Quand on parle d’éducation en France, on entend souvent les mêmes refrains : manque de moyens, classes surchargées, bâtiments vieillissants. Et puis, parfois, un projet sort du lot et redonne un peu d’espoir. C’est exactement ce qui se passe en ce moment à Morsang-sur-Orge, dans l’Essonne. Un petit lycée professionnel va vivre une métamorphose complète grâce à un investissement colossal. Franchement, quand j’ai vu le chiffre, je me suis dit : enfin une bonne nouvelle concrète pour la jeunesse.
Un lycée qui change de dimension
Imaginez un établissement qui accueille aujourd’hui à peine plus de 400 élèves et qui, d’ici trois ans, en recevra près de 1 000. C’est le pari fou que la région Île-de-France s’est lancé avec le lycée André-Marie-Ampère. Un nom prestigieux pour un établissement qui, jusqu’à présent, restait relativement discret dans le paysage éducatif francilien.
Le budget ? 44 millions d’euros. Autant dire que ce n’est pas une simple couche de peinture et quelques fenêtres neuves. On parle d’une vraie reconstruction-extension qui va littéralement faire pousser les murs de l’établissement. Et le plus intéressant, c’est le changement de statut : fini le lycée strictement professionnel, place à un établissement polyvalent avec l’arrivée de filières générales dès la rentrée 2028.
Pourquoi un tel investissement maintenant ?
La réponse est simple : la démographie. Les communes autour de Morsang-sur-Orge grandissent, les familles s’installent, et les besoins en places au lycée explosent. Plutôt que de construire un nouvel établissement de toutes pièces – ce qui aurait pris encore plus de temps et d’argent –, la région a choisi de faire évoluer celui qui existe déjà.
Mais il n’y a pas que la quantité. Il y a aussi la qualité. Les élus répètent à l’envi que « la jeunesse est la priorité ». Et dans ce cas précis, ça ne sonne pas comme un slogan vide. Moderniser un lycée professionnel pour le rendre polyvalent, c’est reconnaître que tous les parcours ont leur place et que l’on peut proposer autre chose que la voie royale du bac général dans des établissements flambant neufs.
« On a longtemps considéré que la voie professionnelle était une voie de relégation. Ce projet prouve le contraire : on peut avoir un lycée pro moderne, attractif et ouvert sur d’autres filières. »
Une phrase que j’ai souvent entendue lors des réunions publiques
Ce qui va vraiment changer pour les élèves
Concrètement, à quoi ressemblera le lycée en 2028 ? Voici les grandes lignes du projet, telles qu’elles ont été présentées :
- Un nouveau bâtiment de plusieurs étages avec des salles de classes modernes et lumineuses
- Des ateliers professionnels entièrement rénovés et agrandis
- Un CDI nouvelle génération, avec espaces de travail collaboratifs
- Un restaurant scolaire agrandi pour accueillir tout le monde sans stress
- Des espaces extérieurs repensés, avec cour végétalisée et terrain de sport refait
- L’arrivée de la seconde générale et technologique, puis des premières et terminales correspondantes
En résumé, on passe d’un petit lycée pro un peu à l’étroit à un vrai campus capable d’accueillir tous les types de parcours. Et ça, pour les familles du secteur, c’est une petite révolution.
Le calendrier des travaux : patience exigée
Maintenant, la question que tout le monde se pose : comment fait-on pour continuer à faire cours pendant que les pelleteuses tournent ? Parce que oui, les élèves restent dans l’établissement pendant une bonne partie des travaux.
Le chantier va se dérouler en plusieurs phases pour limiter la gêne. Certaines parties du lycée seront fermées temporairement, des classes seront déplacées dans des préfabriqués (les fameux « modulaires » qu’on adore détester), et il y aura forcément du bruit à certains moments. Mais globalement, l’objectif est que la vie scolaire continue le plus normalement possible jusqu’à la livraison finale en 2028.
Je sais, dit comme ça, ça peut faire peur. Mais quand on voit l’état actuel de certains bâtiments – je pense notamment aux ateliers qui datent parfois des années 70 –, on se dit que ça vaut le coup de serrer les dents quelques mois.
Les inquiétudes bien légitimes des enseignants
Évidemment, tout n’est pas rose. Une partie de l’équipe pédagogique regarde ce projet avec une certaine méfiance. Et on peut les comprendre.
Passer d’un petit lycée pro où tout le monde se connaît à un établissement de 1 000 élèves avec des filières générales, ça change profondément l’ambiance et le fonctionnement. Certains craignent une perte d’identité, une dilution de la culture pro qui faisait la force de l’établissement.
Il y a aussi la question des effectifs enseignants. Avec l’arrivée des filières générales, il faudra recruter des professeurs d’histoire-géo, de philo, de maths pour les terminales S… Est-ce que tout sera prêt à temps ? Est-ce que les postes seront pourvus ? Ce sont des interrogations légitimes.
« On a peur que la voie professionnelle soit reléguée au second plan une fois que les filières générales seront là. On veut bien évoluer, mais pas au prix de notre identité. »
Un sentiment partagé par plusieurs enseignants
La concertation : huit réunions pour aboutir
Ce qui est intéressant dans ce projet, c’est qu’il n’est pas tombé du ciel. Huit réunions de quartier ont été organisées pour présenter le projet, écouter les remarques, ajuster certains points. La maire de Morsang-sur-Orge parle d’ailleurs d’un mélange d’inquiétudes et de beaucoup d’espoir. C’est assez rare pour être souligné : une concertation qui a vraiment eu lieu, même si tout le monde n’est pas forcément convaincu à 100 %.
Preuve que quand on prend le temps d’expliquer et d’écouter, même un projet aussi ambitieux peut avancer sans trop de casse.
Et les autres lycées du secteur ?
On ne peut pas parler de ce projet sans se poser la question de l’impact sur les établissements voisins. Avec 600 places supplémentaires créées, est-ce que certains lycées vont perdre des élèves ? Est-ce que la carte scolaire va être modifiée ?
Pour l’instant, la région assure que non : il s’agit surtout de répondre à une croissance démographique réelle. Mais on sait comment ça se passe parfois… À suivre donc.
Ce que ce projet dit de nos priorités
Au-delà du cas particulier de Morsang-sur-Orge, ce chantier pose une question plus large : est-ce qu’on investit enfin vraiment dans l’éducation ? 44 millions d’euros pour un seul lycée, c’est énorme. Et en même temps, quand on voit l’état de certains établissements en France, on se dit que c’est le minimum.
Ce qui me frappe, c’est que ce genre de projet montre qu’il est possible de faire bouger les choses quand on met les moyens. Et si c’était le début d’une vraie vague de rénovation des lycées franciliens ? Parce que des établissements dans le même état, il y en a des dizaines, voire des centaines.
En attendant, à Morsang, le compte à rebours est lancé. D’ici 2028, un petit lycée professionnel aura laissé place à un grand lycée polyvalent tout neuf. Et qui sait, peut-être que ce sera le premier d’une longue série.
Parce qu’au fond, investir dans un lycée, c’est investir dans l’avenir. Et ça, ça fait du bien de le voir se concrétiser quelque part.
(Article mis à jour le 5 décembre 2025 – environ 3150 mots)
