Imaginez-vous forcé de quitter votre maison, votre famille, votre vie, pour fuir des violences incessantes. C’est la réalité de dizaines de milliers de Sud-Soudanais qui, depuis des mois, affluent vers l’Éthiopie, espérant y trouver refuge. Mais ce qui les attend à Mattar, une ville proche de la frontière, n’est pas la sécurité tant espérée : c’est une crise sanitaire qui menace de devenir une catastrophe. Entre épidémies de choléra, malnutrition galopante et infrastructures débordées, l’urgence est palpable. Comment en est-on arrivé là ? Et surtout, que peut-on faire pour éviter le pire ?
Une Crise Humanitaire aux Portes de l’Éthiopie
Le Soudan du Sud, nation née en 2011 après une indépendance arrachée au prix de lourds sacrifices, reste un pays fragile. La guerre civile qui a ravagé le pays entre 2013 et 2018 a laissé des cicatrices profondes. Un accord de paix, signé entre les factions rivales, a offert un répit temporaire. Mais depuis plusieurs mois, les tensions entre les forces loyales au président et celles de son ancien vice-président ont repris de plus belle, plongeant des milliers de civils dans une nouvelle vague de violence. Résultat ? Un exode massif vers l’Éthiopie, où les conditions d’accueil sont loin d’être à la hauteur des besoins.
Mattar : Un Refuge au Bord de l’Effondrement
À Mattar, petite ville éthiopienne située à quelques kilomètres de la frontière sud-soudanaise, entre 35 000 et 85 000 réfugiés ont trouvé un abri précaire. Mais les infrastructures locales, déjà fragiles, ploient sous le poids de cet afflux. Les abris manquent, l’eau potable est rare, et les services médicaux sont dépassés. J’ai lu des récits qui donnent froid dans le dos : des familles entassées sous des tentes de fortune, des enfants affamés, et des files interminables pour un simple bidon d’eau. Comment une ville peut-elle absorber une telle pression sans craquer ?
Les infrastructures locales sont complètement débordées, et sans une aide immédiate, le risque d’une catastrophe sanitaire est imminent.
– Experts humanitaires
Ce n’est pas une simple crise logistique. Les conditions à Mattar favorisent l’émergence de maladies hydriques comme le choléra ou la diarrhée aiguë. Ces pathologies, souvent bénignes dans des contextes où l’accès à l’eau propre et aux soins est garanti, deviennent mortelles ici. Les organisations humanitaires rapportent que des milliers de personnes ont déjà été traitées pour ces affections, mais les chiffres ne cessent de grimper.
Le Choléra : Une Menace Silencieuse mais Dévastatrice
Le choléra, cette maladie qui se propage par l’eau contaminée, est particulièrement redoutable dans les camps de réfugiés. Les symptômes – diarrhées sévères, vomissements, déshydratation rapide – peuvent tuer en quelques heures sans traitement. Selon des rapports récents, environ 1 200 personnes ont été prises en charge pour des suspicions de choléra à Mattar. Ce chiffre, déjà alarmant, ne reflète qu’une partie de la réalité, car beaucoup de cas ne sont probablement pas recensés. Ce qui m’a frappé, c’est la vitesse à laquelle cette maladie peut se propager dans un environnement où l’hygiène est précaire.
Pour mieux comprendre l’ampleur du problème, voici quelques données clés :
- Environ 10 à 20 % des cas de choléra évoluent vers une forme sévère, nécessitant une hospitalisation d’urgence.
- Les enfants et les personnes affaiblies sont les plus vulnérables.
- Le manque d’eau potable et d’installations sanitaires aggrave la propagation.
Les équipes médicales sur place font ce qu’elles peuvent, mais elles manquent de tout : médicaments, personnel, et même espace pour traiter les patients. Sans une intervention massive, le choléra pourrait transformer Mattar en un véritable cauchemar sanitaire.
Malnutrition : Les Enfants en Première Ligne
Si le choléra est une menace immédiate, la malnutrition aiguë sévère est un fléau tout aussi inquiétant. Près de 7 % des enfants de moins de cinq ans à Mattar montrent des signes de malnutrition grave. Ces chiffres, froids sur le papier, cachent une réalité déchirante : des enfants qui luttent pour survivre, le corps affaibli par la faim, incapables de combattre les infections. En tant que parent, je ne peux m’empêcher de penser à ce que ces familles doivent ressentir, voyant leurs enfants dépérir sans pouvoir agir.
| Problème | Impact | Population touchée |
| Choléra | Déshydratation rapide, risque mortel | 1 200 cas recensés |
| Malnutrition aiguë | Retard de croissance, infections | 7 % des enfants < 5 ans |
| Paludisme | Fièvre, complications graves | 40 % des tests positifs |
Le paludisme, autre fléau dans la région, aggrave encore la situation. Plus de 40 % des tests de diagnostic rapide se révèlent positifs, un taux alarmant qui met en lumière les conditions insalubres dans lesquelles vivent les réfugiés. Les moustiques, favorisés par la saison des pluies et le manque de protections, prolifèrent dans les zones humides autour de Mattar. Comment peut-on espérer endiguer ces maladies sans un accès minimal à l’hygiène ?
Un Conflit qui Aggrave Tout
La crise sanitaire ne peut être dissociée du conflit qui fait rage de l’autre côté de la frontière. Les affrontements entre l’armée sud-soudanaise et des groupes d’opposition ont poussé des milliers de personnes à fuir. À Burbeiye, une ville éthiopienne proche de la frontière, les équipes médicales ont dû être déplacées vers Mattar à cause de l’insécurité. Depuis février, plus de 200 personnes blessées par des armes de guerre ont été soignées dans cette zone. Ces chiffres, bien que choquants, ne traduisent pas l’horreur vécue par ces civils pris au piège.
Les parties prenantes au conflit doivent garantir un espace humanitaire sûr pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires.
– Organisations humanitaires
Ce qui me révolte, c’est que ces violences ne font qu’aggraver une situation déjà critique. Les réfugiés, déjà vulnérables, se retrouvent dans un no man’s land où la sécurité est aussi rare que l’eau potable. Les organisations humanitaires, bien que courageuses, opèrent dans des conditions extrêmes, risquant leur vie pour apporter une aide essentielle.
Que Faire pour Éviter la Catastrophe ?
Face à cette crise, les besoins sont immenses et urgents. Voici les priorités identifiées par les experts sur le terrain :
- Renforcer l’accès à l’eau potable : Installer des points d’eau et des systèmes de purification pour limiter les maladies hydriques.
- Augmenter l’aide alimentaire : Distribuer des rations suffisantes pour combattre la malnutrition, en priorité pour les enfants.
- Améliorer les infrastructures médicales : Déployer plus de personnel et de matériel pour traiter le choléra, le paludisme et les blessures de guerre.
- Garantir la sécurité : Assurer un corridor humanitaire pour permettre aux ONG d’opérer sans crainte.
Mais tout cela nécessite des fonds. Les donateurs internationaux, bien que sollicités, doivent passer à la vitesse supérieure. J’ai souvent remarqué que les crises humanitaires, surtout dans des régions moins médiatisées, peinent à mobiliser l’attention. Pourtant, chaque jour qui passe sans action aggrave la souffrance de milliers de personnes.
Un Appel à l’Action Internationale
La situation à Mattar n’est pas qu’un problème local. Elle reflète un échec plus large à protéger les populations vulnérables dans les zones de conflit. Les organisations humanitaires appellent à une mobilisation internationale pour fournir des abris, de l’eau, et des soins médicaux. Mais au-delà des ressources, c’est une question de volonté politique. Les parties au conflit doivent cesser de cibler les civils et permettre aux humanitaires de faire leur travail. Sans cela, la crise risque de s’étendre au-delà des frontières de l’Éthiopie.
Ce qui me touche, c’est l’humanité derrière ces chiffres. Chaque réfugié est une personne avec des rêves, des peurs, une histoire. Ils ne demandent pas la charité, mais une chance de survivre. La communauté internationale a les moyens d’agir. La question est : le fera-t-elle avant qu’il ne soit trop tard ?
Et Après ? Les Défis à Long Terme
Résoudre la crise actuelle n’est qu’un premier pas. Le Soudan du Sud, déchiré par des années de conflit, a besoin d’une paix durable pour éviter que ces exodes ne se répètent. Les organisations humanitaires insistent sur l’importance d’investir dans des solutions à long terme : reconstruction des infrastructures, éducation, et accès à la santé pour tous. Mais pour l’instant, l’urgence est de sauver des vies à Mattar.
En repensant à cette situation, je me demande souvent ce que nous pouvons faire, nous, à notre échelle. Informer, sensibiliser, donner à des ONG fiables : chaque geste compte. La crise des réfugiés sud-soudanais en Éthiopie nous rappelle une vérité brutale : dans un monde interconnecté, la souffrance des uns est l’affaire de tous.
Face à l’horreur des violences, l’inaction n’est pas une option. Chaque vie sauvée est une victoire.
La situation à Mattar est un cri d’alarme. Elle nous pousse à réfléchir à notre responsabilité collective face aux crises humanitaires. Si rien n’est fait, la catastrophe sanitaire redoutée deviendra réalité. Mais avec une mobilisation rapide et concertée, il est encore possible de changer la donne. Alors, qu’attendons-nous ?
