement, quand on aime le trot, ces moments-là marquent.
Le Prix de l’Angoumois, Quinté+ du mercredi 10 décembre, avait pourtant tout du rendez-vous classique de début d’hiver : des juments de 7 ans sur les 2 700 mètres de la grande piste, un lot homogène, des cotes qui faisaient rêver les parieurs. Et puis bam, un scénario complètement fou.
Laluna des Forges, une victoire qui ne devait pas exister
Imaginez la scène : le départ est donné, et la favorite potentielle, Laluna des Forges, s’élance… au galop. Oui, au galop. Quelques foulées complètement hors rythme qui la rejettent à l’arrière-garde direct. À ce moment-là, la plupart des parieurs ont dû déchirer leur ticket mentalement.
Mais Paul-Philippe Ploquin, son driver et entraîneur, connaît sa jument par cœur. Plutôt que de s’affoler, il la replace calmement, accepte le nez au vent dans la montée – la position que personne ne veut sur 2 700 mètres – et attend son moment. Et là, dans la ligne droite, Laluna se montre impitoyable. Elle finit en 1’12’’6, un chrono tout à fait honorable sur ce parcours exigeant, et devance tout le monde d’une longueur.
« Je ne sais vraiment pas pourquoi elle a fait ça au départ… Je la menais comme une finisseuse avant, mais en fait elle est surtout très dure. Elle a su repartir et elle le fait très bien. »
Paul-Philippe Ploquin, juste après la course
Ce genre de victoire, on en redemande. Parce qu’elle raconte tout ce qu’on aime dans le trot : la dureté, le mental, la capacité à renverser une situation mal embarquée. Laluna des Forges n’était pas la plus riche du lot, loin de là, mais elle a montré qu’en hiver, sur la cendre de Vincennes, c’est souvent le cœur qui fait la différence.
L’arrivée complète : les « petites » créent la surprise
Derrière la lauréate, on retrouve un podium inattendu et tellement logique à la fois :
- 2e – Laredo Bay (n°2) : la moins riche du lot, magnifiquement menée, elle confirme qu’elle monte en puissance.
- 3e – Lorelei de Reux (n°1) : même profil, même progression, un bel hiver en vue.
- 4e – Liberty Pat (n°3) : encore une « petit compte » qui fait mieux que se défendre.
- 5e – Little Star Fleury (n°15) : elle sauve les meubles et complète une combinaison à cinq chiffres.
Résultat ? Aucun parieur n’a trouvé le Quinté dans l’ordre. Le désordre a rapporté gros, l’ordre… encore plus gros. Un vrai jackpot pour ceux qui ont osé les associations audacieuses.
La frayeur Franck Nivard : plus de peur que de mal
Mais soyons honnêtes : l’image qu’on retient tous, ce n’est pas tant la victoire de Laluna, aussi belle soit-elle. C’est la chute. Une de ces chutes qui te font fermer les yeux deux secondes.
Dans la phase finale, Lunga des Brousses (n°12), drivé par Franck Nivard, se retrouve accroché par une concurrente qui penche brutalement. Le sulky se soulève, Nivard est éjecté, retombe lourdement et se fait percuter par un autre cheval qui arrive lancé. Le silence tombe sur l’hippodrome.
Puis le soulagement : Franck se relève, marche, fait signe que tout va bien. À 46 ans, le quintuple vainqueur du Prix d’Amérique a déjà connu pire, mais quand même. Voir un monument du trot au sol, ça ne laisse personne indifférent.
« J’ai eu très chaud… mais rien de cassé. Juste quelques bleus et la frayeur. »
Franck Nivard, quelques minutes après l’incident
Ce genre d’épisode rappelle à quel point ce sport reste dangereux, même quand tout semble sous contrôle. Les drivers le savent, les spectateurs aussi. Et paradoxalement, c’est aussi ce qui rend chaque course aussi intense.
Ce que cette course nous dit sur le meeting d’hiver
À mi-chemin du meeting d’hiver, quelques tendances se dessinent déjà. Les juments de 7-8 ans, souvent sous-estimées en début de saison, commencent à prendre le pouvoir. Les « petites » catégories (moins de 200 000 € de gains) montrent qu’elles peuvent rivaliser avec les plus riches sur la grande piste, surtout quand le rythme est soutenu.
Laluna des Forges, Laredo Bay, Lorelei de Reux… ces noms risquent de revenir souvent dans les prochaines semaines. Et ça, c’est une excellente nouvelle pour la diversité des lots et pour les parieurs qui aiment les belles histoires.
Et maintenant ? Vers le Prix d’Amérique
On est encore loin du dernier dimanche de janvier, mais chaque course compte. La grande piste demande de la tenue, de la dureté, et celles qui s’y illustrent dès décembre ont souvent leur mot à dire en fin de meeting.
Laluna des Forges ne boxe peut-être pas encore dans la cour des toutes meilleures, mais elle a montré qu’elle pouvait embêter du monde. Et dans un hiver où les leaders de l’an dernier peinent parfois à confirmer, toutes les surprises restent possibles.
Une chose est sûre : hier, Vincennes nous a offert du grand spectacle. Du suspense, de l’émotion, du sport pur. Bref, tout ce pourquoi on se lève tôt en hiver pour aller à l’hippodrome ou allumer sa télé à 13h50.
Et vous, vous l’aviez joué Laluna ? Ou vous avez encore le cœur qui bat à cause de la chute ? Dites-le moi en commentaire, j’adore lire vos retours après ces journées complètement dingues.
Prochain rendez-vous dès demain avec un nouveau Quinté, toujours à Vincennes. On remet ça ? Moi je signe direct.
