Vous êtes à l’aéroport, café à la main, prêt à embarquer. Et là, bam : vol annulé. Hier, des milliers de passagers ont vécu ça à cause d’un problème que personne n’avait vraiment vu venir. Un simple logiciel, un calculateur qui gère les ailerons et la profondeur d’un des avions les plus vendus au monde, l’Airbus A320, qui se révèle sensible aux… radiations solaires. Oui, vous avez bien lu : le soleil nous a fait un petit coucou un peu trop musclé.
Franchement, quand j’ai vu l’info défiler vendredi soir, j’ai d’abord cru à une blague. Puis je me suis souvenu qu’on vit à une époque où même le vent solaire peut mettre par terre une flotte entière. Et là, on parle quand même de plus de 6 000 appareils concernés dans le monde.
Un bug venu du cosmos qui a fait trembler l’aviation
Tout part d’une alerte lancée par Airbus vendredi. Le constructeur a découvert qu’une version spécifique du calculateur ELAC (Elevator and Aileron Computer), celui qui commande les gouvernes de profondeur et les ailerons, pouvait planter en cas d’exposition intense aux rayonnements cosmiques. En gros, quand il y a une grosse éruption solaire, des particules à haute énergie peuvent traverser l’atmosphère et, dans de très rares cas, provoquer ce qu’on appelle un Single Event Effect dans les circuits électroniques.
Ce n’est pas nouveau en soi : l’industrie aéronautique connaît le phénomène depuis longtemps. Ce qui l’est, c’est qu’on ait identifié un lot précis de calculateurs qui n’étaient pas assez blindés contre ce risque. Résultat ? Directive d’urgence de l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) : tous les avions équipés de cette version doivent être mis à jour avant de revoler.
« La sécurité reste la priorité absolue. Même si le risque est extrêmement faible, nous préférons agir immédiatement. »
– Communiqué d’un grand constructeur européen
Pourquoi Air France s’en sort mieux que prévu
Vendredi soir, la panique. On annonçait 35 vols annulés rien que pour la compagnie nationale. Les images de Roissy et Orly avec des files d’attente interminables tournaient en boucle. Et puis, miracle de la nuit : la plupart des appareils concernés ont pu recevoir la mise à jour logicielle en quelques heures seulement.
Comment c’est possible ? Tout simplement parce que la flotte française est relativement récente et que beaucoup d’A320 avaient déjà la version corrigée du logiciel. Au final, seule une poignée d’avions a dû rester clouée au sol le temps de l’opération. Ce samedi matin, la situation était presque revenue à la normale.
- Opération nocturne express dans les hangars
- Équipes techniques mobilisées 24h/24
- Mise à jour réalisée en moins de 4 heures par appareil
- Reprise des vols dès les premières rotations du matin
J’ai discuté avec un mécano que je connais à Roissy (oui, on a tous un pote qui bosse dans l’aviation). Il m’a dit : « On a l’habitude des urgences, mais là c’était quand même spécial. Voir autant d’A320 alignés au sol avec juste un PC branché sur chaque, c’était surréaliste. »
Et ailleurs dans le monde ?
Si la France s’en tire bien, ce n’est pas le cas partout. Certaines compagnies low-cost, avec des flottes plus anciennes ou plus hétérogènes, ont dû annuler des centaines de vols. On parle de perturbations majeures en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et même aux États-Unis où des opérateurs régionaux utilisent encore beaucoup d’A320 de première génération.
EasyJet, par exemple, a prévenu dès vendredi qu’il fallait s’attendre à des retards et des annulations tout le week-end. Idem pour d’autres gros acteurs. Le ciel européen ressemblait un peu à un jeu de chaises musicales version XXL.
Le risque était-il vraiment si grave ?
C’est la question que tout le monde se pose. Officiellement, le scénario redouté était la perte temporaire de commande des gouvernes en vol. En clair : l’avion devient momentanément difficile à contrôler. Mais – et c’est important – les systèmes sont triplés. Même si un ELAC lâche, deux autres prennent le relais. Et il y a toujours le pilote.
En vingt-cinq ans d’exploitation de la famille A320, il n’y a eu aucun accident lié à ce phénomène. Zéro. Le risque est donc théorique… mais dans l’aviation, on ne plaisante pas avec le théorique quand il peut devenir pratique un jour à 10 000 mètres d’altitude.
« Mieux vaut une journée de chaos au sol qu’une seconde de doute en l’air. »
Ce que ça nous dit sur l’aviation moderne
L’incident est révélateur à plus d’un titre. D’abord, il montre à quel point les avions d’aujourd’hui sont des ordinateurs volants. Un simple bit retourné par une particule cosmique et c’est toute une flotte qui doit être mise à jour. Ensuite, il rappelle que même les systèmes les plus redondants ne sont jamais à l’abri d’une faille découverte tardivement.
Mais il y a aussi du positif : la réactivité. En moins de 48 heures, une alerte mondiale, une solution validée, des milliers d’avions remis à jour. Ça, c’est la force de l’écosystème aéronautique européen. Quand il faut bouger, ça bouge vite.
Et maintenant ?
La majorité des compagnies annoncent un retour à la normale d’ici lundi ou mardi. Les derniers appareils encore en attente de mise à jour seront traités ce week-end. L’EASA surveille de près l’application de la directive et publiera probablement un rapport dans les prochaines semaines.
Pour les passagers, c’est l’occasion de rappeler une règle d’or : toujours prévoir une marge quand on voyage, surtout en période de forte activité. Parce que oui, même en 2025, le soleil peut encore nous rappeler qui commande vraiment là-haut.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant : l’aviation préfère annuler 500 vols plutôt que de prendre le moindre risque. Moi, la prochaine fois que je monterai dans un A320, je regarderai le soleil avec un petit sourire en coin. Merci pour la mise à jour, vieux.
PS : Si vous avez vécu des annulations ou des retards ce week-end, racontez-nous votre expérience en commentaire. On est nombreux à avoir pesté devant les panneaux d’affichage, autant partager nos galères !
