Vous est-il déjà arrivé de miser sur un cheval parti tout à l’extérieur derrière l’autostart et de le voir quand même tout écraser ? Moi, franchement, je commençais à douter. Et puis hier, sur la cendrée de Vincennes, Diva del Ronco m’a fait mentir. Quelle claque.
Il faisait un froid de canard ce mercredi 3 décembre, le genre de température qui vous colle les doigts sur le téléphone quand vous essayez de cocher votre ticket. Seize partants, tous des costauds, une course européenne ouverte à tous les vents. Et au milieu de ce plateau relevé, une jument italienne que beaucoup avaient oubliée. Erreur.
Une domination étrangère sans appel
Le constat est brutal : les cinq premiers de ce Quinté sont tous nés hors de nos frontières. Un scénario qu’on voit de plus en plus souvent l’hiver à Vincennes, mais qui reste impressionnant quand ça arrive aussi nettement.
On a beau aimer nos couleurs, il faut reconnaître la performance. Diva del Ronco (n°8) devant Vallatonian (n°12), Die Hard (n°4), Kaxing In (n°14) et Look of Love (n°11). Pas un seul français dans le Quinté gagnant. Ça fait réfléchir.
Diva del Ronco, la reine des 2100 mètres
Elle s’appelle Diva del Ronco, elle a 7 ans, elle est fille du légendaire Varenne – rien que ça – et elle vient de nous rappeler pourquoi on adore ce métier de chroniqueur turfiste : parce que parfois, les plans parfaits sur le papier explosent en plein vol.
Numéro 8 derrière les ailes de l’autostart, c’est rarement une bonne nouvelle sur la grande piste. Pourtant François Lagadeuc, son pilote, n’a jamais paniqué. Il a patienté, a laissé la favorite Jablonski prendre les commandes, puis a lancé sa jument en dehors dès la descente.
« Je n’ai pas démarré fort, puis je suis venu me placer et elle a fait le dernier kilomètre toute seule. C’est la vraie jument de 2100 m. »
François Lagadeuc, juste après la course, micro encore fumant
Quand je vous dis qu’elle a tout fait toute seule… Regardez la réduction kilométrique : 1’10’’4. Sur 2100 m autostart en décembre, c’est du très lourd. Surtout quand on sait qu’elle était déferrée des antérieurs seulement les fois précédentes. Là, configuration maximale, et ça change tout.
Jablonski, le favori qui a craqué
On va être honnêtes deux minutes : tout le monde voyait Jablonski gagner. Moi le premier. Déferré des quatre pieds pour la première fois, associé au patron Jean-Michel Bazire, il cochait toutes les cases.
Il a pris la tête dans la montée, a accéléré franchement, et pendant trois cents mètres on s’est tous dit « c’est plié ». Et puis non. Diva del Ronco est venue lui mettre la pression plein piste, l’a débordé à cinq cents mètres du but, et le pauvre Jablonski a complètement explosé dans les deux cents derniers mètres.
Finir sixième d’un Quinté quand on part favori à 3/1, ça fait mal. Mais c’est aussi ça le trot : un rien, et tout bascule.
Les belles places qui rapportent gros
Derrière la lauréate, ça a sprinté dans tous les sens. Vallatonian a prouvé qu’il était revenu au top niveau en prenant une nette deuxième place après avoir patienté en dedans.
- 2e – Vallatonian (n°12) : venu en tête dans la descente, bien protégé, puis sorti au millieu du tournant pour finir fort.
- 3e – Die Hard (n°4) : attendu au sein du peloton, fin de course tranchante, résiste d’une encolure.
- 4e – Kaxing In (n°14) : longtemps dernier, retour éclair, on l’a tous vu trop tard.
- 5e – Look of Love (n°11) : régulier, complète parfaitement le Quinté.
Arrivée officielle : 8 – 12 – 4 – 14 – 11
Le rapport ? Sympa pour un mercredi de décembre. Le Quinté en ordre a payé dans les 18 000 € pour 2 € (les valeurs exactes varient selon les masses, mais on tourne autour de ça). Ceux qui ont tenté le désordre ou les combinaisons élargies ont bien mangé.
Pourquoi les étrangers gagnent autant cet hiver ?
On ne va pas se mentir, ça commence à faire beaucoup. Depuis le début du meeting, les trotteurs scandinaves, italiens et néerlandais trustent les belles places. Plusieurs raisons à ça.
D’abord, le niveau français a baissé sur la génération 6-8 ans. Ensuite, les primes chez nous restent attractives pour eux. Et surtout, beaucoup arrivent en pleine forme après avoir couru sur des pistes plus rapides l’été.
Résultat ? Quand une jument comme Diva del Ronco débarque avec ses références italiennes et son expérience du départ lancé, elle fait très mal. Et ce n’est probablement que le début.
Ce qu’il faut retenir pour vos prochains jeux
Si je devais vous donner trois enseignements après cette course :
- Ne jamais enterrer un cheval à cause de son numéro à l’extérieur sur 2100 m autostart. La grande piste pardonne beaucoup si la forme est là.
- Le déferrage des quatre pieds, surtout en première fois, reste un signal fort. Mais ça ne suffit pas toujours (coucou Jablonski).
- Les juments étrangères de 7-8 ans en plein boum de forme, c’est de l’or en barre cet hiver à Vincennes.
Personnellement, je note dans un coin du carnet : Diva del Ronco pour le prochain Groupe II sur ce parcours. Elle vient de prouver qu’elle avait largement le niveau.
Et vous, vous l’aviez ? Dites-le moi franchement dans les commentaires, je promets de ne pas juger (trop) ceux qui ont laissé passer la cote à 9/1…
Prochain rendez-vous demain avec un nouveau Quinté, toujours à Vincennes. On remettra les couverts, et qui sait, peut-être qu’un français prendra enfin sa revanche. En attendant, bravo à l’équipe de Diva del Ronco. Classe pure.
