Au cœur de l’Afrique, dans un coin du Burundi où la terre semble retenir son souffle, des milliers de réfugiés congolais se battent pour survivre. Imaginez un instant : fuir la guerre, les balles, la peur, pour se retrouver dans un camp surpeuplé où même un bol de riz devient un luxe. C’est la réalité à Musenyi, un camp où l’espoir s’effrite aussi vite que les rations alimentaires. J’ai lu leurs histoires, et je ne peux m’empêcher de penser : comment en est-on arrivé là ?
Une Crise Humanitaire qui S’aggrave
Le Burundi, petit pays d’Afrique de l’Est, accueille aujourd’hui des dizaines de milliers de réfugiés fuyant les violences en République démocratique du Congo (RDC). Depuis janvier, plus de 71 000 personnes ont traversé la frontière, poussées par l’avancée du M23, un groupe armé soutenu par des forces extérieures. Ces hommes, femmes et enfants ont tout laissé derrière eux : maisons, métiers, sécurité. Mais à Musenyi, leur refuge, la situation est loin d’être un havre de paix.
Les rations alimentaires, déjà maigres, fondent comme neige au soleil. Ce qui était autrefois un filet de sécurité – quelques kilos de riz, de haricots, un peu d’huile – se réduit à peau de chagrin. Pourquoi ? Parce que l’aide humanitaire, notamment celle des États-Unis, qui représentait 40 % du financement mondial, a été drastiquement coupée. Sans ce soutien, les organisations sur le terrain, comme le Programme alimentaire mondial (PAM), peinent à nourrir les bouches affamées.
Nous recevons à peine de quoi tenir une semaine. Après, c’est le vide.
– Un réfugié dans le camp de Musenyi
La Faim, un Ennemi Silencieux
Dans le camp de Musenyi, la faim n’est pas qu’une sensation. Elle est une menace constante, un ennemi qui ronge les corps et les esprits. Les rations, autrefois calculées pour couvrir les besoins de base, ne représentent plus que la moitié du minimum calorique vital. Un kilo de riz par mois. Un peu moins de deux kilos de haricots. Une goutte d’huile. Comment nourrir une famille avec si peu ?
Les témoignages des réfugiés sont déchirants. Un jeune homme, que nous appellerons Marc pour protéger son identité, raconte son désespoir. Ancien employé d’un bar dans une ville congolaise, il a fui les combats entre milices et forces armées. Aujourd’hui, il patrouille dans le camp pour empêcher les vols de nourriture. « Les gens deviennent fous », confie-t-il. « Ils coupent les tentes pour voler un sac de riz. »
- Réduction des rations : de 3,5 kg de riz à 1 kg par mois.
- Haricots : passés de 3 kg à 1,8 kg par personne.
- Huile et sauce : à peine de quoi tenir un jour.
Ces chiffres ne sont pas abstraits. Ils signifient des estomacs vides, des enfants qui pleurent, des mères qui n’ont plus rien à offrir. Et pourtant, la faim n’est que le début des problèmes.
Quand la Désespérance Engendre la Violence
La faim a un effet domino. À Musenyi, les tensions montent. Les vols de nourriture se multiplient, et certains réfugiés, poussés par le désespoir, s’en prennent à leurs voisins. Les tentes, déjà fragiles, sont lacérées pour quelques poignées de haricots. Les familles se déchirent, les communautés s’effritent. « C’est la terreur », murmure un habitant du camp. Et je me demande : jusqu’où cela peut-il aller ?
Les responsables du camp, comme l’administrateur adjoint, tentent de contenir la situation. Ils encouragent les réfugiés à cultiver des lopins de terre pour s’autonomiser. Mais dans un pays aussi pauvre que le Burundi, où les ressources sont déjà rares, cette solution semble illusoire. Sans aide extérieure, comment planter, irriguer, récolter ?
Si l’aide s’arrête complètement, on risque des émeutes. Les gens n’ont plus rien à perdre.
– Un responsable humanitaire local
Les coupes budgétaires tombent au pire moment. Les combats en RDC s’intensifient, et les arrivées de réfugiés ne ralentissent pas. Musenyi, conçu pour 10 000 personnes, en accueille désormais près de 20 000. Les infrastructures craquent, les tensions explosent. Et les plus vulnérables – les femmes, les enfants – paient le prix fort.
Les Femmes et Enfants, Premières Victimes
Dans ce chaos, les femmes et les enfants souffrent le plus. Beaucoup de réfugiées ont fui des violences sexuelles en RDC, mais au Burundi, elles ne trouvent pas toujours la sécurité espérée. Les programmes d’aide dédiés aux victimes de ces violences ont été réduits, voire supprimés, faute de fonds. Une jeune mère, que nous appellerons Sophie, partage son angoisse : « Sans aide, comment nourrir mes quatre enfants ? Certaines femmes se tournent vers des solutions désespérées. »
Les enfants, eux, grandissent dans un monde où la faim est une compagne quotidienne. Ils errent dans le camp, le ventre vide, les yeux pleins de questions. Certains adolescents, poussés par la frustration, rejoignent des groupes qui sèment le trouble. D’autres rêvent de retourner en RDC, malgré les dangers. « Plutôt mourir là-bas que crever de faim ici », lance l’un d’eux, la voix tremblante de colère.
| Problème | Impact | Conséquences |
| Réduction des rations | Faim généralisée | Risques de malnutrition |
| Coupes humanitaires | Arrêt des programmes | Insécurité croissante |
| Surpopulation | Tensions communautaires | Violences et vols |
Un Système Humanitaire à Bout de Souffle
Le système humanitaire est au bord de l’effondrement. Le Programme alimentaire mondial a prévenu : sans nouveaux financements, ses distributions s’arrêteront d’ici novembre. Cela signifie que des milliers de personnes, déjà à la limite de la survie, seront laissées à l’abandon. Les ONG, comme celles actives au Burundi, tirent la sonnette d’alarme. « C’est une catastrophe annoncée », affirme un responsable humanitaire. « On risque des décès dus à la faim. »
Le Burundi, déjà l’un des pays les plus pauvres du monde, ne peut pas assumer seul cette charge. Les autorités locales font ce qu’elles peuvent, mais sans soutien international, leurs efforts sont une goutte d’eau dans l’océan. Et pendant ce temps, les réfugiés continuent d’arriver, fuyant un conflit qui ne montre aucun signe d’apaisement.
Vers un Avenir Incertain
Face à cette crise, certains réfugiés envisagent des solutions extrêmes. Beaucoup font des allers-retours entre le Burundi et la RDC, bravant les dangers pour chercher de quoi survivre. Mais pour d’autres, comme une mère de huit enfants que nous appellerons Marie, retourner en RDC n’est pas une option. « Là-bas, il y a les balles. Ici, au moins, je n’entends pas les tirs », dit-elle, serrant un sac de riz à moitié vide.
Et pourtant, l’avenir reste sombre. Sans une mobilisation internationale, la situation à Musenyi risque de dégénérer. Les responsables locaux parlent d’autonomisation, mais comment cultiver sans outils, sans terres fertiles, sans espoir ? À mes yeux, l’aspect le plus tragique est cette résignation qui s’installe. Ces hommes et ces femmes ont fui l’horreur, mais ils se retrouvent piégés dans une autre forme de cauchemar.
Je veux juste une vie où mes enfants ne pleurent pas de faim.
– Une mère réfugiée
Alors, que faire ? La communauté internationale doit-elle regarder ailleurs pendant que des milliers de personnes sombrent ? Les coupes dans l’aide humanitaire ne sont pas qu’une question de chiffres. Elles signifient des vies brisées, des familles déchirées, des espoirs éteints. Peut-être qu’en lisant ceci, vous vous demandez, comme moi, ce qu’il faudrait pour changer les choses. Une chose est sûre : sans action, Musenyi deviendra le symbole d’une tragédie évitable.
Ce qui se passe au Burundi n’est pas qu’une crise lointaine. C’est un rappel brutal de ce qui arrive quand l’indifférence prend le pas sur la solidarité. Les réfugiés congolais ne demandent pas la lune. Un bol de riz, un peu de sécurité, une chance de vivre. Est-ce trop demander ?
