Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez traversé certains quartiers d’Évry ou de Corbeil-Essonnes en vous sentant parfaitement serein ? Moi, franchement, ça fait un bail. Et je ne suis pas le seul à penser ça. Quand on voit les chiffres tomber – +18 % de délinquance en quatre ans dans le département –, on se dit que quelque chose devait bouger. Et ça y est : cent nouveaux policiers posent leurs valises en Essonne. Cent. Pas dix, pas vingt. Cent. C’est du jamais-vu, même pour les anciens du coin.
Un renfort massif qui tombe à pic
Ce jeudi 4 décembre 2025, sous les néons de l’hôtel de police d’Évry-Courcouronnes, la préfète et le patron de la police départementale avaient le sourire. Forcément. Ils venaient d’accueillir un paquet de nouvelles têtes, prêtes à en découdre avec la réalité du terrain. Parmi eux, une moitié arrive par mobilité interne, l’autre sort tout juste de l’école de police. Bilan net : près de cent agents supplémentaires pour un département qui en avait sacrément besoin.
Et quand on parle de besoin, on pèse nos mots. L’Essonne, ce n’est pas que des zones pavillonnaires tranquilles et des campus high-tech. C’est aussi, et de plus en plus, des quartiers où les rivalités entre bandes font la une des faits divers. Des rixes qui finissent parfois très mal. Trop mal.
Pourquoi maintenant ? Parce que les chiffres font peur
Reprenons calmement. En quatre ans, la délinquance a bondi de 18 %. Dix-huit pour cent. Ce n’est pas une petite hausse saisonnière, c’est une tendance lourde. Vols avec violence, trafics en tout genre, et surtout ces affrontements entre jeunes de cités voisines qui dégénèrent à la vitesse de l’éclair. Une insulte sur Snapchat, un regard de travers, et c’est la guerre. Armes blanches, parfois armes à feu. Et des adolescents qui meurent pour un bout de trottoir.
Les habitants, eux, vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Les parents stressent quand leurs gosses sortent après 20 heures. Les commerçants baissent le rideau plus tôt. Et les élus, quel que soit leur bord, tapent du poing sur la table. Il fallait une réponse forte. Visible. Immédiate.
« Un solde largement favorable »
– La préfète de l’Essonne, ravie du renfort humain
Qui sont ces cent nouveaux venus ?
Derrière le chiffre rond, il y a des parcours différents. Une partie vient d’autres départements franciliens, attirés par le challenge – ou par les primes, soyons honnêtes. L’autre moitié, ce sont les jeunes pousses : des gardiens de la paix tout juste sortants d’école, souvent idéalistes, qui vont découvrir la réalité des quartiers sensibles dès leur première affectation.
Ils rejoindront les 2 200 policiers déjà en poste pour surveiller 1,3 million d’habitants, dont une immense majorité vit en zone urbaine dense. Autant dire que le ratio habitants/policiers reste tendu, même avec ce coup de boost.
- 50 agents issus des mobilités internes (et seulement 12 départs)
- 67 recrues fraîchement diplômées
- Objectif affiché : prévention, lutte contre la criminalité et surtout contre les rixes
Les rixes, ce fléau qui gangrène le département
On va se le dire clairement : en Essonne, le mot qui fait trembler tout le monde aujourd’hui, c’est rixe. Ce n’est plus seulement des bagarres de cour de récré. C’est organisé, revendiqué, parfois filmé et diffusé sur les réseaux. Un véritable phénomène de bandes qui se disputent des territoires, des « points de deal », ou simplement la suprématie.
Et le pire ? Ces affrontements touchent des gamins de plus en plus jeunes. 14, 15, 16 ans. Armés de couteaux, de battes, parfois pire. Les faits divers s’enchaînent : un jeune poignardé à Mortagne-sur-Seine, un autre tabassé à mort à Sainte-Geneviève-des-Bois… Chaque fois, le même schéma. Une embrouille virtuelle qui finit dans le sang.
J’ai discuté avec des éducateurs de rue à Grigny ou aux Ulis. Ils sont épuisés. Ils disent que les gamins n’ont plus peur de rien. Ni de la police, ni de la mort. Et quand un jeune tombe, la vengeance est immédiate. C’est un cercle vicieux infernal.
Une stratégie en trois axes
Alors, que vont faire ces cent renforts exactement ? On nous parle d’une stratégie claire :
- Renforcer la présence visible sur le terrain, surtout aux horaires et dans les zones à risque
- Développer la prévention auprès des plus jeunes, en lien avec les collèges et les missions locales
- Frapper fort sur les trafics qui alimentent ces guerres de territoires
En clair : plus de patrouilles, plus de contrôles, mais aussi plus de travail en amont. Parce que mettre un flic tous les dix mètres, ça calme sur le moment. Mais ça ne règle pas le fond du problème.
Et les habitants, qu’en pensent-ils ?
J’ai traîné un peu sur les réseaux locaux après l’annonce. Les réactions sont… mitigées. Certains applaudissent : « Enfin ! Il était temps qu’on nous prenne au sérieux ». D’autres restent sceptiques : « Cent policiers de plus, c’est bien joli, mais où étaient-ils quand mon fils s’est fait agresser ? »
Et puis il y a ceux qui pointent le manque de moyens sociaux. Parce que oui, plus de police, c’est nécessaire. Mais sans éducateurs, sans jobs pour les jeunes, sans perspectives, est-ce que ça suffira ? La question est posée.
« La police seule ne peut pas tout. Il faut aussi redonner de l’espoir à ces gamins. »
– Un éducateur de rue à Ris-Orangis, sous couvert d’anonymat
Ce que ce renfort dit de la France d’aujourd’hui
Au-delà de l’Essonne, cette arrivée massive de policiers pose une question plus large. Sommes-nous en train de vivre un tournant sécuritaire ? D’un côté, l’État montre les muscles. De l’autre, certains y voient l’aveu d’un échec : celui de la prévention, de l’éducation, de l’intégration.
Ce qui est sûr, c’est que l’insécurité n’est plus un sujet abstrait. Elle touche des familles ordinaires. Des parents qui bossent dur et qui ont peur pour leurs enfants. Des retraités qui n’osent plus sortir après 19 heures. Et ça, ça crée une fracture profonde dans le pays.
Alors oui, cent policiers de plus, c’est une bonne nouvelle. Mais c’est aussi le symptôme d’une société qui a laissé pourrir des situations pendant trop longtemps. Et ça, ça fait réfléchir.
En conclusion ? L’Essonne vient de recevoir le plus gros renfort policier de son histoire récente. Un signal fort. Une réponse d’urgence à une situation qui l’était tout autant. Reste à voir si ces femmes et ces hommes en bleu parviendront à ramener un peu de sérénité dans des quartiers où la violence est devenue, pour certains jeunes, une triste routine.
Moi, je croise les doigts. Parce que derrière les chiffres et les annonces, il y a des vies. Des familles. Et un département qui mérite mieux que de faire la une pour ses rixes.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Les renforts policiers, solution miracle ou cautère sur une jambe de bois ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
