Vous est-il déjà arrivé de regarder une course de biathlon en vous disant « mais comment font-elles pour rester aussi calmes avec ce vent ? ». Moi, samedi après-midi, j’étais scotché devant l’écran, emmitouflé dans un plaid, pendant que les filles se battaient dans un véritable blizzard à Östersund. Et franchement, ce que l’équipe de France féminine a réalisé là-haut en Suède, ça mérite qu’on en parle longtemps.
Parce que oui, elles ont gagné. Et pas qu’un peu. Elles ont dominé, maîtrisé, et surtout envoyé un message clair à la concurrence : les Bleues sont prêtes pour cette saison olympique qui s’annonce déjà bouillante.
Un début de saison en fanfare sous la tempête
Östersund, fin novembre. Le thermomètre frôle les -10 °C, le vent hurle à plus de 60 km/h par moments, la neige vole horizontalement. Des conditions où même les meilleurs mondiaux peuvent perdre dix places sur un seul tir. Et pourtant, les Françaises ont réussi l’exploit de limiter la casse au stand et de tout déchirer sur les skis.
Je vais être honnête : quand j’ai vu le départ, je me suis dit que ça allait être compliqué. Les favorites habituelles semblaient plus à l’aise dans ces rafales, et nos Bleues paraissaient un peu en retrait après le premier tir. Mais c’est là toute la beauté du relais : c’est une course d’équipe, et chaque relayeuse a apporté sa pierre à l’édifice.
Un premier relais solide malgré le vent
La première à s’élancer portait le dossard du leader. Et dès les premiers mètres, on a senti qu’elle était dans un bon jour. Malgré deux pioches nécessaires sur le couché, elle a limité les dégâts et transmis le relais en milieu de peloton, à une trentaine de secondes des meilleures. Pas l’idéal, mais largement dans le coup.
Ce qui m’a marqué, c’est sa gestion du vent. Elle a pris son temps sur le pas de tir, ajusté, respiré. Résultat ? Seulement deux erreurs alors que certaines concurrentes en enchaînaient cinq ou six. Dans ces conditions, c’est déjà une petite victoire.
Le réveil français au deuxième relais
Puis est arrivée celle que beaucoup considèrent comme la patronne de l’équipe ces derniers temps. Et là, ça a changé de dimension. Un 10/10 au tir couché, malgré des rafales qui faisaient trembler les cibles, et une sortie en tête du peloton. Incroyable.
Sur la piste, elle a commencé à creuser des écarts. Pas énormes, mais suffisants pour mettre la pression sur les poursuivantes. J’ai rarement vu une telle maîtrise dans des conditions aussi pourries. On sentait qu’elle skiait avec une marge, comme si elle se réservait pour la suite.
Quand tu sors du tir en tête dans ces conditions, tu sais que tu as fait plus que la moitié du travail. Après, il faut juste rester concentrée sur les skis.
Elle a transmis le relais avec une petite avance. Pas énorme, mais précieuse. De quoi mettre la troisième relayeuse dans les meilleures conditions possibles.
La confirmation avec le troisième relais
Et là, surprise : la troisième relayeuse, souvent considérée comme la moins expérimentée du quatuor, a réalisé un relais presque parfait. Un 9/10 au tir (une seule pioche rapide), et surtout un rythme infernal sur les skis.
Elle a non seulement conservé l’avance, mais elle l’a même légèrement augmentée. À ce moment-là, on commençait à y croire sérieusement. Les commentateurs parlaient déjà d’un possible podium. Moi, j’osais à peine y penser.
Lou Jeanmonnot, la finisseuse en or
Puis est venu le moment de vérité. Lou Jeanmonnot prenait le relais en tête, avec une petite vingtaine de secondes d’avance. Et là… c’est devenu magique.
Dès les premiers mètres, elle a mis un rythme infernal. On voyait qu’elle avait des jambes de feu. Les concurrentes derrière tentaient de s’accrocher, mais elles prenaient mètre après mètre. Au premier intermédiaire, l’écart était déjà passé à 30 secondes. Au deuxième, plus de 45.
Au tir couché, elle fait 5/5 sans trembler. À ce moment-là, je me suis dit : « C’est plié ». Mais en biathlon, on sait que rien n’est jamais fini tant que la ligne n’est pas franchie.
Sur le debout, même scénario : 5/5, propre, rapide, efficace. Et derrière, ça commence à craquer chez les poursuivantes. Certaines partent en anneau de pénalité, d’autres accumulent les pioches. L’écart fond comme neige au soleil… non, attends, il explose !
Dans le dernier tour, Lou Jeanmonnot skie seule en tête. Plus personne devant, plus personne pour la pousser. Elle gère, elle savoure même un peu, et franchit la ligne avec plus d’une minute d’avance. Une véritable démonstration.
Ce que cette victoire dit de la saison à venir
Plus qu’une victoire, c’est un signal. Fort. Très fort même.
Dans une saison olympique, gagner le premier relais, qui plus est dans des conditions aussi difficiles, c’est énorme pour la confiance. Ça montre que l’équipe est prête, que le travail de l’intersaison a porté ses fruits, et que la concurrence va devoir compter avec les Françaises.
- Une profondeur d’effectif impressionnante (toutes les relayeuses ont été performantes)
- Une gestion parfaite des conditions météo extrêmes
- Une Lou Jeanmonnot au top de sa forme, prête à jouer les premiers rôles individuels
- Une dynamique d’équipe exceptionnelle
Et puis il y a cet aspect psychologique. Quand tu gagnes dès la première course, tu te mets dans les meilleures dispositions pour la suite. Les autres équipes savent maintenant qu’il faudra compter avec les Bleues à chaque relais.
Les clés de cette performance exceptionnelle
Si on décompose cette victoire, plusieurs éléments sautent aux yeux :
- La précision au tir sous pression : seulement 7 pioches pour l’équipe entière, dans des conditions où certaines nations en ont utilisé plus de 15.
- La vitesse sur les skis : les temps de ski français ont été parmi les meilleurs de la journée, surtout ceux de Lou Jeanmonnot.
- La stratégie parfaite : chaque relayeuse a parfaitement joué son rôle, sans jamais paniquer.
- La gestion du matériel : dans ces conditions de neige humide et ventée, avoir les bons skis a fait une différence énorme.
Et surtout, il y a cette osmose d’équipe. On sent que les filles se connaissent par cœur, qu’elles se font confiance. C’est peut-être ça, le plus beau dans cette victoire.
Parce qu’au final, le biathlon, c’est ça : un sport individuel pratiqué en équipe. Il faut être forte seule, mais encore plus forte ensemble. Et samedi, les Françaises ont montré qu’elles avaient les deux.
Alors oui, il reste toute une saison. Oui, il y aura des jours sans, des contre-performances, des blessures peut-être. Mais ce premier relais gagnant à Östersund, dans ces conditions dantesques, avec cette maîtrise collective et cette Lou Jeanmonnot en finisseuse d’exception…
C’est le genre de victoire dont on se souvient. Le genre de victoire qui peut lancer une grande saison.
Et quelque part, au fond de moi, je me dis que Milano-Cortina 2026 vient peut-être de trouver l’une de ses grandes favorites pour le relais féminin.
En attendant, bravo les filles. Vous nous avez fait vibrer, rêver, et surtout croire que cette saison olympique pouvait être historique.
Et nous, on sera là pour chaque course. Parce que quand le biathlon français est comme ça… franchement, on ne peut pas louper ça.
