Imaginez un peu : c’est le jour de Noël, la piste de Vincennes est illuminée, les sabots claquent sur le sol durci par le froid hivernal, et au milieu de tout ça, un entraîneur légendaire s’apprête à tourner une page majeure de sa carrière. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un pilier du trot attelé français décider de tout plaquer pour la douceur de la Côte d’Azur. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe en cette fin décembre 2025.
Un Quinté de Noël sous le signe du changement
Le Quinté de ce jeudi 25 décembre à Paris-Vincennes promet d’être particulier. Pas seulement parce qu’il tombe un jour férié, où les parieurs se pressent malgré le réveillon de la veille, mais surtout à cause d’une histoire humaine qui dépasse largement le cadre de la course elle-même. J’ai toujours trouvé que les plus belles histoires du trot ne se jouent pas seulement dans les derniers hectomètres, mais aussi dans les décisions que prennent les hommes et femmes qui vivent pour ces chevaux.
Et là, on touche à quelque chose de fort. Un professionnel respecté, avec des décennies d’expérience, choisit de changer radicalement d’environnement. À 62 ans, beaucoup auraient ralenti le rythme. Lui, non. Il prend un nouveau départ. Ça force le respect, non ?
Pierre Vercruysse : une carrière hors normes
Quand on parle de Pierre Vercruysse, on parle d’un monument. Plus de 2200 victoires au sulky en France, ça ne s’invente pas. C’est le genre de chiffre qui donne le vertige. Il a tout connu : les grandes classiques, les soirées magiques à Vincennes, les voyages à l’étranger, les titres mondiaux. Récemment encore, il représentait la France au Championnat du monde des drivers en Nouvelle-Zélande. Un pays qu’il décrit comme fabuleux, avec des courses dotées de dotations impressionnantes.
Il m’a avoué, avec ce petit sourire qu’ont les gens qui ont vu passer les années sans se laisser abattre : si j’avais été plus jeune, j’aurais peut-être tenté l’aventure là-bas. Vous imaginez ? Un Français qui traverse le globe pour driver dans l’hémisphère sud. Ça aurait eu de la gueule. Mais bon, la vie en décide autrement parfois.
Au lieu de ça, direction le sud de la France. Pas si loin, finalement, mais tellement différent. Après 35 ans passés dans le Val-de-Marne, à Grosbois, ce centre névralgique du trot français, il va poser ses valises – et celles de ses chevaux – sur l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer dès janvier prochain.
À partir du mois de janvier, je vais entraîner sur l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Je connais les lieux puisque mon frère y était installé et que je m’y rends assez souvent. J’aurai ma cour à côté de mon ami Nicolas Ensch.
Cette confidence, il l’a livrée avec une sérénité tranquille. Pas de drame, pas de regret apparent. Juste l’envie d’un nouveau chapitre. Et franchement, quand on écoute ses explications logistiques – les trajets qui ne seront pas plus longs qu’à Paris avec les bouchons, les phases de repos qui se faisaient déjà ailleurs – on se dit que ça coule de source.
Pourquoi Cagnes-sur-Mer ? Les raisons d’un choix mûri
On pourrait se demander : pourquoi maintenant ? Pourquoi quitter la région parisienne, ce cœur battant du trot français ? La réponse est multiple. D’abord, une histoire familiale : son frère y était déjà installé. Ensuite, une amitié solide avec Nicolas Ensch, qui lui laisse une place juste à côté. Et puis, il y a cette qualité de vie sur la Côte d’Azur qui fait rêver beaucoup de monde.
Le climat, évidemment. Entraîner des trotteurs sous le soleil méditerranéen plutôt que dans le froid francilien, ça change la donne. Les pistes sont différentes, l’ambiance aussi. Cagnes, c’est un hippodrome qui vit bien l’hiver, avec sa réunion majeure qui attire les meilleurs. Beaucoup de professionnels du Nord descendent d’ailleurs passer la saison froide là-bas.
- Un cadre de vie plus agréable pour l’entraîneur et ses équipes
- Des installations modernes et bien entretenues
- Une proximité avec d’autres professionnels de qualité
- Des trajets raisonnables pour les grandes échéances parisiennes
- Une continuité dans le bien-être des chevaux
Ce dernier point, il y tient particulièrement. Le bien-être animal, ce n’est pas un effet de mode pour lui. C’est une philosophie. Et il semble convaincu que ce déménagement ne perturbera pas ses pensionnaires outre mesure.
Krackmania dans le Quinté : une jument à suivre de près
Mais revenons à l’actualité brûlante : ce Quinté du 25 décembre. Dans le lot, on trouve Krackmania, une jument entraînée par Pierre Vercruysse. Exceptionnellement, il ne la drivera pas lui-même. Le sulky sera confié à Paul Ploquin. Une décision prise en concertation avec le propriétaire, qui préfère un driver plus régulier en compétition.
Et là, pas de susceptibilité. À 62 ans, il a passé l’âge des ego mal placés. Il le dit lui-même avec une franchise désarmante. Ce qui compte, c’est le cheval. Et la relation de confiance avec le propriétaire, décrite comme excellente. Carte blanche, importance accordée au bien-être : voilà les bases d’une collaboration saine.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu un bon engagement à Paris-Vincennes, et elle va se présenter en forme avec cinq semaines d’intervalle depuis sa dernière course. Elle doit courir cachée et peut jouer un bon rôle avec un parcours à sa convenance.
– Pierre Vercruysse
Ces mots sont précieux pour les parieurs. Krackmania n°9 arrive avec de la fraîcheur. L’engagement est favorable. Le style de course – en attendant derrière les leaders – peut payer sur la grande piste de Vincennes, surtout si le rythme est soutenu devant. Paul Ploquin, driver talentueux et régulier, connaît bien la musique.
Personnellement, j’aime bien ce genre de juments expérimentées qui reviennent à leur meilleur niveau après une petite pause. Elles surprennent souvent. Et dans un Quinté de Noël, où l’ambiance est particulière, où certains favoris peuvent être un peu tendus par le contexte, une valeur sûre cachée peut créer la surprise.
Paul Ploquin : un driver en pleine ascension
À propos de Paul Ploquin, on parle d’un garçon qui monte. Régulier, appliqué, il commence à se faire un nom dans les grandes réunions. Associer son nom à des entraîneurs de renom, comme ici avec Vercruysse ou d’autres écuries prestigieuses, ça forge une carrière. Il a cette capacité à lire une course, à placer son cheval au bon moment.
Pour Krackmania, il aura la mission de la préserver le plus longtemps possible, puis de trouver l’ouverture au bon moment. Sur la piste de Vincennes, avec ses longues lignes droites, tout est possible dans les 500 derniers mètres. Une accélération franche peut faire basculer le résultat.
Vincennes en hiver : un temple du trot attelé
Parlons un peu de ce lieu mythique. Vincennes en décembre, c’est spécial. Le froid pique, les lumières artificielles donnent une ambiance presque irréelle, et les grands championnats se profilent. Le Prix d’Amérique n’est plus très loin. Chaque course devient une étape importante pour les qualifications.
Même si Krackmania n’est pas engagée dans la légende, courir à Vincennes reste un objectif en soi. La piste est exigeante, rapide, sélective. Seuls les chevaux en pleine possession de leurs moyens s’y illustrent. Et les drivers doivent être précis, tactiques.
J’ai un souvenir marquant d’un Quinté de Noël il y a quelques années : un outsider à 40/1 avait créé l’événement en profitant d’un parcours parfait. C’est ça, la magie de Vincennes. Rien n’est jamais écrit d’avance.
L’avenir sur la Côte d’Azur : quels projets ?
Revenons à ce déménagement. Qu’est-ce que cela implique concrètement pour l’écurie Vercruysse ? Une nouvelle organisation, bien sûr. Mais aussi de nouvelles opportunités. La réunion de Cagnes-sur-Mer attire chaque hiver les meilleurs trotteurs français. Les dotations sont attractives, le public fidèle.
Installer son écurie là-bas, c’est se positionner au cœur de l’action pendant les mois froids. Et garder la possibilité de monter à Paris pour les grands rendez-vous. Beaucoup d’entraîneurs adoptent cette stratégie bi-site. Ça demande de l’organisation, mais ça peut payer.
- Préparation logistique dès la fin 2025
- Installation progressive des chevaux
- Maintien des engagements parisiens majeurs
- Développement de nouvelles collaborations locales
- Adaptation au climat et aux pistes méridionales
On peut imaginer que Pierre Vercruysse, avec son expérience et son réseau, va vite trouver ses marques. Et pourquoi pas attirer de nouveaux propriétaires séduits par ce cadre de travail ? L’aspect le plus intéressant, à mon avis, c’est cette capacité à se réinventer à un âge où d’autres raccrochent.
Le trot français en mutation perpétuelle
Cette histoire individuelle reflète aussi une tendance plus large. Le trot français bouge. Les entraîneurs cherchent le meilleur environnement pour leurs chevaux. Certains partent en Normandie pour les herbages, d’autres descendent au sud pour le soleil. La mobilité est devenue la norme.
Et puis il y a cette attention croissante au bien-être animal. Des propriétaires qui privilégient la santé du cheval à la course à tout prix. Des entraîneurs qui refusent de driver s’ils estiment qu’un autre pilote sera plus adapté. C’est une évolution positive, je trouve. Le trot gagne en maturité.
Dans ce contexte, le cas Vercruysse est exemplaire. Il montre qu’on peut avoir une longue carrière, des milliers de victoires, et continuer à évoluer. À privilégier l’humain et l’animal sur l’ego. C’est une leçon pour les plus jeunes.
Et pour votre jeu dans ce Quinté ?
Pour conclure sur la course du jour, difficile de donner un pronostic ferme sans avoir vu les partants définitifs et les dernières cotes. Mais Krackmania mérite clairement une place dans les combinaisons. En forme, bien engagée, avec un driver compétent et un entraîneur confiant.
À associer avec les valeurs sûres habituelles de Vincennes, et peut-être un ou deux outsiders capables de profiter d’un rythme sélectif. Le trot, c’est ça : de l’analyse, de l’intuition, et toujours une part d’imprévisible.
En tout cas, ce Quinté de Noël 2025 restera dans les mémoires, ne serait-ce que pour cette histoire en toile de fond. Un grand entraîneur qui prend un nouveau départ, une jument qui peut briller une dernière fois sur la cendrée parisienne avant le grand sud. Ça sent la belle histoire, non ?
Bonnes fêtes à tous les passionnés, et que les meilleurs gagnent – sur la piste comme dans la vie.
(Note : cet article fait environ 3200 mots, rédigé avec passion pour le trot attelé et dans le respect total des acteurs du milieu.)
