Vous avez déjà eu cette impression bizarre que l’industrie automobile européenne jouait sa survie à pile ou face ces dernières années ? Moi oui. Entre l’explosion des constructeurs chinois, les normes CO2 qui tombent comme des couperets et un marché électrique qui patine, on se demandait qui allait craquer le premier. Et puis, hier soir, tombe cette nouvelle qui m’a fait tomber de ma chaise : Renault et Ford viennent de signer un partenariat stratégique pour développer ensemble des petites voitures électriques abordables. Pas une coentreprise, pas une fusion, juste une alliance pragmatique made in 2025. Et franchement, ça sent le coup de génie.
Quand le Français et l’Américain décident de faire route ensemble
L’annonce est tombée mardi, sans tambour ni trompette, presque en catimini. Pourtant, elle pourrait bien redessiner la carte des citadines électriques en Europe. L’idée est simple sur le papier : Ford, qui galère à rentabiliser ses modèles zéro émission sur le Vieux Continent, va s’appuyer sur la plateforme AmpR Small de Renault – celle qui équipe déjà la R5 et la future R4 – pour sortir deux petites voitures badgées à l’ovale bleu. La première arriverait début 2028. Et devinez où elles seront fabriquées ? À Douai et Maubeuge, dans les usines françaises du Losange. Autant dire que les syndicats ont dû ouvrir le champagne.
Ce qui m’impressionne, c’est la vitesse à laquelle tout s’est décidé. Les discussions ont réellement démarré en mars 2025, lors d’un voyage à Detroit du patron de Renault Group. Neuf mois plus tard, l’accord est signé. Dans l’automobile, c’est presque un record du monde.
Pourquoi Ford a choisi Renault (et pas l’inverse)
Soyons honnêtes : Ford est en difficulté en Europe sur l’électrique. La Fiesta thermique a été arrêtée, la Puma électrique n’existe qu’en hybride, et les projets 100 % électriques du constructeur américain patinent sévèrement. Résultat ? L’ovale bleu se retrouve presque sans offre sur le segment B, le plus gros marché européen. Pendant ce temps, Renault a réussi l’impossible : sortir une R5 électrique à moins de 25 000 € (bonus déduit) qui cartonne et qui est rentable.
« Nous sommes très fiers qu’un constructeur aussi iconique nous ait choisis »
Le patron de Renault Group, visiblement ravi
Et là, je me dis : c’est une sacrée revanche pour le Losange. Il y a encore cinq ans, tout le monde enterrait Renault. Résultat ? Aujourd’hui, c’est le partenaire privilégié d’un géant américain. Le monde à l’envers.
La plateforme AmpR Small, la star cachée de l’histoire
Si vous n’êtes pas ingénieur, le nom AmpR Small ne vous dit probablement rien. Pourtant, c’est la clé de tout. Cette architecture dédiée aux petites électriques a été conçue dès le départ pour être ultra-compétitive en coût. Batterie LFP (moins chère que le NMC), structure simplifiée, centre de gravité bas… Tout a été pensé pour faire une voiture légère, agile et pas chère à produire.
- Coût de production estimé 30 % inférieur à la Zoe
- Autonomie réelle autour de 400 km en cycle mixte
- Architecture 400 volts (plus efficace que les 800 volts sur petites voitures)
- Possibilité d’intégrer des batteries de différentes capacités
Ford va reprendre tout ça, y ajouter sa sauce (suspensions, direction, insonorisation) et sortir ses propres modèles. On parle beaucoup d’un retour de la Fiesta électrique, mais aussi d’un petit crossover urbain. Rien n’est officiel, mais les fuites vont toutes dans ce sens.
Une bonne nouvelle pour l’emploi dans le Nord
Dans les usines de Douai et Maubeuge, on respire enfin. Ces dernières années, entre la fin de la Talisman, les incertitudes sur la Mégane électrique et la concurrence chinoise, l’ambiance était plutôt morose. Là, on parle de deux nouveaux modèles en plus de la R5, R4, Scénic et compagnie. Les volumes supplémentaires pourraient bien sécuriser des milliers d’emplois.
Un délégué syndical résumait ça très bien : « On passe d’un contexte anxiogène à une visibilité à moyen terme. C’est énorme. »
Le spectre de la concurrence chinoise plane toujours
Les deux constructeurs l’ont dit sans détour : sans coopération, impossible de lutter contre les prix des marques chinoises. BYD, MG, Xpeng… tous arrivent avec des modèles bien équipés à des tarifs défiant toute concurrence. L’Europe a beau mettre des droits de douane, ça ne suffira pas éternellement.
Le partenariat Renault-Ford, c’est la réponse du berger à la bergère : mutualiser les coûts de développement et de production pour proposer des électriques à moins de 25 000 € fabriquées localement. Stratégie intelligente.
Mais il y a un hic. Et pas des moindres.
Le risque de se tirer une balle dans le pied
Parce que oui, aider Ford à sortir une citadine électrique ultra-compétitive, c’est bien joli… mais ça veut aussi dire créer un concurrent direct à la R5 et à la future Twingo électrique. Certains chez Renault grincent déjà des dents : « On forme le loup dans la bergerie. »
Après, objectivement, le marché des petites électriques est encore quasi-vierge. Il y a largement la place pour plusieurs modèles européens abordables. Et puis, mieux vaut partager le gâteau que de se le faire piquer entièrement par les Chinois, non ?
Et les utilitaires légers dans tout ça ?
Le partenariat ne s’arrête pas aux voitures particulières. Une lettre d’intention a été signée pour coopérer aussi sur les véhicules utilitaires légers. Ford a une gamme très solide (Transit Courier, Tourneo Courier), Renault aussi (Kangoo, Trafic). Une mutualisation des plateformes pourrait là encore faire tomber les coûts.
On imagine mal un Kangoo badgé Ford ou l’inverse, mais pourquoi pas des bases techniques communes avec des carrosseries différentes ? À suivre.
Ce que ça dit de l’industrie automobile en 2025
Ce partenariat Renault-Ford, c’est le symptôme d’une industrie qui a compris que l’époque des ego surdimensionnés était révolue. Plus personne ne peut se permettre de tout développer seul. Même les géants américains viennent frapper à la porte des français quand il s’agit de faire des petites voitures électriques rentables.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant. Ça veut dire que l’Europe automobile n’a pas encore dit son dernier mot. Qu’on est encore capables d’innover, de produire localement, de proposer des alternatives crédibles.
Alors oui, 2028 paraît loin. Oui, il reste énormément de défis techniques et commerciaux. Mais pour une fois, j’ai envie d’y croire. Parce que quand un constructeur français devient le partenaire privilégié d’un géant américain pour sauver son offre électrique européenne… c’est que quelque chose est en train de changer. En bien.
Et vous, vous en pensez quoi ? Est-ce que cette alliance Renault-Ford est la solution miracle ou juste un pansement sur une jambe de bois ? Les commentaires sont ouverts.
