Imaginez : on est à deux jours de Noël, les salariés d’une usine emblématique viennent de recevoir leurs lettres de licenciement, et soudain, un entrepreneur français débarque avec une proposition qui pourrait tout changer. C’est exactement ce qui s’est passé cette semaine pour l’usine Brandt de Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans. Une annonce qui a surpris tout le monde, y compris le gouvernement.
Un projet de reprise surprise en pleine liquidation
Brandt, cette marque qui évoque pour beaucoup d’entre nous le four de grand-mère ou le lave-linge fiable, a été placée en liquidation judiciaire il y a à peine deux semaines. Près de 700 emplois menacés dans l’hexagone, dont plus de 350 sur le site principal du Loiret. Le choc a été rude pour les équipes, et pour les élus locaux qui se battent depuis des mois pour éviter le pire.
Et puis, patatras… ou plutôt, surprise ! Un industriel français, à la tête d’une société spécialisée dans l’informatique et l’électronique, annonce vouloir reprendre le site. Pas tout le groupe, non, mais au moins l’usine d’Orléans. Et il promet de sauver 150 emplois dès le départ. J’avoue, quand j’ai lu ça, je me suis dit : c’est peut-être le miracle de Noël dont on avait besoin.
Les détails du projet : ambitions et réalités
Le patron de cette entreprise veut aller vite. Très vite même. Il parle d’un investissement de 25 millions d’euros pour racheter le savoir-faire, les stocks et relancer une production hybride : une partie d’électroménager historique, et une autre dédiée à l’assemblage de produits électroniques. L’idée est de créer une synergie entre les deux marques, pour mutualiser les compétences et les marchés.
Dans un premier temps, 150 salariés seraient repris. Pas assez pour tout le monde, bien sûr, mais c’est déjà 150 familles qui respirent un peu. Et le dirigeant l’assure : si les résultats suivent, il pourrait embaucher progressivement, jusqu’à 250 personnes en cinq ans. C’est ambitieux, presque audacieux. Mais est-ce réaliste ?
« Mon plan, c’est de concentrer l’innovation et de rassembler plusieurs corps industriels en un seul endroit, une seule usine. »
Le dirigeant de l’entreprise candidate
Cette phrase m’a marqué. Elle montre une vraie vision industrielle, loin des plans de démantèlement classiques. Mais entre la parole et les faits, il y a souvent un fossé.
Les réactions mitigées des acteurs
Du côté des élus locaux, c’est plutôt l’enthousiasme. Le maire d’Orléans n’a pas caché sa satisfaction : pour lui, c’est un projet crédible et ambitieux. Il voit là une chance de redorer le blason industriel de la région.
- Le soutien de la métropole est clair
- Les élus poussent pour une décision rapide
- La crainte de perdre définitivement la marque est réelle
Mais du côté des syndicats, c’est une autre histoire. La CGT, par exemple, n’est pas du tout convaincue. Pour eux, 150 emplois sur 700, c’est loin du compte. Ils parlent d’une offre qui ne répond pas aux attentes des salariés et qui laisse trop de familles sur le carreau.
« On est loin du compte. »
Un représentant syndical
Et puis il y a l’État. Le gouvernement accueille l’offre avec réserve. « Toute piste mérite d’être étudiée, mais rien n’est acquis », dit-on du côté de Bercy. Un appel d’offres formel sera lancé en janvier, et l’offre sera examinée parmi d’autres. C’est prudent, presque méfiant.
Pourquoi cette annonce suscite-t-elle des interrogations ?
Le timing, déjà. Annoncer une offre avant même le lancement officiel de l’appel d’offres, ça peut agacer. Certains y voient une manœuvre pour prendre de vitesse les concurrents potentiels. Et puis, la société candidate est surtout connue pour les ordinateurs et l’électronique, pas pour l’électroménager. Peut-elle vraiment relancer une production aussi spécifique ?
J’ai l’impression que tout le monde marche sur des œufs. D’un côté, l’envie de sauver ce qui peut l’être ; de l’autre, la peur de s’engager sur un projet bancal. L’histoire industrielle française est remplie de reprises qui ont mal tourné, et personne ne veut revivre ça.
| Aspect | Points positifs | Points d’interrogation |
| Emplois | 150 préservés immédiatement | Seulement 20% du total |
| Investissement | 25 millions d’euros annoncés | Viabilité à long terme ? |
| Production | Hybride électroménager/électronique | Compétences suffisantes ? |
| Timing | Annonce rapide | Avant appel d’offres officiel |
Ce tableau résume bien les deux faces de la médaille. L’espoir est là, mais les doutes aussi.
Le contexte : une industrie en crise depuis des années
Pour comprendre l’enjeu, il faut remonter un peu. Brandt n’est pas la première marque française à vaciller. Le secteur du gros électroménager est en crise depuis longtemps : concurrence asiatique écrasante, hausse des coûts, crise immobilière qui freine les achats de gros appareils. Ajoutez à ça des changements de propriétaires successifs, et vous obtenez une entreprise fragilisée.
Le dernier fabricant français de gros électroménager… c’est presque une relique. Sauver Brandt, c’est aussi préserver un savoir-faire unique. Mais est-ce encore possible en 2025 ?
J’ai toujours été fasciné par ces histoires d’entreprises qui refusent de mourir. Il y a quelque chose de profondément français là-dedans : cette obstination à vouloir garder des usines, des emplois, une identité industrielle. Même quand tout semble perdu.
Quelles perspectives pour les salariés et les clients ?
Pour les salariés, c’est l’attente insoutenable. Entre la peur du chômage et l’espoir d’une reprise, le moral doit être en dents de scie. Pour les clients, c’est aussi compliqué : qui va assurer le SAV ? Les pièces détachées ?
- Attendre la décision du tribunal et du liquidateur
- Participer à l’appel d’offres de janvier
- Évaluer la solidité financière du projet
- Protéger au maximum les emplois et le savoir-faire
Ces étapes sont cruciales. Et le temps presse : plus on attend, plus les clients se tournent vers d’autres marques.
Une leçon sur la réindustrialisation française
Ce dossier Brandt pose une question plus large : comment relocaliser, ou du moins préserver, notre industrie ? L’État est mobilisé, les élus locaux aussi. Mais les banques, les investisseurs… où sont-ils ?
Personnellement, je trouve encourageant qu’un entrepreneur français se lance. Ça montre que le « made in France » n’est pas qu’un slogan. Mais il faudra plus que de la bonne volonté pour réussir.
En attendant, les regards sont tournés vers Nanterre, où le tribunal rendra bientôt son verdict. Et vers Orléans, où des salariés espèrent reprendre le chemin de l’usine au plus vite.
Ce qui est sûr, c’est que l’histoire n’est pas finie. Et ça, en ces temps où on annonce trop souvent des fermetures, c’est déjà une petite victoire.
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