Il y a des histoires qui font chaud au cœur dans le monde parfois un peu froid des courses hippiques. Des liens qui durent, qui résistent au temps, aux défaites, aux changements d’époque. Quand un entraîneur parle de ses propriétaires avec une émotion dans la voix, on sent tout de suite que l’on touche à quelque chose de rare. Et demain, samedi 13 décembre, à Vincennes, l’un de ces chevaux-là pourrait bien écrire une nouvelle page magnifique.
Habit de Soirée n’est pas un crack médiatique. Il n’a pas la cote de Face Time Bourbon ni les titres d’élite. Mais il possède quelque chose que peu de chevaux ont : une fidélité absolue à ceux qui croient en lui depuis toujours. Et quand on sait que cette fidélité dure depuis plus de trente ans entre l’entraîneur Frédéric Senet et la famille qui porte ce cheval aux nues, on se dit que le destin pourrait bien leur sourire enfin.
Une relation qui dépasse largement le cadre professionnel
Frédéric Senet n’a pas toujours été à son compte. Quand il était jeune apprenti, il montait déjà les chevaux d’une famille passionnée. À l’époque, il n’imaginait probablement pas que trois décennies plus tard, il présenterait encore leurs couleurs sur la cendrée de Vincennes. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe.
La propriétaire, aujourd’hui âgée de 81 ans, continue de suivre chaque sortie de ses pensionnaires. Son mari nous a quittés, mais l’amour des courses est resté intact. C’est elle qui a voulu garder Habit de Soirée, même quand d’autres auraient peut-être baissé les bras après quelques contre-performances. Elle y croit. Elle y a toujours cru.
« Quand j’étais gamin, je travaillais déjà pour eux. Une confiance comme ça, ça ne s’explique pas, ça se vit. »
Frédéric Senet, dans un sourire ému
Ce genre de phrase, on ne l’entend pas tous les jours dans les boxes. On parle souvent d’argent, de rendement, de stratégie. Là, on parle d’humanité. Et c’est peut-être pour ça que l’histoire d’Habit de Soirée touche autant ceux qui la connaissent.
Habit de Soirée : un cheval qui monte en puissance
Revenons au sportif pur. Parce que oui, au-delà de l’émotion, il y a un cheval qui court vite. Très vite même quand il est dans un bon jour. Sa dernière sortie sur les 2 100 mètres de la grande piste de Vincennes, c’était il y a quelques jours à peine. Résultat ? Une victoire nette, autoritaire, presque insolente.
Ce jour-là, il a trotté en 1’11’’ et des poussières, un chrono qui fait réfléchir la concurrence. Surtout quand on sait qu’il partait avec un numéro en seconde ligne derrière l’autostart. Il a dû faire les extérieurs, se découvrir tôt, et pourtant il a fini en dominateur. C’est le genre de performance qui ne trompe pas.
- Départ parfait malgré un numéro piège
- Parcours offensif sans jamais être couvert
- Final en boulet de canon dans la ligne droite
- Reduction kilométrique sous les 1’12
Pour ceux qui aiment les détails, c’est le genre de course qui fait grimper la cote de confiance à 200 %. Et demain, dans le Quinté, il retrouvera quasiment les mêmes conditions : la grande piste, les 2 700 mètres où il respire, et un engagement qui semble taillé sur mesure.
Frédéric Senet : l’homme qui drivait déjà il y a trente ans
Frédéric Senet, ce n’est pas le plus médiatique des entraîneurs-drivers. Il n’a pas 300 chevaux à l’entraînement, il ne court pas après les caméras. Mais quand il parle de ses chevaux, on sent la passion brute, celle qui ne s’apprend pas dans les livres.
Il a choisi de rester fidèle à une écurie familiale plutôt que de courir après la quantité. Résultat : une dizaine de pensionnaires, tous chouchoutés, tous connus par cœur. Et quand il dit qu’Habit de Soirée est « sur son 31 », croyez-moi, il ne fait pas de la poésie pour faire joli.
« Il n’a jamais été aussi bien. Franchement, je ne vois pas ce qui pourrait nous battre samedi si tout se passe normalement. »
Ce genre de déclaration, venant d’un homme aussi mesuré, ça pèse lourd. Très lourd même.
Les clés de la course : ce qu’il faut surveiller
Maintenant, soyons honnêtes : dans un Quinté, rien n’est jamais gagné d’avance. Vincennes en hiver, c’est un juge de paix impitoyable. Un faux départ, un cheval qui se met à la faute, un driver trop gourmand… et tout peut basculer.
Mais quand on regarde le papier d’Habit de Soirée, plusieurs éléments sautent aux yeux :
- Numéro 6 derrière les ailes de l’autostart : idéal pour se placer sans efforts
- Parcours attendu sur un troisième rideau : parfait pour respirer
- Frédéric Senet au sulky : il connaît son cheval mieux que quiconque
- Forme ascendante : trois sorties, trois podiums dont une victoire éclatante
- Gain par course parfait pour cet échelon
Franchement, si je devais cocher un seul cheval en base demain, je n’hésiterais pas longtemps.
Et si c’était enfin la bonne ?
Dans les courses, on parle souvent de « justice immanente ». Ce jour où tout se remet en place, où les efforts, la patience, la fidélité sont enfin récompensés. Habit de Soirée a déjà gagné de belles courses, mais jamais dans un Quinté aussi relevé, jamais avec autant d’attentes sur les épaules.
Pour la propriétaire de 81 ans qui suit ça depuis son salon, pour Frédéric Senet qui a vu naître cette passion il y a trente ans, pour tous ceux qui croient encore que les belles histoires existent… demain pourrait être un grand jour.
Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai envie d’y croire. Parce que parfois, dans ce monde de brutes et de chronos, une victoire peut valoir bien plus que quelques milliers d’euros. Elle peut valoir trente ans d’amitié.
Alors rendez-vous demain sur la cendrée de Vincennes. Et si vous voyez un cheval bai brun avec une casaque qu’on reconnaît entre mille terminer en trombe… souriez. C’est peut-être l’histoire d’une vie qui vient de trouver sa plus belle fin.
Et vous, vous le jouerez en tête ? Ou vous garderez une petite place pour l’émotion dans votre ticket ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : ce Quinté-là, on s’en souviendra.
