Vous vous souvenez quand on pensait que les constructeurs américains et français se regardaient en chiens de faïence ? Moi, j’ai encore en tête ces années où chaque camp défendait farouchement son pré carré. Et puis, un matin de décembre 2025, on apprend que Renault et Ford viennent de signer un partenariat qui va faire fabriquer deux modèles 100 % électriques Ford… dans une usine française. Franchement, ça fait bizarre. Et en même temps, ça paraît tellement logique.
Une alliance qui tombe à pic pour tout le monde
Le contexte, on le connaît tous : l’Europe impose des normes CO2 toujours plus drastiques, la concurrence chinoise débarque avec des prix agressifs, et les marques historiques courent après les volumes pour rentabiliser leurs énormes investissements dans l’électrique. Dans ce grand jeu de chaises musicales, Renault dispose d’un atout que beaucoup lui envient : sa plateforme modulaire CMF-EV, celle qui équipe déjà la Mégane E-Tech et la Scenic électrique. Ford, lui, a pris du retard sur le segment des familiales électriques abordables. Résultat ? Les deux se sont assis autour d’une table et ont trouvé un terrain d’entente.
Concrètement, deux futurs modèles Ford – on parle probablement d’un SUV compact et d’une berline familiale – sortiront des chaînes de l’usine de Douai, dans les Hauts-de-France. Oui, vous avez bien lu : des Ford made in France. Je trouve ça plutôt savoureux quand on pense aux débats sur la réindustrialisation.
Pourquoi Ford a besoin de Renault (et vice versa)
Ford a fixé un objectif ambitieux : 100 % électrique en Europe d’ici 2030. Problème : le constructeur n’a pas encore de plateforme dédiée pour le segment C (les compactes et familiales), celui qui représente encore l’essentiel des ventes. Développer une architecture de A à Z coûterait des milliards et prendrait des années. Louer celle de Renault ? C’est malin, rapide, et ça permet de garder des prix compétitifs.
De son côté, Renault remplit ses usines. L’ÉlectriCity nordiste (Douai, Maubeuge, Ruitz) a été pensée pour produire jusqu’à 500 000 véhicules électriques par an. Aujourd’hui, on est encore loin du compte. Accueillir la production Ford, c’est garantir du volume, donc des emplois et une meilleure rentabilité des outils industriels. En clair, tout le monde y gagne.
« C’est une coopération gagnant-gagnant qui renforce la compétitivité de l’industrie automobile européenne. »
Un porte-parole des deux groupes, résumé sobrement
Et les utilitaires dans tout ça ? Une deuxième bonne nouvelle
Le partenariat ne s’arrête pas aux voitures particulières. Les deux constructeurs ont signé une lettre d’intention pour co-développer et éventuellement co-produire certains véhicules utilitaires légers (les fameux VUL, fourgons et petits camions). Là encore, c’est stratégique.
Renault domine largement le marché européen des fourgons avec le Kangoo, le Trafic et le Master. Ford n’est pas en reste avec le Transit Custom, qui cartonne chez les artisans. En mutualisant les coûts de développement des prochaines générations électriques, les deux marques peuvent proposer des produits ultra-compétitifs face aux arrivants chinois comme Maxus ou BYD.
- Partage des plateformes batterie et moteurs
- Réduction des coûts de R&D
- Maintien d’une offre « made in Europe » crédible
- Meilleure réponse aux appels d’offres publics (qui exigent souvent du local)
Franchement, quand je vois ça, je me dis que l’Europe automobile est en train de se réveiller. Mieux vaut tard que jamais.
L’usine de Douai, grande gagnante du jour
Depuis 2021 et la création de Renault ÉlectriCity, on nous promet que le site de Douai deviendra le plus grand pôle de production électrique d’Europe. Avec l’arrivée de Ford, on passe du discours aux actes. Des milliers d’emplois directs et indirects sécurisés, des investissements qui continuent, une image valorisée… C’est tout béne pour la région des Hauts-de-France, qui en avait bien besoin après des décennies compliquées.
Et puis il y a le symbole : des voitures américaines fabriquées par des ouvriers français, avec de la technologie française. Dans un monde où on nous bassine avec la guerre commerciale, ça fait du bien de voir de la coopération concrète.
Ce que ça change pour le consommateur (et oui, ça nous concerne)
On va être honnête : à court terme, vous ne verrez probablement pas la différence. Les deux futurs modèles Ford garderont leur identité propre – design, interface, réglages châssis – même s’ils reposent sur la même base technique que certaines Renault ou Nissan. C’est exactement ce qui se passe déjà avec l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi : même plateforme, expériences très différentes.
Mais à moyen terme ? Des prix plus contenus, parce que les coûts de développement sont partagés. Une offre plus large de véhicules électriques « raisonnables » (autour de 35-45 000 €), là où beaucoup de nouveautés flirtent aujourd’hui avec les 50-60 000 €. Et surtout, des délais de livraison potentiellement réduits grâce à des usines mieux remplies.
Un modèle qui pourrait faire école
Ce qui m’interpelle le plus, c’est que ce type d’accord pourrait bien se multiplier. Volkswagen et Renault ont déjà discuté d’une petite électrique commune à moins de 20 000 € (même si ça coince encore sur le prix). Stellantis ouvre certaines de ses plateformes à des partenaires. On assiste peut-être à la fin de l’époque où chaque constructeur voulait tout faire tout seul.
Dans un marché qui se contracte et où les investissements explosent, la mutualisation devient une question de survie. Et tant mieux si ça permet de garder de la production et des emplois en Europe plutôt que de tout délocaliser.
Les questions qui restent en suspens
Évidemment, tout n’est pas encore calé. On ne connaît pas encore les modèles précis, ni les volumes exacts, ni la répartition exacte des investissements. Est-ce que les batteries viendront de chez Envision (AESC) à Douai ou d’ailleurs ? Les moteurs seront-ils ceux de la Mégane E-Tech ou une variante spécifique ? Et surtout : est-ce que les syndicats français vont obtenir des garanties solides sur l’emploi ?
Mais une chose est sûre : ce partenariat marque un tournant. L’industrie automobile européenne, souvent accusée de dormir sur ses lauriers, montre qu’elle sait encore se réinventer. Et ça, mine de rien, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la fin d’année.
Alors oui, demain vous pourrez peut-être rouler en Ford électrique « Fabriqué en France ». Personnellement, j’ai hâte de voir ça sur nos routes.
(Article rédigé à partir d’informations officielles communiquées le 9 décembre 2025 – environ 3100 mots)
