Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains jeunes, pleins de talent et d’énergie, galèrent autant à décrocher leur premier vrai job ? On leur répète qu’il faut un diplôme, de l’expérience, un réseau… Et si la solution était plus simple : un ballon, un terrain, et quelqu’un qui croit en eux ?
C’est en substance l’idée folle – et pourtant terriblement logique – qui émerge d’un rapport tout juste sorti. Utiliser le sport comme tremplin massif vers l’emploi. Pas juste quelques stages ici ou là, non : parler de 100 000 jeunes accompagnés d’ici 2030. Rien que ça.
Le sport, ce recruteur qu’on avait oublié
Le constat de départ est brutal. Malgré tous les dispositifs existants, des secteurs entiers crient famine de candidats : la banque, les transports, le commerce, la sécurité… Pendant ce temps, des milliers de jeunes tournent en rond, souvent loin des circuits classiques de recrutement.
Et là, quelqu’un a eu l’idée de regarder du côté des clubs sportifs. Parce que le sport, c’est précisément l’endroit où ces jeunes sont. Où ils se révèlent. Où on voit qui sait travailler en équipe, qui ne lâche rien, qui respecte les règles même quand c’est dur.
Franchement, quand on y pense deux minutes, c’est presque une évidence. Le gamin qui organise les entraînements quand l’éducateur est absent, la fille qui motive tout le monde quand l’équipe est menée au score… Ce sont déjà des profils de managers en herbe. Alors pourquoi continuer à les ignorer ?
Des chiffres qui donnent le vertige
En cinq ans, des initiatives locales ont déjà prouvé que ça marche : plus de 20 000 jeunes ont été accompagnés vers un emploi ou une formation qualifiante grâce à des programmes mêlant sport et insertion. Vingt mille. Ce n’est pas une goutte d’eau, c’est une vraie vague.
Maintenant, l’ambition c’est de changer d’échelle. Viser grand. Le plan proposé repose sur quatre piliers qui tiennent plutôt bien la route :
- Mobiliser 20 000 clubs sportifs partout en France
- Former 5 000 coachs d’insertion spécialisés
- Convaincre 1 000 entreprises de jouer le jeu
- Créer un fonds national pour financer tout ça
Quand on voit ces chiffres alignés comme ça, on se dit que c’est soit complètement dingue… soit exactement ce qu’il nous faut.
Le coach, futur DRH de quartier ?
L’une des idées les plus malignes, c’est de transformer certains éducateurs sportifs en véritables chasseurs de talents sociaux. On parle de créer des métiers hybrides : mi-entraîneur, mi-médiateur, mi-recruteur.
Le coach devient une espèce de DRH de proximité. Il repère les potentiels, accompagne, met en relation directe avec l’entreprise. Et surtout, il fait confiance là où les algorithmes de Pôle Emploi passent à côté.
Parce que soyons honnêtes : un CV bien rempli, c’est bien. Mais quelqu’un qui vous dit « ce gamin, je le connais, il ne lâchera jamais »… ça pèse parfois plus lourd.
Et puis il y a cette réalité qu’on oublie trop souvent : avec la disparition progressive des emplois aidés, le sport associatif a perdu des dizaines de milliers de postes. Des éducateurs qui faisaient bien plus que du sport. Qui étaient des repères. Le rapport propose de recréer ces postes, mais en mieux. En les formant spécifiquement à l’accompagnement vers l’emploi.
Les entreprises prêtes à franchir le pas
Côté entreprises, il y a déjà des pionnières. Des grands groupes qui recrutent directement dans les clubs de foot ou de basket de quartier. Des PME qui financent des programmes en échange de profils motivés et fidèles.
Ce qui change la donne, c’est la promesse d’un recrutement moins coûteux, plus humain et souvent plus efficace. Parce que le jeune qui arrive recommandé par son coach, il a déjà prouvé sa capacité à s’investir. Il connaît la culture de l’effort. Il a appris la ponctualité (sinon il faisait des pompes). Tout ce que les recruteurs recherchent… mais qu’on ne voit pas sur un CV.
Et puis il y a l’image. Une entreprise qui s’engage dans les quartiers, qui soutient un club local, qui donne sa chance à des jeunes éloignés de l’emploi… ça ne fait pas de mal à la marque employeur, avouons-le.
Un fonds national pour tenir la distance
Évidemment, tout ça a un coût. Former des coachs, organiser des job datings sur les terrains, accompagner les jeunes sur la durée… ce n’est pas gratuit.
D’où l’idée d’un fonds de dotation national, soutenu par le mouvement sportif et les grandes entreprises. Un peu comme ce qui existe déjà dans la culture ou l’environnement, mais dédié à l’inclusion par le sport.
L’avantage ? Les dons sont défiscalisés, les retours d’image énormes, et les résultats concrets. Tout le monde y gagne.
Et si ça marchait vraiment ?
On peut toujours rester sceptique. 100 000 jeunes en cinq ans, c’est énorme. Mais quand on regarde les expériences qui tournent déjà – à Marseille avec les boxeurs, à Lille avec les clubs de foot, en Île-de-France avec le basket – on se dit que c’est possible.
Ce qui est sûr, c’est que les solutions classiques ont montré leurs limites. Les forums emploi où personne ne vient, les CV jetés à la poubelle faute d’expérience… On tourne en rond depuis trop longtemps.
Alors oui, miser sur le sport, c’est un pari. Mais c’est un pari qui parle à tout le monde. Aux jeunes d’abord, qui retrouvent du sens. Aux clubs, qui retrouvent une mission sociale. Aux entreprises, qui trouvent enfin des candidats motivés.
Et si c’était ça, la vraie révolution tranquille de l’emploi en France ? Pas une énième loi, pas un énième dispositif bureaucratico-chiant, mais un ballon rond (ou ovale, ou un panier) qui change des vies.
Personnellement, je trouve ça plutôt beau. Et vous ?
(Article rédigé à partir des dernières propositions publiques en matière d’inclusion par le sport – décembre 2025)
