Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça fait d’avoir 20 ans et de se retrouver déjà parmi les cinquante meilleurs pilotes de France dans un sport aussi exigeant que le trot attelé ? Moi, quand j’ai découvert le parcours de Lana Henry, j’ai eu le sourire. Cette gamine – pardon, cette jeune femme – a quelque chose de magnétique. Une maturité dingue, une envie qui déborde et un palmarès qui fait déjà pâlir certains vieux briscards.
Ce vendredi soir, elle sera au départ du Quinté à Vincennes. Et franchement, on a envie de la suivre de très près.
Lana Henry, ou quand le talent saute une génération… ou pas
Dans le milieu du trot, on naît souvent avec des bottes et un casque. Lana, elle, est carrément née avec un sulky dans les mains. Fille de Yannick Henry, nièce de Nathalie Henry, elle a grandi entre les boxes et les pistes en cendrée. Mais attention, pas question de se reposer sur le nom de famille. Elle répète à qui veut l’entendre qu’elle veut tracer sa route, avec ses forces et surtout ses choix.
Et ça commence fort : 36 victoires rien que sur l’année 2025, 93 au total en carrière pro débutée il y a peine plus d’un an. À ce rythme, la barre symbolique des 100 gagnants va tomber avant la fin du meeting d’hiver. Impressionnant.
« J’avais à cœur de faire une année correcte pour ma première saison pro. Je pense avoir progressé mentalement, grâce à l’expérience et aux conseils, surtout ceux de mon père. »
Lana Henry
Ce qui frappe, c’est sa sérénité. À 20 ans, beaucoup craqueraient sous la pression de Vincennes, là où les meilleurs se tirent la bourre tous les soirs. Elle ? Elle arrive, elle observe, elle écoute et elle drive. Point final.
Grosbois, le grand saut
Depuis une semaine, Lana a posé ses valises (et ses dix trotteurs) au centre d’entraînement de Grosbois. Le saint des saints du trot français. Là où les écuries Bazire, Abrivard ou Guarato font la loi depuis des années.
Pour une jeune pro, s’installer là, c’est un peu comme un jeune footballeur qui signe au Real Madrid à 18 ans. Tout le monde vous regarde, tout le monde attend l’erreur. Mais elle semble déjà chez elle.
- Rotation permanente des chevaux selon les engagements
- Travail quotidien avec des pistes de haut niveau
- Proximité immédiate de Vincennes (30 minutes en camion)
- Échanges constants avec les plus grands
Elle le dit elle-même : « Tout se passe au mieux, les chevaux se sont bien adaptés. » Quand on connaît le stress que représente un déménagement pour un trotteur, c’est déjà une petite victoire.
Un mental d’acier forgé dans l’expérience
Beaucoup de jeunes drivers explosent en vol quand ils passent pro. Trop de pression, trop de concurrence, trop d’attentes. Lana, elle, semble avoir compris très tôt un truc essentiel : on progresse en regardant, en écoutant et en se remettant en question tous les jours.
Elle passe des heures à revisionner les courses. Les siennes, évidemment, mais aussi celles des cadors. Elle pose des questions, elle note, elle teste. Et surtout, cerise sur le gâteau, elle vient de signer avec l’agent Jérémy Fièvre. En un mois, le courant est passé et les programmes se remplissent gentiment.
« Le feeling est tout de suite bien passé, il fait du bon boulot pour compléter mes réunions. »
Dans un milieu où certains agents prennent 15-20 % sans trop se fouler, trouver quelqu’un qui bosse vraiment pour vous à 20 ans, c’est de l’or.
Vincennes, le vrai révélateur
On peut gagnera partout en province, mais Vincennes, c’est une autre planète. La piste est plus courte, plus technique, les départs sont ultra-rapides et les meilleurs pilotes ne vous font aucun cadeau. Arriver là-dedans à 20 ans et réussir à s’intégrer dans le peloton sans se faire manger les murs, c’est déjà énorme.
Lana ne se prend pas la tête : « Je n’ai pas de pression particulière. » Facile à dire. Mais quand on voit sa régularité et sa capacité à emmener ses chevaux jusqu’au bout, on se dit qu’elle ne raconte pas d’histoires.
Et puis il y a cette petite phrase qui en dit long :
« À Vincennes, on se frotte aux meilleurs, mais je fais de mon mieux pour m’intégrer dans le peloton. »
Traduction : elle est déjà là, et elle compte bien y rester.
Et maintenant ?
Le meeting d’hiver qui s’ouvre, c’est le moment ou jamais. Les gros lots, les Groupe I, les classiques pour 4 ans l’an prochain… Tout est possible. Avec dix chevaux à Grosbois et une motivation à revendre, Lana Henry a les cartes en main.
On parle souvent de la nouvelle génération Bazire, Abrivard, Raffin… Mais une chose est sûre : il va falloir compter avec les filles, et particulièrement avec elle.
Alors ce vendredi soir, quand le speaker annoncera son nom dans le Quinté, regardez bien le sulky qui portera ses couleurs. Il y a des chances qu’on en reparle souvent dans les mois qui viennent.
Parce qu’à 20 ans, Lana Henry n’est pas juste une promesse. Elle est déjà une réalité qui cogne à la porte des toutes meilleures.
Et quelque chose me dit que cette porte-là va finir par s’ouvrir en grand.
