Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il advient des jouets que vos enfants délaissent une fois qu’ils ont grandi ? Dans un monde où tout va vite, où l’on consomme et jette sans toujours y réfléchir, une initiative locale redonne du sens à ces objets oubliés. À Athis-Mons, en région parisienne, une association se bat pour donner une seconde vie aux poupées, puzzles et peluches tout en offrant une chance à des personnes éloignées de l’emploi. Cette histoire, c’est celle de Rejoué, une structure qui mêle économie circulaire et solidarité avec une détermination qui force l’admiration.
Une Boutique Éphémère pour Survivre
Dans la galerie marchande d’un grand centre commercial d’Athis-Mons, une boutique pas comme les autres a vu le jour mi-octobre 2025. À la place des bijoux clinquants d’une ancienne bijouterie, des étagères débordent désormais de jouets d’occasion, soigneusement nettoyés et reconditionnés. L’association Rejoué, bien connue pour son travail de revalorisation des jouets depuis plus d’une décennie, a ouvert ce point de vente temporaire jusqu’en mars 2026. L’objectif ? Renflouer les caisses d’une structure fragilisée par une année difficile.
Chaque jouet vendu ici, c’est une chance de plus pour notre association de continuer à exister.
– Une responsable des ventes de l’association
L’idée d’installer une boutique dans un lieu aussi stratégique qu’une galerie marchande n’est pas anodine. Avec les fêtes de Noël qui approchent, période où les dépenses pour les jouets explosent, Rejoué mise sur une visibilité accrue et une clientèle familiale en quête de bonnes affaires. Les prix, fixés à environ 40 % moins chers que ceux des jouets neufs, attirent les curieux. Mais derrière ces étalages colorés, c’est une véritable course contre la montre qui se joue.
Une Année Compliquée pour Rejoué
2025 n’a pas été tendre avec l’association. Entre une baisse de fréquentation dans ses boutiques permanentes et une chute drastique des subventions publiques – près de 40 % en moins –, Rejoué a dû faire preuve d’ingéniosité pour ne pas sombrer. Cette boutique éphémère, montée en seulement trois semaines avec un budget quasi inexistant, est un pari audacieux. Mais pourquoi une telle urgence ?
Pour comprendre, il faut plonger dans le modèle même de l’association. Rejoué repose sur un principe simple mais puissant : récupérer des jouets donnés par des particuliers, les remettre en état grâce à des chantiers d’insertion, puis les revendre à petit prix. En 2024, ce sont plus de 35 tonnes de jouets qui ont été collectés, nettoyés et redistribués. Ce système, vertueux sur le papier, est aujourd’hui menacé par la concurrence des plateformes de revente en ligne.
Les gens préfèrent désormais vendre leurs jouets sur Internet plutôt que de les donner. Cela change tout pour nous.
– Une employée de l’association
Les plateformes de seconde main, si elles démocratisent l’achat d’occasion, ont un effet pervers : elles détournent les dons. Les particuliers, attirés par la perspective de gains financiers, ne donnent plus que les objets invendables. Résultat ? Les stocks de Rejoué s’amenuisent, et l’association doit redoubler d’efforts pour maintenir son activité.
Un Modèle Solidaire et Écologique
Ce qui rend Rejoué si particulier, c’est son double impact. D’un côté, l’association s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire, en prolongeant la vie des jouets et en réduisant les déchets. De l’autre, elle joue un rôle social crucial en employant une quarantaine de personnes, majoritairement des femmes éloignées du marché du travail. Ces employées, formées dans des ateliers à Vitry-sur-Seine, vérifient, nettoient et reconditionnent chaque jouet avec soin.
J’ai toujours trouvé fascinant ce genre d’initiatives qui combinent écologie et solidarité. En une seule action, Rejoué réduit l’empreinte carbone tout en offrant une seconde chance à des personnes en difficulté. Mais comment font-ils pour transformer un vieux puzzle ou une peluche défraîchie en un produit digne d’être vendu ?
- Collecte : Les jouets proviennent de dons de particuliers ou d’entreprises.
- Contrôle qualité : Chaque objet est minutieusement vérifié pour s’assurer qu’il est complet et en bon état.
- Nettoyage : Les jouets sont désinfectés et remis à neuf.
- Revente : Les produits sont vendus à des prix accessibles, souvent 40 % moins chers que le neuf.
Ce processus, bien rodé, permet à l’association de proposer une alternative durable aux jouets neufs, souvent coûteux et produits dans des conditions parfois douteuses. Mais ce modèle, aussi vertueux soit-il, repose sur un équilibre fragile.
Pourquoi Athis-Mons ?
Le choix d’Athis-Mons pour cette boutique éphémère n’est pas un hasard. Située dans l’agglomération Grand Orly Seine Bièvre, la ville bénéficie d’une clientèle familiale, souvent à la recherche de solutions économiques. Le centre commercial, géré par un groupe immobilier sensible aux initiatives solidaires, a offert le local gratuitement, un geste qui a permis à Rejoué de limiter les coûts.
Et puis, il y a ce côté humain qui m’a marqué. En discutant avec des passants, on sent une vraie curiosité pour ce projet. Une cliente, par exemple, expliquait qu’acheter des jouets d’occasion lui permettait de gâter ses enfants sans se ruiner, tout en faisant un geste pour la planète. « C’est gagnant-gagnant », m’a-t-elle dit avec un grand sourire.
| Aspect | Description | Impact |
| Localisation | Galerie marchande d’Athis-Mons | Visibilité accrue auprès des familles |
| Prix | -40 % par rapport au neuf | Accessibilité financière |
| Durée | Jusqu’en mars 2026 | Urgence de rentabiliser avant la fin |
Ce qui m’impressionne, c’est la rapidité avec laquelle tout a été mis en place. En à peine trois semaines, l’équipe a récupéré des étagères d’un ancien magasin parisien, les a transportées et a aménagé un espace accueillant. Un exploit, quand on sait que tout repose sur des bénévoles et des salariés en insertion.
Les Défis de la Consommation Responsable
Si Rejoué incarne une belle idée, elle fait face à un obstacle de taille : changer les mentalités. Dans une société où le neuf est souvent valorisé, convaincre les consommateurs d’opter pour des jouets d’occasion n’est pas une mince affaire. Ajoutez à cela la concurrence des plateformes en ligne, et vous obtenez un cocktail compliqué pour une association qui dépend des dons.
Pourtant, les mentalités évoluent. De plus en plus de familles, conscientes des enjeux écologiques et économiques, se tournent vers la seconde main. Une cliente, rencontrée dans la boutique, résume bien cet état d’esprit :
Avec la vie qui coûte cher, on ne peut plus se permettre d’acheter tout neuf. Ici, je trouve des jouets en super état, et en plus, je fais une bonne action.
– Une mère de famille
Mais pour que ce modèle perdure, Rejoué a besoin de dons réguliers et de bénévoles. Chaque vendredi, la boutique est réapprovisionnée avec de nouveaux jouets, un rythme qui demande une organisation sans faille. L’association lance d’ailleurs un appel : si vous avez des jouets dont vous ne vous servez plus, ou si vous souhaitez donner un peu de votre temps, c’est le moment de vous manifester.
Un Pari sur l’Avenir
En ouvrant cette boutique éphémère, Rejoué ne se contente pas de chercher à survivre. L’association veut prouver que son modèle, basé sur la solidarité et l’écologie, a sa place dans le monde d’aujourd’hui. Mais la question demeure : ce projet suffira-t-il à redresser la barre ?
Pour moi, l’histoire de Rejoué, c’est celle d’une résistance face à un système qui pousse à consommer toujours plus, toujours plus vite. En valorisant des objets qui ont une histoire, en offrant un travail digne à des personnes en difficulté, l’association nous rappelle qu’un autre modèle est possible. Mais sans un soutien collectif – dons, achats, bénévolat –, cette belle aventure pourrait s’arrêter.
- Fréquentation : Attirer assez de clients d’ici mars 2026 pour rentabiliser la boutique.
- Dons : Relancer la collecte de jouets pour maintenir les stocks.
- Visibilité : Faire connaître l’initiative au-delà d’Athis-Mons.
Alors, la prochaine fois que vous passerez dans une galerie marchande, prenez quelques minutes pour jeter un œil à cette boutique pas comme les autres. Peut-être y trouverez-vous le jouet parfait pour un enfant, ou l’envie de contribuer à une cause qui a du sens. Et qui sait ? Peut-être que, comme moi, vous serez séduit par cette idée que même un vieux nounours peut changer des vies.
